[Film] Guns Akimbo, de Jason Lei Howden (2020)


Un concepteur de jeux vidéo se réveille d’une violente agression avec un pistolet greffé au bout de chaque main. Gladiateur des temps modernes malgré lui, il sera contraint de livrer une lutte sans merci pour récupérer son amie, kidnappée, pour le plus grand divertissement d’une communauté d’internautes avides de violence.


Avis de Cherycok :
En 2018 apparaissait sur la toile une photo de Daniel Radcliffe (Harry Potter, Swiss Army Man) en slip / peignoir / chaussons en forme de pattes de tigre / un flingue dans chaque main / les yeux exorbités façon camé de seconde zone. Une photo qui a immédiatement fait le tour du monde, devenant un même détourné de toutes les façons possibles et inimaginables. Radcliffe était en fait en train de tourner Guns Akimbo, le nouveau film de Jason Lei Howden, réalisateur du très fun Deathgasm. Un film qui, une fois de plus, nous démontre que le jeune homme essaie par tous les moyens de se virer cette étiquette Harry Potter, la célèbre saga n’ayant pas laissé que des bons souvenirs à l’acteur (il est tombé dans l’alcoolisme à cause de la pression du succès de la saga – il en est désormais sorti). Après visionnage de Guns Akimbo, il est compliqué de dire que c’est un bon film. Tout y est tellement foutraque, voire complètement à côté de la plaque, qu’il fera grincer des dents bon nombre de gens. Mais pour d’autres, il sera un excellent moment tant il mise sur le fun, le fun, et encore le fun.

L’idée de départ n’est pas réellement nouvelle. Une compétition où des gens armés doivent se mettre sur la gueule afin qu’il n’en reste qu’un, le tout diffusé dans le monde entier (légalement ou pas), ça s’est déjà vu plusieurs fois (The Tournament ou Ultimate Game en 2009, ou même la saga Death Race). Et dans Guns Akimbo, rien de nouveau sous le soleil en termes de scénario qui est on ne peut plus famélique pour un film qui n’a au final pas grand-chose à raconter. Dans l’absolu, ce n’est pas grave en soi si le film se montre efficace, là aussi c’est à double tranchant. Tout d’abord, l’esthétique du film va immédiatement diviser. La photographie va taper dans le fluo, les couleurs criardes, les en veux-tu en voilà, et Jason Lei Howden va enchainer effet de style avec effet de style. Le réalisateur va abuser de l’imagerie et des sons des jeux video, façon Scott Pilgrim afin de nous rappeler constamment que le héros est un geek. La caméra va bouger dans tous les sens, parfois même n’importe comment, et on a cette impression d’être en plein bad trip au même titre que le personnage principal. C’est complètement hystérique, ça tire sans arrêt, ça pète de partout, ça gueule, ça balance des fions à n’en plus finir. Certains se sentiront irrités, agressés même, devant ce trop-plein de fureur que le film nous balance à la tête. En termes de crédibilité, là aussi on frôle parfois le nawak. Bien entendu, on est dans un divertissement badass et bas du front, mais lorsqu’on nous parle des plus gros psychopathes et as de la gâchette, et que pas un n’est capable de toucher sa cible, on a tendance à se moquer légèrement. Le film lui-même semble être d’ailleurs une grosse moquerie de l’ultra. Sous couvert de la grosse bouffonnade qu’il nous balance non-stop au visage, il s’amuse des clichés liés à l’omniprésence du 2.0, des réseaux sociaux, des médias, de la violence qui se généralise. Jason Lei Howden est un geek qui tente de faire un film pour le geek en se jouant de son univers geek et ses dérives, sauf qu’il se vautre lui-même dans les clichés qu’il moque, et ça, pas sûr que ça soit volontaire.

Sauf que Guns Akimbo, dans sa beaufitude à toute épreuve, dans son overdose d’effets visuels, dans son parfois grand n’importe quoi assumé, dans ce qu’il propose du début à la fin, va s’avérer terriblement généreux, très fun, et au final très divertissant. Ce genre de divertissement complètement con et bourrin qui ne ment pas sur la marchandise. On a ce que la bande annonce nous promettait, ce qu’on est venu chercher car ça va à fond dans son concept. Jamais Guns Akimbo ne se fait flemmard dans ce qu’il propose, jamais son rythme ne faiblit, et pour peu qu’on ne tombe pas raide des suites d’une crise d’épilepsie, on s’amuse comme un fou devant ce what the fuck qu’on nous vomit à la gueule. Imaginez un croisement entre Scott Pilgrim (2010) et Hyper Tension (2006). Imaginez un John Wick (2014) qui serait sorti de sa léthargie et aurait pris des acides. Daniel Radcliffe est complètement à fond dans son rôle et semble s’amuser comme un petit fou. Même chose pour la toujours excellente Samara Weaving (Wedding Nightmare, The Babysitter), même si en deçà de ses prestations habituelles, en mode psychopathe badass qui canarde à tout va. Nous ne sommes pas ici dans l’action mais dans l’hyper action, dans l’hyper violence, avec des excès de gore à peu près toutes les minutes, avec des références de partout à la pop culture (Doom, Street of Rage, Mortal Kombat, Tortues Ninjas, Gremlins, Walking Dead, …). Guns Akimbo a un côté extrêmement jouissif avec ses séquences bien énervées, ses gunfights survoltés, son perso féminin ultra badass et son héros au look improbable durant une bonne partie du film. En fait, Guns Akimbo est en fait un gros plaisir coupable. On sait que, foncièrement, ce n’est pas très bon, c’est bancal de partout, mais pourtant on prend beaucoup de plaisir dessus.

LES PLUS LES MOINS
♥ Rythme qui ne faiblit pas
♥ Le duo Radcliffe / Weaving
♥ Généreux et bourrin
⊗ Peut rebuter visuellement
⊗ N’apporte rien au genre
⊗ Peut fatiguer malgré sa courte durée
On aurait pu espérait beaucoup mieux de Guns Akimbo. A trop vouloir en faire, le film a les défauts de ses qualités. Pourtant, on ne peut s’empêcher de s’amuser comme des petits fous devant cette avalanche d’action frénétique over the top.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film qui est diffusé sur la télé de Miles quand Nix arrive dans son appartement est Chasse à l’Homme avec Jean-Claude Van Damme dans lequel des gens sont « chassés » pour le sport.
• Dans une scène, on peut voir sur une table basse des versions du jeu Doom. Plusieurs scènes sont inspirées par le genre FPS que Doom a popularisé dans le jeu vidéo (même si d’autres jeux du genre sont sortis avant, comme Wolfenstein 3D).
• Milo Cawthorne, qui joue le collègue de travail sympathique du héros, incarne le personnage principal de Deathgasm, le premier long métrage de Jason Lei Howden.


Titre : Guns Akimbo
Année : 2020
Durée : 1h38
Origine : Nouvelle Zélande / UK / Allemagne
Genre : Beaucoup de fun, mais à quel prix ?
Réalisateur : Jason Lei Howden
Scénario : Jason Lei Howden

Acteurs : Daniel Radcliffe, Samara Weaving, Rhys Darby, Ned Dennehy, Natasha Liu Bordizzo, Mark Rowley, Grant Bowler, Hanako Footman, Mattias Inwood

 Guns Akimbo (2019) on IMDb


0 0 votes
Article Rating

Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
S’abonner
Notifier de
guest

12 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments