[Film] Guerrier D’Élite, de Kurt Wimmer et Kurt Anderson (1996)

Quand la femme et la famille d’un homme se font assassiner, ce dernier décide de se venger mais découvre que le tueur en question est sous protection fédérale. Il devra alors se faire sa propre justice.


Avis de John Roch :
Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Avec Stone Cold, Brian Bosworth avait toutes les cartes en mains pour voir Hollywood lui ouvrir les portes, à part peut-être un léger détail : il a tout prouvé, sauf qu’il savait jouer. Ceci dit, il n’y avait personne pour donner un rôle à The Boz, même pas dans la plus basse des séries Z ou les acteurs de seconde zone ou les non-acteurs trouvaient refuge ? Cinq ans d’absence c’est beaucoup mine de rien, c’est qu’on finirait par s’inquiéter. En réalité, il était occupé The Boz, à faire un procès à son ancien entraîneur pour laver son honneur. Il a gagné, un petit paquet même, et après avoir (juridiquement) botté des culs en vrai, il était temps qu’il revienne en faire de même devant la caméra. Et pas qu’un peu, car en cette année 1996, ce n’est pas un, ni deux, mais trois films mettant en vedette Brian Bosworth qui seront lâchés sur les étagères des vidéo clubs. Lequel est arrivé ou a été tourné en premier, j’ignore de le savoir. En revanche, One Tough Bastard est celui qui est responsable de mon regain d’intérêt aussi soudain qu’invraisemblable pour The Boz. Ensuite, le film également connu sous le nom One man’s Army me semble être le plus intéressant du lot pour comprendre la carrière de l’ex-footballer et icône de mode alternative. Car au final, qu’est-ce qu’il manquait réellement à Brian Bosworth pour arriver à se démarquer et montrer qu’il n’avait rien à envier aux plus grands ? Celui qui a dit « des cours d’acting » a tout bon mais non, je parle de la deuxième chose indispensable à sa crédibilité : un personnage avec de la substance. Un rôle aux antipodes de celui que The Boz a incarné dans Stone Cold. Un rôle sensible, humain et poignant. Ce rôle, celui de sa vie et de toutes les opportunités, c’est dans, de son titre Français, Guerrier D’Élite qu’il le trouve.

Après le flic suspendu qui infiltre le milieu des bikers, Ici The Boz est sergent instructeur. Ouais, encore un rôle badass pour Brian Bosworth, prétexte à justifier comment ce supposé nouveau action hero peut déboîter autant de mâchoires sans que la sienne ne perde son invincibilité, mais attendez ! Je vous ai dit que c’était un rôle sensible, humain et poignant. Le scénario fait donc de The Boz un sergent instructeur mais en plein divorce, avec une petite fille qu’il aime comme tout. Mais v’là-t-il pas ce qu’il se passe, les deux femmes de sa vie se retrouvent au mauvais endroit, forcement au mauvais moment, et trouvent la mort que même un ultime geste héroïque (comprendre : tuer tout le monde) de The Boz ne parvient pas à éviter. A sa sortie du coma, et on le comprend, il est vénère The Boz, et face à un agent du FBI qui ne peut rien faire pour lui, il s’en va chercher tout seul celui qui a osé lui détruire sa vie, sans se douter que toute cette histoire en cache une autre plus ample… aussi bien pour le personnage que pour le spectateur. Parce que de faire de Brian Bosworth un homme en colère qui va dessouder qui est responsable de près ou de loin de son chagrin ça ne suffisait pas, il fallait également d’une manière ou d’une autre le mettre au centre d’un discours social. Mais avant ça, revenons sur The Boz qui a fait de gros progrès. Déjà au niveau du style : adieu les coupes de cheveux et les styles vestimentaires improbables. C’est ici à un Boz tout sobre que nous faisons face. Dommage, on se marre moins (ce qui ne veut pas dire que l’on ne se marre pas, j’y reviendrai) mais ce style nouveau va avec ses progrès en terme de jeu. Enfin, il y a des progrès dans le sens ou pas de problème, The Boz montre des facultés à être crédible en tant que bidasse badass, mais pour les scènes dramatiques rien à faire, ça ne veut pas. De ce côté, avec son air de dernier des beubeus, The Boz se ridiculise en moins de quatre minutes montre en main en père de famille. Ce qui n’aurai pas été dommageable si Guerrier D’Élite s’en était tenu à ce seul argument dramatique assez vite éludé de l’intrigue mais non, il fallait aller plus loin. C’est là toucher au point sensible de Guerrier D’Élite : son scénario qui veut trop en faire.

Cette histoire de Boz qui cherche à venger sa famille, ce n’était pas assez. La suite de l’intrigue le parachute en plein Compton, The Boz in da’ hood donc. Ce qui n’est pas si surprenant puisqu’il y avait cette petite mode du film sur le ghetto qui s’était installé suite au succès des Boy’z In the Hood et autres Menace 2 Society, pour ne citer que les plus grands représentants. The Boz va donc par la force des choses faire dans le social et gérer un gamin du ghetto mais pas trop (sa mère est flic, mais vu le nombre et la pertinence de ses apparitions, disons qu’il est orphelin) qui se lance dans le trafic de drogue pour venger son camarade de classe (!) pour le compte de celui qui a tué la famille à The Boz. Le même qui trempe dans des affaires louches pour l’agent du FBI susmentionné, qui est en fait un méchant qui se sert de son boulot comme couverture pour tremper dans des affaires encore plus louches, armes expérimentales de l’armée incluses, ce qui déclenche un genre de guerre des gangs contre celui qui a avancé la dope au sous fifre qui se sert du gamin pour l’écouler dans les rues. A l’écrit, ça semble aussi simple que compliqué, c’est exactement le cas à l’écran. Il n’y a rien de complexe, mais c’est un bordel incroyable pour ce que ça raconte. Entre plusieurs sous intrigues qui se bouffent la première place, personnages qui apparaissent et disparaissent au bon vouloir d’un scénario qui n’arrive pas à lier les choses qu’il met en place et histoire qui peut sans problème se passer de son protagoniste tant elle part dans toutes les directions, le script de Guerrier D’Élite en devient si débile qu’il en est marrant sur la longueur.

Pour meubler tout ça, il y a quelques scènes d’action dans Guerrier D’Élite. The Boz casse des gueules et des bras, flingue et envoie des cascadeurs dans le décor, tout ça dans des moments qui, si ils manquent d’un peu de folie, sont emballés correctement. Du sympa mais sans éclat, tout le contraire d’un Bruce Payne complètement absorbé par son rôle de méchant bien allumé et plutôt cool. Et pourtant, c’était pas gagné car ce que The Boz a perdu en charisme propre à lui, Payne l’a récupéré au centuple avec sa crinière de félin très pub pour shampoing et son piercing au nez en contradiction avec son style vestimentaire. En apparence, il est impossible de prendre au sérieux ce personnage qui se révèle au final bien écrit, aussi cinglé que drôle et dont la prestation de son interprète, qui vole la vedette à tout un casting par ailleurs pas dégueulasse, donne une forme de crédibilité alors que le ridicule n’est jamais loin. Et rien que pour ça, Guerrier D’Élite mérite un coup d’œil. C’est con pour The Boz. Le film était censé le mettre en valeur, ce n’est au final pas lui que l’on retient. La prochaine fois peut être.

LES PLUS LES MOINS
♥ The Boz, du progrès dans le style, du progrès dans le jeu…
♥ Bruce Payne: le charisme du lion, pour un rôle d’exception
♥ Un scénario marrant sur la longueur…
♥ Des scènes d’action sympa
♥ Le casting est sympa aussi
⊗ … mais qui a encore des efforts à faire
⊗ … mais qui part dans tous les sens et est trop bordélique pour ce que ça raconte

Nouveau véhicule à la gloire de Brian Bosworth, Guerrier D’Élite est un petit film d’action tout juste sympa qui bénéficie tout de même d’un atout de taille avec un méchant mémorable que l’on retiendra plus que le reste, la star que le métrage est censé mettre en valeur en tête.



Titre : Guerrier D’Élite / One man’s justice / One tough bastard
Année : 1996
Durée : 1h40
Origine : USA
Genre : Boz n the Hood
Réalisateur : Kurt Wimmer et Kurt Anderson
Scénario : Steven Selling

Acteurs : Brian Bosworth, Bruce Payne, Jeff Kober, DeJuan Guy, M.C. Hammer, Neal McDonough, Robert Kotecki, Robert LaSardo, Leo Lee

One Man's Justice (1996) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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