[Film] Cœur D’Acier, de Ernest Farino (1990)

Violée et torturée, la paniste Gaily Morton se suicide après que ses tortionnaires aient été acquittés. Cinq ans plus tard, son frère, Albert, généticien de génie, a ranimé Gaily, alors transformée en cyborg surpuissant. Programmée pour éliminer ses assassins, elle se met en chasse…


Avis de John Roch :
Cœur D’Acier, en voila un titre aussi moisi que passe partout. Ça aurait pu être tout Cœur D’Acier, aussi bien un téléfilm de noël qu’une comédie romantique ou un drame larmoyant dans lequel tata Gilberte aurait une leucémie et apprend à vivre sa vie perdue avec sa famille qu’elle a toujours détesté avant d’y passer. Mais non, Cœur D’Acier, c’est un énième film de cyborg rip off de Terminator et de Robocop, sous genre populaire depuis la sortie du film de James Cameron, et encore plus à ce moment puisque Robocop 2 était de sortie et que Cameron allait lâcher la bombe atomique T2 l’année suivante. Sur le marché de la vidéo, il y a du pognon à se faire pour un investissement de départ moindre, d’autant plus que c’est produit par David DeCoteau qui n’a pas du mettre plus de ronds ou de temps de tournage que ceux alloués à ses métrages. A la barre un débutant puisqu’il s’agit de la première (et presque seule) réalisation de Ernest Farino qui après avoir fait ses armes chez Roger Corman, a surtout bossé rayon effets spéciaux et designs de titres de films. Budget restreint, feuilles de modèles prêtes à être décalquées, jaquette hideuse tagline pourrave incluse, réalisateur qui a tout fait auparavant sauf réaliser, mais c’est que ça sent pas super bon Cœur D’Acier dis donc. Mais ne lui jetons pas la pierre à ce petit film. Qui sait sur un malentendu on est pas à l’abri d’une surprise, comme le pitch de base qui tente de se démarquer de la concurrence des films avec des cyborgs dedans en mélangeant le tout avec le rape and revenge. Car ici, l’être cybernétique est une femme d’acier et de dentelle comme l’indique le titre original : Steel And Lace.

Enfin, rape and revenge c’est vite dit. Le métrage en a bien la structure, mais élude complètement le sous-genre qui ne sert qu’à mettre en route le moteur de l’intrigue. A savoir la perte du procès de Gaily face à cinq hommes qui l’ont violée. Verdict : la dame se jette du toit du tribunal sous les yeux de son frère. Vous le vouliez votre rape and revenge ? Vous l’avez eu, en neuf minutes montre en main, et ça finit mal pour la victime en plus. Cœur D’Acier ne fait que d’effleurer le genre et omet ce qui en fait en général son sel : l’inévitable scène de viol plus ou moins complaisante et malsaine et la mise en avant du calvaire de la victime censé cautionner du point de vue du spectateur sa vengeance, ou non si vous n’êtes pas du genre loi du talion. Sauf qu’ici il n’y a rien de tout ça et le métrage part dans une autre direction. Parce que le frangin, il veut venger sa sœur. Aller acheter un calibre et partir fumer les enflures responsables de tout ça aurait été une option, encore plus si le métrage avait été tourné dans la mouvance des films de vigilante initiée suite au succès d’Un Justicier Dans La Ville. Mais d’une part il arrive un peu tard pour surfer sur cette vague, et d’autre part on est en 1990 et c’est du cyborg qu’il faut sur les étagères des vidéo-clubs. Petit tour de passe passe scénaristique, et voila que le frangin s’avère être un brillant scientifique. C’est tellement un génie qu’il construit un androïde dont l’apparence externe est calée sur celle de Gaily, qui va pouvoir se venger, pour le compte de son frère qui veut venger sa sœur, sans que sa sœur n’en ait forcement envie parce que se foutre en l’air, c’est pas la première étape à laquelle on pense pour se venger plus tard. Mais soit, les enjeux sont posés, trop rapidement certes mais posés, le pitch de base est plutôt con et donc peut être bon mais malheureusement, le reste du scénario ne l’est pas autant. Enfin si, mais pas dans le bon sens du terme.

Entre deux scènes ou notre terminatrice d’acier et de dentelle zigouille du mâle, il faut bien meubler et c’est là que ça se gatte. Entre une enquête policière moisie et superflue (menée par Le Loup-garou de Londres lui même : David Naughton), une autre enquête, journalistique celle là, tout aussi inutile (mais menée par une mimi Stacy Haiduk, que les fans des Feux De l’Amour et des Jours Et Des Vies doivent bien connaître, l’actrice ayant tourné dans quelques 300 épisodes des deux soaps. Et vous pouvez même la voir toute nue dans Luther The Geek) qui débouche sur une histoire d’amour dont on se contrefout, Cœur D’Acier occupe ses 1h33 comme il peut avec des méchants si méchants que leurs scènes se résument à des dialogues dans un bureau (scènes très certainement tournées en une après midi grand max) à débattre qui sera le prochain sans que l’un ou l’autre ne bouge le petit doigt, et le cyborg qui s’interroge sur sa condition et sa vie passée. Un peu comme dans Robocop (avec qui le cyborg du film dont il est question ici partage la même vision quadrillée et la constitution de la tête), mais ici expédié en une phrase et demi. Cœur D’Acier est non seulement un film mal écrit, mais qui excelle aussi dans l’art de raconter du vide. De plus, c’est mis en scène avec le panache d’un épisode D’ Un Cas Pour Deux, autant dire que niveau mollesse, on a ici un modèle. Reste notre cyborg d’acier et de dentelle dans ses actes, et c’est bien le seul intérêt de Cœur D’Acier. Furtivement gores, les morts sont sympas et variées avec corps transpercés, strangulation qui finit en décapitation ou encore une castration mortelle, de quoi faire oublier certaines Habiletés du cyborg laissé sur le bas coté de la route sans aucune raison. Pas de quoi en revanche faire décoller Cœur D’Acier dans l’univers des petits films fréquentables, c’est même tout le contraire parce qu’à part une poignée de meurtres, le reste ne tient pas du calvaire, mais on est pas loin.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des morts sympas
♥ Stacy Haiduk, elle est mimi
⊗ C’est mal écrit
⊗ A vue de nez, 90% du script n’a aucun intérêt
⊗ C’est mou
⊗ C’est long
⊗ La mise en scène digne d’une série policière Allemande

Énième film de cyborg qui tente de grappiller quelques dollars en surfant sur le succès des Terminator et autres Robocop, Cœur D’Acier est un Z qui ne vaut que pour une poignée de meurtres sympas. A vous de voir si vous voulez subir le reste.



Titre : Cœur d’acier / Steel and lace
Année : 1990
Durée : 1h33
Origine : USA
Genre : Robolace
Réalisateur : Ernest Farino
Scénario : Joseph Dougherty et Dave Edison

Acteurs : Clare Wren, Bruce Davison, Stacy Haiduk, David Naughton, Michael Cerveris, Scott Burkholder, Paul Lieber, Brian Backer
Steel and Lace (1990) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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