[Film] Caught in Time, de Lau Ho-Leung (2020)


Un détective acharné et son équipe traque au début des années 90, à travers toute la Chine, un gang de braqueurs ultra violents.


Avis de Nasserjones :
Caught in Time est un film chinois, avec un casting quasi exclusivement chinois, à l’exception du sino américain Daniel Wu et de l’hongkongaise Michelle Wai et réalisé par un jeune réalisateur hongkongais. Après s’être fait un nom en tant que scénariste dès le début des années 2000, avec notamment quelques succès à son actif comme 14 Blades ou Kung Fu Jungle, il signe en 2015, à Hong Kong une première comédie, Two Thumps Up, avant qu’on ne lui confie donc les rennes de ce polar chinois au budget plus conséquent. On ne peut pas dire que Lau Ho-Leung nous vend du rêve avec son synopsis rabâché des milliers de fois à travers le monde entier. Le jeune réalisateur ne cherche pas à faire preuve de la moindre originalité. Son intention ici est tout autre.

Caught in time est un film hommage aux polars HK des années 80/90, une tentative de revival ultra référencée qui site avec allégresse les heures de gloire de Ringo Lam et Kirk Wong. Dès les premiers instants, on peut s’amuser à compter les références. Un gang de braqueurs sort d’une banque, ils ont tous des têtes de paysans bouseux, on croirait revoir l’équipe de Long Arm of the Law. Leur chef, Daniel Wu a les cheveux longs et est un sacré psychopathe, on croirait Anthony Wong dans son époque cat 3. Face à eux, une équipe mixte de flics super soudée autour de leur chef et là on pense à Expect the Unexpected ou encore à l’équipe de Danny Lee dans OCTB. Et puis il y a même des hommages directs dans le film comme une scène où le flic regarde The killer de John Woo en essayant de se mettre à la place du braqueur. D’ailleurs, le personnage du flic interprété par l’acteur chinois Wang Qian-Yuan est un des points noirs du film. Si Daniel Wu s’en sort plutôt bien en Anthony Wong de service, Wang lui manque cruellement de charisme et n’est pas très convaincant en Danny Lee mandarin. Et puis vient les inévitables gunfights à coup d’armes automatiques au milieu de la rue, élément incontournable du film de braquage et là le constat est simple, c’est bien troussé, parfois sanglant, mais on ne retrouve pas la folie, l’énergie du cinéma HK 80/90. Le film échoue donc en partie dans sa tentative d’hommage. Un peu comme le The Town de Ben Aflleck qui s’avère très sympa mais tellement loin de son illustre modèle Heat.

Toutefois, le film n’est pas raté, loin de là. Premier constat, on ne s’ennuie jamais. L’enquête bien qu’avançant un peu en mode téléguidée, est rythmée, pleine de rebondissement. On passe d’un braquage à un autre, sans grand temps mort, les victimes s’accumulent et on se dirige vers l’affrontement final sans se poser trop de questions. Et puis la réalisation est bonne, le réalisateur se fait plaisir avec plans séquences, flashbacks, incrustation de vrais images télé de l’époque de braquages ayant vraiment eu lieu dans les années 90. Le travail de reconstitution est pas mal avec voitures, armes et habits de l’époque, la photographie est bonne aussi. Et surtout, la chose qui m’a le plus impressionné dans ce film, c’est que Lau Ho-Leung arrive parfaitement à transposer l’univers du polar HK dans les villes de Chine Continentale. C’est la première que je vois un polar made in China aussi lumineux et coloré. D’habitude les polars chinois sont toujours un peu ternes, froids. L’exemple parfait étant le Drug war de Johnnie To qui semble gris du début à la fin. Ici c’est lumineux. Le réalisateur a même réussi à trouver une citée HLM identique à celles de Hong Kong pour filmer une des scènes, choix absolument pas anodin, on voit que l’objectif était vraiment de recréer HK en Chine. Et puis il faut avouer que finalement son petit côté nostalgique fonctionne plutôt bien. Au bout du compte, je me suis complètement laissé porter par l’aventure.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un côté nostalgique sympa
♥ Une transposition de l’univers HK en Chine réussie
♥ Une réalisation dynamique et efficace
⊗ Manque d’originalité
⊗ Wang Qian-Yuan est nul comme acteur
Note :
En conclusion, Caught in Time s’avère être une tentative de revival des polars HK des années 80/90 plutôt réussie et dont le parfum nostalgique finit par emporter avec lui les nostalgiques comme moi. La nostalgie finalement, ce n’est pas un crime et ça n’a jamais tué personne.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film a été un gros succès au box-office chinois où il est resté premier pendant deux semaines et a cumulé plus de 80 000 000 de dollars américains de recette. Un deuxième volet avec le même casting est déjà en chantier.


Titre : Caught in Time / 除暴
Année : 2020
Durée : 1h34
Origine : Chine / Hong Kong
Genre : Polar / Film de braquage
Réalisateur : Lau Ho-Leung
Scénario : Lau Ho-Leung

Acteurs : Daniel Wu, Wang Qian-Yuan, Jessie Li, Michelle Wai, Da Li, Yu Xiao, Hu Zi-cheng, Li Xiao-Cheng, Hung Jun-Jia, Rock Ji Huan-Bo, Dante Pang Da You-Wei

 Chu bao (2020) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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