[Film] Casino Royale, de Martin Campbell (2006)


Après avoir commis un incident diplomatique, James Bond est envoyé en vacances. Il se trouve alors sur la piste du Chiffre, le banquier du terrorisme international.


Avis de Rick :
Meurs un Autre Jour avait mit la saga James Bond dans une situation délicate. C’était mauvais, les critiques le descendent, le public n’est pas très tendre avec le film. Pour un opus pour les 40 ans de la saga, ça fait mal quand même. Comme après Dangereusement Vôtre en 1985, il faut repartir d’un bon pied. Et suite au déblocage enfin du souci de droits concernant le livre Casino Royale, la première aventure de James Bond, voilà que débarque en 2006 Casino Royale. Nouvel acteur pour le rôle titre, aventure se déroulant avant (préquelle, reboot ?) et qui n’avait été jusque là qu’adaptée de manière non officielle et discutable, retour de Martin Campbell à la mise en scène qui avait déjà relancé la saga 11 ans plus tôt avec Goldeneye. Mais cette fois-ci, les producteurs semblent bien conscients de ce qui ne marchait pas dans Meurs un Autre Jour, et partent donc dans une direction plus réaliste, plus froide, plus violente. Pas de gadgets, pas de blagues et punchlines, non, juste un James Bond qui vient tout juste d’obtenir son permis de tuer et qui se lance dans sa première mission. L’opus qui va donc enfin revenir aux origines du mythe et nous faire comprendre pourquoi James Bond est ce qu’il est dans les 20 films précédents de la saga. Du Bond que l’on connaît, Martin Campbell ne garde pas grand-chose, si ce n’est la présence de Judi Dench dans le rôle de M, et tant mieux vu que son personnage devient de plus en plus développé depuis qu’elle tient le rôle. Le pari du film est donc de revenir à quelque chose de plus simple, plus humain, mais toujours aussi impressionnant sans pour autant partir dans ce que la saga avait déjà livré, à savoir cet agent secret invincible dans un spectacle pyrotechnique.

En fait, un peu à la manière de Goldeneye, ou des opus de Dalton avant lui, Casino Royale fait de bons choix. En premier lieu, celui de trouver un parfait équilibre entre exposition, développement et action. L’action est présente, impressionne même de nouveau maintenant qu’il ne s’agît plus de CGI et de débilités à base de surf sur des tsunamis et d’autres palais de glace, et est présente pour récompenser le spectateur plutôt que pour faire avancer l’intrigue. De ce fait, l’action est plus froide, plus violente, plus basée sur le physique que de la destruction pyrotechnique, mais également au final plus rare. Finit les scènes d’action qui débarquent toutes les 10 minutes comme dans les films précédents, Casino Royale ne nous offre véritablement que 4 scènes d’action, sur 2h24, soit l’opus le plus long de la saga lors de sa sortie. Et ces scènes valent le détour, avec notamment la poursuite du début, ou encore la longue poursuite de l’aéroport ou le combat dans les escaliers. Daniel Craig campe un James Bond fort convaincant, beaucoup plus proche apparemment du personnage littéraire, et du coup, plus proche également de la prestation de Dalton. Bond est un humain après tout, il devra faire face à des dilemmes, il peut souffrir, saigner, douter. Ça fait du bien de retrouver un personnage comme ça, surtout quand le scénario suit derrière, et que la mise en scène sait rythmer le tout. Car 4 scènes d’action pour 2h24, il faut forcément soigner le fond sinon le spectateur va s’ennuyer. Et ça marche, déjà grâce aux personnages secondaires extrêmement bien écrits, que ce soit Le Chiffre (Mads Mikkelsen) ou Vesper (Eva Green), jusqu’à des personnages secondaires moins présents, peu importe qu’ils soient nouveaux dans l’univers (Matthis, joué par Giancarlo Giannini) ou déjà connus via les anciens épisodes (Felix, à présent joué par Jeffrey Wright).

Puis la mise en scène de Martin Campbell vient ensuite dynamiser le tout. L’opposé de Meurs un Autre Jour, qui se sentait obligé d’avoir recours à un surplus d’action et à des effets de styles irritants pour intéresser son public. Casino Royale revient à la simplicité, le fait bien, et passionne, même lorsque l’on se retrouve tout simplement à suivre pendant de très longues minutes une partie de poker. La tension s’installe, est présente même si au final l’on se doute du dénouement, mais peu importe. Campbell soigne sa mise en scène, et le scénario ne fait jamais de détours inutiles. Du tout bon. Beaucoup de gens pensent qu’il s’agît d’ailleurs du meilleur opus de la saga avec Skyfall, et ne trouvent pas de défauts au métrage. Pour ma part, je ne serais pas aussi catégorique, car si le métrage m’a passionné pendant 2h, que j’ai aimé retourner à ce personnage plus humain, sans gadgets, sans humour, et que le développement nous permet bien de comprendre sur toute la durée comment ce personnage est devenu celui que l’on connaît bien, je n’arrive jamais à m’investir dans le dernier acte du film à Venise. Je comprend parfaitement son utilité, ne me frappez pas fans de ce film ! Mais il me donne l’impression d’être un acte de plus voulant encore continuer l’aventure, alors qu’il aurait à mes yeux permis de faire un excellent premier acte pour le film suivant (surtout vu sa qualité). Même si je ne trouve pas le film parfait, je suis réjouis de la direction que prend la saga avec cette nouvelle ère.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un film plus simple, plus froid, plus réaliste
♥ James Bond par Daniel Craig, plus humain
♥ L’action vraiment palpitante
♥ Le poker, prenant
♥ Un film bien construit
⊗ J’adhère moins à la dernière demi-heure
Changement de direction pour la saga, Casino Royale emmène James Bond sur un terrain plus réaliste, plus froid, plus mature aussi, sans pour autant devenir moins impressionnant.



Titre : Casino Royale
Année : 2006
Durée : 2h24
Origine : Angleterre
Genre : Action
Réalisateur : Martin Campbell
Scénario : Neal Purvis, Robert Wade et Paul Haggis

Acteurs : Daniel Craig, Eva Green, Mads Mikkelsen, Judi Dench, Jeffrey Wright, Giancarlo Giannini et Caterina Murno

 Casino Royale (2006) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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