[Film] Anthropophagous 2000, de Andreas Schnaas (1999)

Un groupe de touristes dont le véhicule vient de tomber en panne est contraint de passer la nuit dans une ville reculée de l’Italie. Parcourant le village à la recherche d’un peu d’aide, les vacanciers constatent que les ruelles sont désertes et que les habitations semblent avoir été abandonnées précipitamment. Le week-end de joyeuses retrouvailles va rapidement se transformer en un horrible cauchemar lorsqu’un tueur sanguinaire et cannibale va prendre pour cible le petit groupe, frappant dans leurs rangs avec une barbarie dépassant l’imaginable.


Avis de John Roch :
Il n’y a pas qu’Hollywood pour refaire encore et toujours les mêmes films, les remakes existent aussi à plus basse échelle. Lorsqu’il se met en tête de refaire Antropophagous, Andreas Schnaas a envie de bien faire, et de livrer un film plus professionnel que ses Violent Shit et nous offre Anthropophagous 2000, un remake maladroit et complètement con qui aurait gagné à échouer entre de meilleures mains. Non pas que le métrage de Joe D’Amato méritait un remake à 200 millions de Dollars par une équipe d’oscarisés, mais connaissant les précédents méfaits du réalisateur underground Allemand, une chose était sure : ça allait être gore, mais ce n’est pas ce qui faisait la force de l’original, et pour un réalisateur qui n’a jusque-là fait preuve d’aucun sens de la mise en scène lorsqu’il s’agit de filmer ses débordements ultra saignants, au contraire de son compatriote Olaf Ittenbach qui certes a lui aussi a bâti sa réputation sur des scènes ultra gore mais sans en oublier qu’il tourne aussi un film, tout ce qui est ambiance et images soignées, vous pouvez oublier. Et puisque l’on parle ici des deux vraies qualités du film original, vous imaginez bien qu’il ne reste pas grand-chose, pour ne pas dire rien.

Anthropophagous 2000 reprend la structure de l’original en le modifiant pour que le budget ne dépasse pas les 50 000 Deutsche Mark dont dispose Andreas Schnaas pour boucler son métrage. On retrouve donc le couple de touriste qui se fait massacrer dans l’introduction, la femme enceinte, la jeune aveugle, pour le reste on est face à des personnages encore plus dispensables et interchangeables que dans Anthropophagous, ce qui est un petit exploit en soi vu la qualité d’écriture de celui-ci. Mais plus que des personnages et dialogues insipides, c’est encore la logique qui est mise à mal, le scénario de George Eastman en manquait, ici c’est encore pire. Déjà la structure même du film, un récit en flashback, n’a aucun sens, pas plus que le final qui en fera buguer plus d’un. Ensuite, si le scénario reprend les grandes lignes de son modèle, on ne peut que tiquer sur des choix étranges, comme de laisser trainer des journaux que découvrent les personnages, dans lesquels les méfaits de l’Anthropophage font la une. Ce qui non seulement ne semble visiblement n’avoir jamais alerté les autorités, ni la population locale qui n’a ici aucune excuse pour ne pas avoir fui, Anthropophagous 2000 ne se déroulant plus sur une île Grecque, mais dans un village Toscane, mais n’a aussi, encore une fois, aucun sens. Des invraisemblances et des incohérences, Anthropophagous 2000 en contient des tonnes, mais ce n’est rien face au traitement qui a été réservé à l’Anthropophage. Dans le film de Joe D’Amato, celui-ci était d’abord décrit comme un ogre, une créature rongée par la folie avant rappeler au spectateur lors du final qu’il était autrefois humain. Andrea Schnass l’a compris, son scénariste aussi. Mais en tentant de reprendre ce point, il tape complètement à côté en humanisant sa version de l’anthropophage jusqu’à basculer dans le ridicule.

Déjà handicapé par le réalisateur qui reprend le rôle de George Eastman, en se contentant de l’imiter en faisant les gros yeux et en grognant, celui qui se nommait autrefois Nikos Karamanlis est désormais doué de parole, et donc de justifier ses actes (pour résumer : « je suis fou, je le sais, mais je vais quand même vous manger »), mais il a également une conscience qui se matérialise sous la forme de sa fille, ce qui donne des scènes franchement gênantes à l’image des deux scènes cultes du film original reprises ici en plus gore, mais celle du fœtus en devient ridicule ( ou c’est un hommage à cet épisode des Simpsons ou Homer Simpson dévore Homard Simpson, en tout cas c’est ce qui m’ai venu à l’esprit en voyant cette scène). , et celle où l’Anthropophage s’auto-dévore perd de sa force et n’est là qu’à titre purement gratuit. De gore, Anthropophagous malgré sa réputation en manquait, un défaut corrigé ici car le film a pour seule qualité d’être très saignant. Le problème, c’est que les effets spéciaux ne suivent pas, et puisque Andrea Schnaas adore filmer ces scènes gores en gros plans histoire de ne pas en perdre une miette, toutes les prothèses, fausses têtes et membre factices n’en ressortent que plus. Du gore qui ne fait pas illusion donc, tout comme la mise en scène de Schnaas, qui si elle reste au-dessus de ses précédentes œuvres, n’arrive à aucun moment à instaurer une ambiance ni même un rythme correct malgré la courte durée du métrage, et à un plan près qui a la classe, et un autre improbable (l’acteur qui saute au-dessus de la caméra qu’on voit furtivement se réceptionner en faisant une pirouette) on ne peut pas dire qu’il se soit fatigué, d’autant plus que l’aspect DV Typique des productions fauchées de la fin des 90’s/début 2000 est comme toujours d’une sacrée laideur, à mille lieux des images soignées de Joe D’Amato, qui n’aura jamais eu le privilège de voir Anthropophagous 2000, un hommage certainement sincère au départ mais qui est à l’arrivée complétement raté.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est gore ⊗ C’est moche
⊗ Un scénario qui n’a aucun sens
⊗ C’est court mais c’est long
⊗ L’Anthropophage tourné en ridicule
⊗ Des effets spéciaux ratés
⊗ Globalement, un remake qui rate l’hommage qu’il est censé être
Si Anthropophagous a traversé le temps non pas sans dommages mais avec de beaux restes, on ne peut pas en dire autant de cette tentative de rendre hommage à Joe D’Amato complétement ratée, voire irrespectueuse avec des choix pour certains aberrants. A éviter.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Anthropophagous 2000 est dédié à Joe D’Amato, décédé peu avant la sortie du film.



Titre : Anthropophagous 2000
Année : 1999
Durée : 1h20
Origine : Allemagne
Genre : Demake
Réalisateur : Andreas Schnaas
Scénario : Karl-Heinz Geisendorf

Acteurs : Andreas Schnaas, Achim Kohlase, Dirk Thies, Joe Neumann, Jens Bauhuf, Carsten De Jonge, Karl-Heinz Geisendorf, Cordula Kruger, Sandra Berg

 Anthropophagous 2000 (1999) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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