[Film] A L’Intérieur, de Julien Maury et Alexandre Bustillo (2007)


Depuis la mort tragique de son mari dans un accident de voiture, Sarah est seule et malgré une mère omniprésente, c’est seule qu’elle passera son réveillon de Noël. Seule et enceinte. Cette nuit est la dernière que la jeune femme passera chez elle. Le lendemain matin, celle-ci doit entrer à l’hôpital pour accoucher. Dans sa maison, tout est calme. Jusqu’au moment où quelqu’un vient frapper à sa porte. Derrière, une femme prête à tout pour arracher l’enfant qu’elle porte en elle…


Avis de Cherycok :
Le cinéma horrifique francophone a connu un joli sursaut dans les années 2000. On pourrait citer des films tels que Haute Tension (2003) de Alexandre Aja, Calvaire (2004) de Fabrice du Welz, Martyrs (2008) de Pascal Laugier, Frontière(s) (2007) de Xavier Gens, Ils (2006) de Xavier Palud et David Moreau, La Meute (2010) de Franck Richard, Mutants (2009) de David Morlet ou encore La Horde (2009) de Yannick Dahan et Benjamin Rocher. Comme quoi, quand on se sort les doigts du cul, on peut aussi faire du cinéma de genre chez nous. Alors que leur nouveau film, Kandisha, sort en ce moment sur les écrans en VOD, intéressons-nous au premier long métrage de Julien Maury et Alexandre Bustillo, A L’Intérieur (2007), qui en ce qui me concerne m’aura mis un bon coup de poing dans la gueule.

L’histoire d’A L’Intérieur est des plus simples. Sarah, une jeune femme enceinte, a un accident de voiture avec son mari qui meurt sur le coup. Quatre mois plus tard, alors qu’elle est en pleine reconstruction et sur le point d’accoucher, une femme mystérieuse vient toquer à sa porte. Méfiante, elle ne la laisse pas rentrer. Elle semble la connaitre, pourtant elle ne la connait pas. Alors que tout semble de nouveau calme dans la maison, Sarah est soudain agressée par cette personne qui semble plus que tout décidée à lui ouvrir le ventre. Qui est-elle ? Pourquoi elle semble tant désirer le bébé de Sarah ? A L’Intérieur nous met directement dans l’ambiance, avec cette scène d’accident crue et son générique dans lequel se mêlent des images peu ragoûtantes de mains trifougnant des viscères. Un peu comme si on essayait de nous préparer à ce qu’on allait voir par la suite. Très vite, on va se retrouver avec d’un côté une jeune femme enceinte, en train de perdre les eaux, enfermée dans sa salle de bains. De l’autre, quelqu’un qui essaie de lui ouvrir le ventre et de la tuer pour lui prendre son bébé sans qu’on sache pourquoi (jusque dans les dernières minutes). Tout cela nous amène à un affrontement final qui va être titanesque. Bien que le film comporte plusieurs personnages secondaires, qui n’ont vocation qu’à être charcutés, il est centré sur ces deux actrices principales. Béatrice Dalle est tout bonnement hallucinante, complètement habitée, très inquiétante, incarnant un personnage froid, psychologiquement dérangé. Alysson Paradis n’est pas en reste et va incarner à la perfection ce personnage meurtri qui va lutter pour sa survie et celle de son bébé. On ressent la souffrance des deux côtés, car chacune va en prendre plein la gueule et ressentir la douleur. Entendez par là qu’il n’est pas question ici d’un tueur presque invincible comme on le voit souvent dans les films d’horreur. Les réalisateurs vont opter pour le réalisme. On n’est pas dans le gore grotesque de Peter Jackson. On est plus dans du Dario Argento pour les couleurs, mélangé à du Tobe Hooper pour le côté glauque.

A L’Intérieur est visuellement très soigné et joue beaucoup avec les effets d’ombre et lumière. La mise en scène est impeccable et va créer une atmosphère étouffante, aussi bien car les personnages vont évoluer dans un espace réduit –on est dans un huis clos- que parce que tout est fait pour nous mettre au plus près de l’héroïne et de sa situation compliquée. La réalisation est brute de décoffrage, dure, mais parfois presque poétique alors que les images sont glaçantes. De la poésie morbide, c’est ça. Car A L’Intérieur est un film à la violence inouïe, très tendu, rempli de scènes chocs. La violence y est frontale, crue, et le film devient extrêmement gore dans sa dernière partie. Giclées de sang, blessures au ciseau, tête qui explose, auto-trachéotomie, j’en passe et des meilleures. Ça n’y va pas de main morte, ça va parfois très loin, avec des maquillages à l’ancienne (certains un peu cheap). On est dans de l’animalité, de la bestialité même, de la part des deux actrices et le film pourra parfois être insoutenable pour les âmes les plus sensibles, d’autant plus que le final est vraiment dérangeant. Ce premier film est malgré tout loin d’être parfait. Les dialogues, bien qu’au final peu nombreux, sont complètement à la ramasse. Il fait une allusion politique, les émeutes dans les banlieues, qui n’a aucun intérêt pour l’histoire. On regrettera également que les personnages secondaires qui sont introduits ne sont uniquement là que pour servir de chair à saucisse au personnage de Béatrice Dalle. Sans parler de ce petit moment très étrange où un personnage se relève et agit de façon bizarre (ceux qui ont vu le film sauront de quoi je parle). Bien que cela puisse être expliqué de diverses manières (il a pu être aveuglé par les flashball et taper sur le premier truc qui bougeait autour de lui), c’est ici mis en scène très maladroitement. Mais ces divers points noirs n’auront pas réussi à me sortir de ce film qui m’a clairement pris aux tripes, qui m’a tendu sur mon fauteuil dès les premières minutes et ce jusqu’au générique de fin. Imparfait, certes, mais ô combien percutant.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le duo Alysson Paradis / Béatrice Dalle
♥ La mise en scène
♥ Intense du début à la fin
♥ Les effets gores frontaux
⊗ Des dialogues peu inspirés
⊗ Des seconds rôles façon chair à canon
⊗ Le contexte politique sous-jacent inutile
Note :
A L’Intérieur est une œuvre glaçante, subversive, jusqu’au boutiste, radicale, choquante, pessimiste. Un combat à mort qui ne laisse pas de place à la pitié. Un film qui divise les foules à plus d’un titre, déconseillé aux âmes sensibles et aux non-initiés.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Alexandre Bustillo, un des deux réalisateurs, travaillait pour les magazines Mad Movies, Velvet et Hard N’Heavy avant de rejoindre Julien Maury pour A L’Intérieur dont c’est le tout premier film. C’est également le premier film d’Alysson Paradis, la sœur de Vanessa Paradis.
• Pour préparer Béatrice Dalle et Alysson Paradis aux scènes sanglantes d’A l’intérieur, Julien Maury et Alexandre Bustillo leur ont fait visionner des films d’horreurs tels que Nekromantik et Nekromantik 2 de Jörg Buttgereit, ou encore Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. Ces projections étaient censées préparer psychologiquement les actrices au film…
• Dans la scène où les trois policiers viennent voir si tout va bien chez Sarah, on peut voir que le numéro de la maison est 666.
• Le film s’est totalement ramassé au cinéma en France, totalisant difficilement 60000 entrées. Il a par contre été un succès en vidéoclubs.


Titre : A L’intérieur
Année : 2007
Durée : 1h20
Origine : France
Genre : Méchamment gore
Réalisateur : Julien Maury, Alexandre Bustillo
Scénario : Alexandre Bustillo

Acteurs : Alysson Paradis, Beatrice Dalle, Nathalie Roussel, François-Régis Marchasson, Jean-Baptiste Tabourin, Dominique Frot, Tahar Rahim, Ludovic Berthillot

 À l'intérieur (2007) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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