[Avis / Test DVD] A Dirty Carnival, de Yu Ha

Titre : A Dirty Carnival / Mean streets / 비열한 거리
Année : 2006
Durée : 2h21
Origine : Corée du Sud
Genre : Action / Drame
Réalisateur : Yu Ha

Acteurs : Cho In-Seong, Nam Kung-Min, Cheon Ho-Jin, Lee Bo-yeong…


Synopsis : Un gangster souhaite progresser dans la hierarchie du gang et se voit offrir une occasion aussi inespérée que dangereuse, il rencontre au même moment un ancien camarade de collège qui désire réaliser un film sur la mafia.

Avis de Jang Gerald : Yu Ha, réalisateur du très connu Once upon a time in highschool (Spirit of Jeet Kune Do), gros succès à sa sortie en 2003, revient 3 ans après avec un film de gangsters au titre coréen qui, après traduction, signifie Mean streets, renvoyant bien évidemment au film de Scorsese.
A dirty carnival brosse à merveille le portrait d’une petite frappe, dont la seule ambition est de gravir les échelons dans la hiérarchie mafieuse, intérprétée avec finesse et sincérité par Cho In-Seong, dans un rôle à contre emploi (la très jolie comédie romantique Madeleine, mais il a également été tête d’affiche pour un certain Fruit Chan pour les besoins de Public Toilet). Son personnage est traité de bien belle manière, la caméra de Yu Ha épousant brillamment le visage doux de son acteur principal, digne d’un jeune premier, qui paradoxalement connaît souvent des pulsions violentes. En proie aux doutes, c’est un homme fragile qui a du mal à se faire accepter par sa mère, mais aussi par son ancienne camarade de classe dont il est amoureux depuis toujours, qu’il retrouve grâce à un ami devenu réalisateur.

Toutes ces personnes (tout aussi tourmentées) auront une incidence sur la psychologie de notre anti-héros, à commencer par sa mère, et le reste de sa famille, qu’il essaye d’aider du mieux qu’il peut, car menacés d’expulsion, il lui faut en effet une somme d’argent importante, et assez vite, ce qui le précipite dans une spirale de violence qu’il n’arrivera pas à maîtriser. On voit donc son ascension, de chef d’une petite bande de voyous, il aura le privilège de s’occuper d’une salle de jeu, puis deviendra le bras droit du grand chef de son clan, malheureusement cela à un prix, je ne vous en dit pas plus pour ne pas gâcher le plaisir.

Il se fait donc une place de choix dans le milieu, dont la convoitise entraîne bien évidemment la jalousie, il devra faire face à des ennemis coriaces, et devra gérer également sa vie personnelle, entre sa famille et la femme qu’il aime, cette dernière le fuit malheureusement à cause de son statut.
Il n’aura d’autre choix que de se tourner vers son ancien ami / réalisateur, qui souhaite apprendre beaucoup sur le milieu mafieux, afin de pouvoir tourner le film de sa consécration.
Ce personnage de jeune réalisateur est intéressant à plus d’un titre car permet une lecture à double sens, un effet de miroir du réalisateur Yu Ha, démontrant qu’un film est difficile à mettre en chantier (on voit bien la difficulté du personnage à trouver un bon scénario afin d’obtenir l’accord des producteurs), et reste bien évidemment fictif, tout en voulant coller au plus près de la réalité (dans notre cas). Il est intéressant d’ailleurs de voir lors du tournage dans le film, une scène de bataille virevoltante et chorégraphiée où des hommes font de belles figures, mais notre gangster, conseiller sur le film, s’interpose sur la manière peu réaliste dont prend la tournure du film de son ami.

Tout cela contraste directement avec les vrais scènes de rixes entres bandes rivales. La mise en scène, même si peu personnelle, arrivent à nous bluffer dans ces scènes d’une violence inouïe, comme la première bagarre avec l’ennemi, tout y passe, batte de baseball, brique, coup de tête, club de golf, arme blanche…d’un réalisme et d’une sécheresse qui fait froid dans le dos, un règlement de compte qui dure presque 10 minutes, 10 minutes de sauvageries. Sans compter la scène de vengeance dans le van, plutôt originale.
C’est donc dans le traitement de l’histoire et l’approche réaliste que Yu Ha arrive à différencier son film des autres.Tous les personnages s’entrecroisent, leurs destins sont liés, amis et ennnemis, la frontière est maigre, d’ailleurs le final où le chef de clan se met à chanter dans leur karaoké est d’une grande puissance, les paroles étant absolument bouleversantes de sens compte tenu des aboutissements des actes de chacun.
On obtient donc au final une très belle chronique d’un gangster mi-ange, mi-démon, parfaitement écrit par un réalisateur inspiré par la déchéance de son personnage principal sans jamais tomber dans la facilité en faisant l’éloge de la violence.Pas un grand film comme peut l’être Friend de Kwak Kyung-Taek, mais un honnête film, qui malgré quelques petites longueurs tout de même nécessaires (2h20 tout de même !), arrive à nous tenir en haleine du début à la fin.

Cela fait du bien de voir un bon film coréen, surtout lorsque l’on voit la tournure que prend la production depuis quelques années, avec ces film de gangsters (au look de lycéens), et aux chorégraphies sous la pluie, noyées par des ralentis à tout va, dont les réalisateurs ne font que glorifier le milieu mafieux.

Note : 7/10





Caractériqtiques techniques :

Editeur : Europa

Vidéo : 16/9 compatible 4/3, Format 2.35
Magnifiques, elles ne souffrent d’aucun problèmes de compression, on se croirait presque devant un transfert HD tant les couleurs sont éclatantes.



Son :
Français 5.1, 2.0 et Coréen 5.1, 2.0
Un doublage de qualité certes, mais loin d’apporter le souffle réaliste de sa version originale coréenne. Les 2 pistes 5.1 offrent de bonnes envolées lors des quelques scènes d’action, sans en faire des tonnes, afin de coller au mieux à l’ambiance du film.

Sous titres : Français
Lisibles, les sous titres défilent à une vitesse normale, permettant de suivre le film sans avoir besoin de revenir en arrière.


Bonus :
Making of
Un making of qui offre le minimum syndical, entrecoupé d’interviews de l’équipe du film. Cela reste tout de même intéréssant quant aux envies du réalisateur à ne pas vouloir tomber dans la surenchère.

-Scènes coupées
Appréciables pour les personnages, elles sont loin d’être anecdotiques, même si l’on peut comprendre leur non-intégration dans le cut final ,surtout lorsque l’on sait que le film dure déjà 2h20.









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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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