[Avis] Ong Bak 2, de Panom Yeerum (Tony Jaa) / Panna Rittikrai

Titre : Ong Bak 2/ องค์บาก 2
Année : 2008
Durée : 1h40
Origine : Thaïlande
Genre : Action / Arts Martiaux
Réalisateur :
Panom Yeerum (Tony Jaa) / Panna Rittikrai

Acteurs : Panom Yeerum (Tony Jaa), Pumwaree Yodkamol, Mum Jokmok, Nirut Sirichanya, Supakorn Kitsuwan

Synopsis : Fils du Lord Sihadecho, le jeune Ting arrive à s’enfuir alors que sa famille est massacrée par la traitrise du Lord Rajasena. Il est malheureusement capturé par des marchands d’esclaves, avant d’etre sauvé par une troupe de bandits dont la particularité est d’etre constituée de combattants d’origines géographiques différentes. Doué pour le combat, Ting se voit enseigné les différents arts martiaux que maitrisent les combattants de la bande. L’heure de la vengeance a sonné.

Avis de Yume :

Un tournage réputé difficile. Un budget réputé explosé. Un réalisateur débutant réputé au bord de la crise de nerf. Des producteurs réputés inquiets. Et au final un produit surprenant de nihilisme violent, loin du formatage auquel on était en droit de s’attendre. Ong Bak 2 est un produit enthousiasmant, une sorte de diamant brut qu’on aurait néanmoins aimé voir taillé et poli de ses nombreux défauts. Car malheureusement le film, s’il reste d’une haute tenue martiale voire même formelle, n’a pas la force d’impact d’un Ong Bak ou un Gerd Ma Lui. Alors, trop sage ce Ong Bak 2 ?

Ce qui frappe en premier lieu n’est ni le poing ni le genou de Tony Jaa mais la qualité étonnante de la réalisation. Si Jaa débute au poste de réalisateur, il a tout aussi bien été conseillé par des pros qu’il a apprit et retenu des films dits classiques des Maitres panasiatique des films d’action et arts martiaux. On retrouve d’ailleurs plus de réminiscences hong kongaise des années 70 que de méthode de travail et réalisation de son mentor Rittikrai dans les larges plans d’ensemble des combats durant plus des 2 millisecondes qui semblent être devenus la mode actuelle. Bien sur cela n’est pas exempt de défauts dérangeants comme des raccords bien voyants pendant les combats ou une utilisation abusive des ralentis, tendance grotesque. Mais ce qui est réellement la valeur ajoutée de Ong Bak 2 c’est bien le soin maniaque apporté aux décors et à la photo. Tourné en milieu naturel, le film transpire la rage, la moiteur et la sang ; avec un petit coté mystique pas déplaisant du tout. Dans un sens cela rappelle l’absolument colossal Bang Rajan et dans une moindre mesure le fabuleux Nang Nak. On trouve parenté plus honteuse.

Dommage que la qualité d’écriture ne rejoigne pas celle de la photo. Car si le film évite l’écueil des twists et retournements improbables, sa linéarité est une suite de poncifs bien marqués avec au menu la fameuse vengeance. Un classique du film d’action, qui se noie comme souvent dans un déluge de flash back explicatifs plombant radicalement le rythme. Grâce aux acteurs approximatifs et à la naïveté des dialogues et situations, ces passages deviennent une réelle torture ; et ne sont que rarement désamorcés par ce que l’on est venu chercher : des combats. Ne soyons pas hypocrites. Si Ong Bak 2 ne propose que peu de séquences de combat, il se rattrape sur leur durée et leur qualité. A l’image de la monumentale scène finale de près de 15 mn, Jaa déballe un arsenal technique allant du Muay thai au kendo en passant par le kung fu, la lutte et même le ninjutsu. Sous couvert d’une vague excuse scénaristique, Ong Bak 2 propose une variété de combats en forme de book technique à la gloire de son réalisateur / acteur. C’est ici que se situe la grosse faiblesse du film. On ne peut nier que Jaa maîtrise chaque différente technique, mais au final en essayant de se fabriquer une légitimité martiale internationale, Jaa en a oublié l’essentiel : le frisson. Ong Bak 2 n’est en fait pas novateur. Si on n’a peut être pas souvent vu mieux, sur le plan qualité d’exécution alliée à une réalisation avenante, on a vu similaire. Souvent. Où est donc passée la folie physique de Ong Bak ou Gerd Ma Lui ? Ong Bak 2 n’a pas la primauté de la nouveauté pour lui. Et il ne l’a pas recherché en s’accrochant d’illustres prédécesseurs, et en rajoutant une violence des coups. Mais on ne ressent plus rien. Plus de douleur, plus de peur, plus de frisson de plaisir. Alors est ce que l’escalade thaïlandaise a fini par nous habituer à une surenchère…. Ou Jaa a-t-il joué la carte de l’acquis plutôt que du dépassement de soi ?

Reste un bon film de baston une fois expurgé de ses longueurs. Car si il livre ici un produit marketé pour la suite de sa carrière, il est difficile de ne pas avouer qu’au final Jaa vient de marquer un grand coup en terme qualitatif ; qui plaira sans peine aux aficionados du genre, ce que je ne suis pas.

Note : 7.5/10

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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