[Avis] Antartic Journal, de Im Pil-Seong

Titre : Antartic Journal
Année : 2005
Durée : 1h55
Origine : Corée du Sud
Genre : Perdu de recherche
Réalisateur : Im Pil-Seong

Expéditeurs : Song Kang-Ho, Yoo Ji-Tae, Kang Hye-Jeong, Yun Je-Mun, Park Hee-Sun, Kim Gyeong-Ik, Choi Deok-Mun

Synopsis : Un groupe de scientifiques coréens part en expédition afin d’atteindre un point supposé inaccessible en Antarctique. En route, ils trouvent le journal d’un homme, écrit 80 ans auparavant.

Avis de Slimdods : Ah l’enfer blanc, ces montagnes enneigées, cet horizon sans limite, ces pièges tendus par dame nature … et la folie qui s’empresse de taper de plein fouet notre équipe de gay lurons. Une équipe ? Ah oui ! L’équipe ! Antartic Journal nous en fais suivre une qui part en expédition dans le grand nord de l’Antartique, un milieu hostile pour l’homme comme pour les bactéries ! Cette expédition débute pourtant bien, notre équipe est tout feu soudée, les décors rêveurs et le froid glacé buvable à l’apéro ! Mais bien évidemment, l’orage va vite s’abattre sur nos gars, les esprits vont vite s’échauffer et des événements bizarres vont petit à petit s’abattre violemment sur notre équipe avec bien sûr pour personnage principal le désert blanc !


Etrange n’est il pas ?

Autant vous l’avouer de suite, Antartic Journal me pose problème car je ne sais pas trop quoi y penser, même après introspection forcée. Le début est pourtant prometteur avec un contexte vraiment bien introduit. L’équipe que l’on suit pendant tout le film nous est présentée comme fragile, chaque personne ayant son histoire et son passif plus où moins bizarre. La distribution est d’ailleurs excellente, que ce soir chez ce Song Kang-Ho, aussi bien capable de jouer un catcheur face à une fourchette dans l’excellent The foul king qu’un attardé mental face à un monstre gluant dans le fabuleux The host ! Il est accompagné par l’illustre Yu Jin Tae, déjà vu dans Natural City et Old Boy.  Sans vous énumérer le cast complet, sachez que chacun s’en sort avec honneur et que la tension qui découlera de leurs prestations n’est pas pour rien dans la réussite de certaines séquences du film !


Des trous par ci, des crevasses par là ...

D’ailleurs parlons ambiance car le film est vraiment sympa de ce côté-là. Antartic Journal ose emprunter quelques idées à quelques chez d’œuvres passés, tel un de mes top 10 de l’univers, à savoir The Thing de Carpenter, film qui mixait déjà à l’époque le fantastique et la peur de l’autre avec une maestria majestueuse, le tout dans un enfer blanc cauchemardesque !  En même temps, ce contexte particulier de l’enfer blanc et du fantastique est si particulier que ça en devient directement … particulier (oui c’est exactement ça !). Et pour un enfer blanc, Antartic Journal ne se prive pas pour nous en mettre plein la vue ! Les décors sont fabuleux et les plans que nous offre le réalisateur nous renvoient souvent à notre propre personne, simple entité vivante face à cette nature étouffante et mortelle ! Le film joue beaucoup sur cet aspect et ce n’est vraiment pas pour nous déplaire, même si à partir de la seconde partie du métrage, les promesses de la première partie sont loin des attentes suscitées.


Du sang, des cris et de la douleur … le tout sans passion. Oui, ça meurt et on s’en fout.

A force de vouloir manger à toutes les sauces possibles, le réalisateur se perd et ne sait plus trop où nous emmener. Pour faire court, les éléments fantastiques parsemés un peu partout ne sont pas totalement assumés (qu’on m’explique la bêbête dans la casserole !), la tension certes toujours présente finie par s’essouffler au bout d’un moment et même si on a le droit à quelques séquences vraiment réussies (la fin est superbe), il est dur de rester impliquer jusqu’au bout. Le film tire en longueur, les événements violents se succèdent, on en apprend plus petit à petit sur chacun, mais leurs réactions sont bizarres, l’instinct de survie propre à toute forme de vie prend un sens très plutôt illogique ici, la fierté où la folie les transformant en adorateur du point de non retour, le seul but de leur vie. Pourtant, le film n’arrête pas de nous rabâcher que chacun possède sa propre vie et famille mais ils préfèrent aller direction les enfers, seule volonté du chef … no comment ! J’ai donc eu du mal à m’identifier aux victimes de cette expédition. Pour faire simple, les morts se suivent et on s’en fout.  Dommage non ?


Vague de glace, vision cauchemardesque : quelques séquences valent le détour (mortel).

Malgré le manque d’implication que l’on ressent, l’ambiance sait tout de même rester envoûtante. L’enfer blanc est toujours aussi superbe à regarder, l’horreur bien palpable et le score assez prodigieux ! Kenji Kawai nous offre une bande sonore magnifique dès les premières secondes du film et croyez moi, ça met dans l’ambiance directement. Quel dommage que le film se perde dans la prétention de l’abondance des genres et du trop plein de séquences inutiles. Même les scènes contemplatives, pourtant belles, sont longues et ennuyeuses et c’est d’autant plus bizarre que Kenji Kawai est un habitué de la chose, preuve en est ses collaborations avec Mamoru Oshii sur les Patablor où encore Ghost In the Shell. Pour Antartic Journal, on repassera donc  sur cet aspect, alors que l’enfer blanc s’y prêtait fort bien pourtant. Quelques moments de tension bien sympas font aussi leur apparition. Bien que rares, il faut tout de même avouer que ces scènes sont plaisantes sur le moment présent, même si encore une fois, on se fout un peu de la finalité …


Ils souffrent car ils se les caillent … et nous aussi, car on en baille.

Antartic Journal est donc en fin de compte un film bancal à la prétention quasi-démesurée de vouloir aborder un nombre de thème et de genre trop élevé. C’est pourtant beau à en pleurer et envoutant dans sa globalité grâce à une ambiance prenante et des thèmes musicaux réussis. Le problème, c’est que c’est chiant à suivre (mais vraiment) et une fois la fin arrivée, je me suis demandé si je n’avais pas perdu mon temps. Je ne sais pas trop en fin de compte, car ces décors fabuleux et cette ambiance pesante valent le coup d’œil, tout comme certaines séquences qui savent relever le niveau. Mais le reste ne suit pas et c’est tout de même dingue de se foutre du sort de tous les protagonistes d’un film non ?

Note : 4,5/10

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Auteur : slimdods

Rejeton Hkmaniak-O-dépressif, je suis le vrai « Bouffe tout » de la famille : du polar urbain sérieux à la comédie kitsh, du Kaiju-eiga au Wu Xia Pian volant, aucun genre n’est épargné par ma faim. D’ailleurs, j’ai un faible pour l’anticonformisme assumé et mon Tsui Hark d’époque me manque énormément. Heureusement que mon Baby Godzilla est réconfortant !
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