[Livre] Hallyuwood : le cinéma coréen, de Bastian Meiresonne (2023)


Parasite, Mademoiselle, Burning…, autant de films qui, grâce à leur succès international, ont mis la lumière sur la production cinématographique coréenne et sur son incroyable diversité. Depuis ses prémices, quand des extraits filmés étaient diffusés lors de spectacles, au début du XXe siècle, jusqu’à l’engouement qu’il connaît aujourd’hui, le cinéma coréen a traversé des crises mais aussi des périodes de créativité superbes. S’inspirant d’ailleurs, il invente des genres et crée des esthétiques qui lui sont propres. Il est l’un des plus imaginatifs au monde.


Avis de Yume :
Bastian Meiresonne. Si vous aimez un tant soit peu le cinéma asiatique, qui plus est si vous êtes un grand ancien qui s’y est intéressé depuis le début des années 2000 et sa vague en facilitant le large accès, vous le connaissez forcément. Présent sur tous les fronts et pays : articles de presse & internet, interviews, présentations de films en festival, conférencier, programmateur, réalisateur de documentaires, auteur ; Bastian est un bosseur acharné et passionné (/nant). Après un essai très intéressant sur Imamura il y a déjà plus de 10 ans, il sort en cet automne 2023 son second ouvrage intitulé Hallyuwood, le cinéma coréen.

Sous ce titre dont le jeu de mot est expliqué et assumé dans les premières pages se cache une bible dédiée à l’histoire du cinéma coréen de ses balbutiements à la déferlante actuelle multi écran. On y parle bien évidemment de la grande histoire avec ses époques distinctes et ses faits marquants, mais aussi la petite via des anecdotes savoureuses et des parallèle judicieux. Et quand j’emploie le mot bible, je ne suis pas loin de réalité. Bien entendu, tout n’est pas abordé et les râleurs ou les fans de tel ou tel réalisateur / acteur / genre trouveront à y redire, mais on est quand même là face à un livre qui n’a rien envier au diptyque (en édition fr) de Sato Tadao à propos du cinéma japonais, le mépris sous-jacent pour les productions post 70 en moins.

Hallyuwood est un livre somme à plus d’un titre. Il est évidemment encyclopédique, dans le bon sens du terme. Bastian s’attarde sur les films, acteurs et réalisateurs notables de chaque époque, en relevant les particularités liées à l’air du temps, qu’elles soient politiques, sociales, artistiques ou juste en écho au cinéma international (la production étant un vrai miroir de ce qui se déroule ailleurs). Clairement on y apprend quantité de choses, surtout sur les périodes moins connues et accessibles du cinéma coréen. Il y a évidemment quantité d’informations et souvent au détour d’un paragraphe on se met à avoir envie de voir tel ou tel film. Restera à gérer la frustration quand le film sera difficile ou impossible à se procurer. La description de la période 80-98 et ses films de genre a réveillé en moi une petite soif cinéphile qu’il va falloir abreuver d’urgence pour combler un trou béant dans ma culture cinématographique. Dans tous les cas on a là la marque d’un pari réussi : susciter la curiosité du lecteur, et non pas l’assommer à coup de name dropping. Hallyuwood est aussi la somme des informations récoltées par Bastian depuis une vingtaine d’année. On parle là d’informations qui font vivre l’histoire autour de l’histoire du cinéma, ces petites remarques et anecdotes, ou ces photos dont certaines sont exclusives. L’auteur m’a confié avoir beaucoup réécrit, remis en forme et hésité sur la meilleure façon de présenter par thématiques et époque et comment y lier et compiler tout ce qu’il avait dans ses carnets de notes. Ce sont ces petits ajouts qui font le sel du livre. On sent la passion au sein de l’encyclopédie, on sent que l’auteur va plus loin pour donner des pistes de lecture et réflexions et transmettre l’envie de découvrir ou redécouvrir. Je ne suis pas, par exemple, un convaincu du cinéma coréen post 98 (pour prendre un marqueur temporel fort) car beaucoup de gimmicks narratifs me sortent des films. Certains éléments abordés dans Hallyuwood m’ont cependant guidé vers une explication culturelle de l’emploi de certains d’entre eux, au point d’envisager de revoir certains films clés. Je ne changerai peut-être pas d’avis, mais au moins je saurai pourquoi. C’est là un des vrais points forts du livre de Bastian pour moi. Avoir mêlé encyclopédie et vulgarisation sur plusieurs niveaux d’attente du lecteur, pour permettre à ce celui-ci, selon ses attentes ou ses connaissances, de s’y retrouver mais aussi d’y revenir plus tard pour y piocher un nouvel élément. Car bien entendu il y a trop pour tout digérer en une passe de lecture. Je conseille d’ailleurs de lire Hallyuwood en plusieurs fois, peut-être même dans le désordre selon l’époque qui vous tente le plus.

Je tenais aussi à saluer la forme. L’éditeur a fait un vrai travail de mise en page moderne sur du papier de qualité et le livre est tout aussi plaisant à feuilleter qu’à lire. On est loin de certains ouvrages sur le cinéma imprimés en N&B, format A5, tout aussi sexy à lire qu’un bottin téléphonique. Il en résulte un vrai confort de lecture et un bel objet à fièrement exposer dans sa bibliothèque, où seul le poids du livre une fois en main pourrait être un frein à une lecture pendant des heures.

Fruit de plusieurs années d’écriture, Hallyuwood de Bastian Meiresonne se place directement comme un must have pour tout amateur de cinéma coréen et peut être même de cinéma tout court. Le seul reproche que je pourrais vraiment faire c’est qu’il suscite maintenant une envie de livres focus plus analytiques pour aller encore plus loin sur des sujets précis.

PS : Bastian a ouvert la page FB de son livre, Hallyuwood – Le cinéma coréen et y publie régulièrement des critiques, billets et pastilles, histoire d’approfondir encore le travail abattu sur papier. Je ne peux que vous conseiller de suivre cette page.


Le livre est disponible à l’achat pour 40€ sur le site de l’éditeur ou de par exemple celui de la Fnac. Il est également trouvable dans bien d’autres points de vente.


Titre : Hallyuwood : le cinéma coréen
Année : 2023
Nb de pages : 341
Format : 26 x 19cm
Origine : France
Genre : La référence pour la Corée du Sud

Editeur : Editions EPA
Auteur : Bastian Meiresonne


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Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
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