
Le cœur brisé d’une jeune femme met en péril l’équilibre de l’univers. Un papillon de diamant lui apparaît en rêve et la guide sur une autoroute céleste, où l’attend son double : une bikeuse masquée nommée The Fool.
Test de John Roch :
En 1996, PaRappa The Rapper a donné naissance à un nouveau genre de jeux : le rythm game. Un genre qui va très vite devenir populaire grâce à Konami et sa gamme BEMANI, abréviation de Beatmania qui sera le premier succès du rythm game sorti en arcade en 1997. L’année suivante, le genre devient un phénomène avec l’arrivée de Dance Dance Revolution, soit la meilleure borne d’arcade jamais créée. Ceci dit il ne faut pas en oublier Guitar Freaks et Drummania, dont les concepts seront repris et occidentalisés avec Guitar Hero, Rock Band et consorts. La seconde moitié des années 2000 est ainsi considéré comme l’âge d’or du genre, mais celui-ci s’essouffle à cause d’une saturation du marché, marquant ainsi la fin du règne du rythm game instrumental. Mais bien qu’il soit plus discret, phénomène de mode passé oblige, le genre n’a pourtant jamais disparu. Il a même retrouvé un second souffle auprès du grand public avec des titres tels que Just Dance ou Beat Saber et à même su évoluer avec le temps pour proposer toujours plus d’expériences qui diversifie toujours plus le genre avec des approches originales. Si cela ne date pas d’hier, on retiendra bien évidement le mythique Rez et les délires Space Channel 5 qui datent du début des années 2000, c’est vraiment à l’instant ou la scène indépendante s’est emparée du genre qu’il y a eu une vague de jeux qui tiennent plus de l’expérience auditive et visuelle que du soft à l’aspect purement scoring, toujours présent avec par exemple les Project Diva et Dj Max. Des jeux qui, à l’instar de Thumper et Avicii Invector, ont comme intention première de faire vivre aux joueurs un voyage, Sayonara Wild Hearts fait partie de ce genre d’expérience, et quelle expérience !
Sayonara Wild Hearts est déjà une expérience narrative atypique. A travers l’héroïne incarnée par le joueur, présentée comme une jeune femme au cœur brisé, l’histoire de Sayonara Wild Hearts est une métaphore de la rupture amoureuse. Chaque niveau est ainsi censé représenter les différentes étapes du deuil en adaptant son rythme et sa musique sur les émotions que cela peut apporter. Mais plus que ça, Sayonara Wild Hearts surprend en basant son univers sur le tarot. En associant les cartes majeures et leurs symboliques non seulement à l’histoire mais aussi aux niveaux parcourus, le jeu gagne en profondeur et s’il tourne principalement autour de la reconstruction personnelle, le coté métaphorique ne laissant aucune explication claire, Sayonara Wild Hearts peut être sujet à de multiples interprétations. Adhérer à la proposition narrative de Sayonara Wild Hearts, c’est vivre une expérience qui prend aux tripes et ne fait que monter en puissance à l’image d’un gameplay qui ne cesse de se renouveler.
Les niveaux de Sayonara Wild Hearts ont un schéma en commun. Le joueur est projeté dans une course poursuite durant laquelle il faudra collecter des cœurs en évitant des obstacles et en appuyant en rythme afin de gonfler au maximum son score, celui-ci étant divisé en trois paliers. Mais ça, ce n’est que le fond d’un jeu qui se transforme sans cesse dans la forme. Aussi bien horizontal que vertical, à la vue première personne que de vue du dessus, à la fois shoot’em up, rail shooter, jeu de course et runner, Sayonara Wild Hearts s’inspire de Sin And Punishment, Space Harrier, Outrun, Starfox et des schémas des classiques de l’arcade, dont il mélange les mécaniques de gameplay non seulement avec le rythm game, mais aussi entre-elles. En résulte un véritable shoot d’adrénaline, un feu d’artifice à la mise en scène et aux transitions folles car en plus du gameplay, c’est également les niveaux qui se transforment et s’adaptent aux multiples idées de jeu, mais aussi à la musique.
Composée par Daniel Olsén ( connu pour Year Walk et Device 6, deux autres jeux du studio Simogo ) et un certain Jonathan Eng, la B.O electro-pop de Sayonara Wild Hearts est protée par la voix claire de Linnea Olsson qui envoûte dès les premières paroles. Mélancolique et énergétique à la fois, la morceaux sont des compositions originales qui la rend indissociable du jeu. Chaque note, chaque beat est utilisé dans la conception de la narration, des niveaux, des actions contextuelles, des fous combats de boss, des vibrations de la manette (encore plus avec les retours haptiques de la PS5) et de la mise en scène. Chaque aspect de Sayonara Wild Hearts forment un tout cohérent, faisant ainsi du jeu une expérience sensorielle qui culmine dans un avant dernier niveau affolant de maîtrise, une décharge d’adrénaline qui prend aux yeux, aux oreilles, à la tête et au tripes qui n’a d’équivalence en terme de ressenti que l’incroyable area 4 de Rez. Quant au dernier niveaux, c’est une apothéose, dix minutes qui remuent par leur intensité et leur lot d’idées jusqu’à une conclusion qui récompense le joueur dans un accomplissement à la fois vidéoludique et psychologique. On sort à la fois rincé de tant de frénésie mais également apaisé face à un jeu qui a choisi de transmettre des émotions et pousse son concept à son paroxysme dans un feu d’artifice visuel.
Sayonara Wild Hearts n’est pas un monstre de technique, mais le jeu du studio Simogo impressionne par sa direction artistique à l’esthétique pop et psychédélique, et une fluidité folle qui ne faibli jamais. Tout va très vite, il faudra ainsi bien anticipé et mémoriser des niveaux qui sont à parcourir dans une logique de die and retry. Cela amène un peu de difficulté au titre pour qui veut le complété à 100 %, ce qui est plus que bienvenu car il est vrai que Sayonara Wild Hearts est un jeu très court qui se parcours une première fois en à peine une heure. Mais l’investissement est récompensé avec des modes à débloquer comme la possibilité de parcourir l’intégralité du jeu d’une traite, ou un mode survie qui mixe aléatoirement des segments de niveaux, de belles manières de se replonger dans un univers vraiment unique. Sayonara Wild Hearts est plus qu’un jeu, c’est un voyage rapide, intense, sensoriel et mémorable. Un jeu qui se ressort de temps à autres comme un vieil album qu’on écoute pendant un moment en boucle. Bientôt 6 ans après sa sortie, depuis sublimé par l’apport des consoles actuelles, Sayonara Wild Hearts se savoure comme au premier jour, on penserait le connaître par cœur mais rien n’y fait: ce voyage est unique.
GRAPHISMES |
Sayonara Wild Hearts n’est pas un monstre de technique, mais il n’a pas besoin de cela pour impressionner grâce à sa direction artistique à l’esthétique pop et psychédélique, et une fluidité à toute épreuve |
JOUABILITÉ |
Sayonara Wild Hearts a été pensé comme un jeu qui s’adresse aux joueurs mais également à ceux qui ne jouent pas aux jeux vidéo. La jouabilité est simple et accessible |
DURÉE DE VIE |
Le voyage que propose Sayonara Wild Hearts est court, très court. Mais le jeu en vaut la chandelle et gagne en intérêt si on vise le 100%, de plus l’expérience est si intense qu’il est impossible de ne pas ressortir le jeu quelques années plus tard. |
BANDE SON |
Avec ses morceaux spécialement conçus pour le jeu, la B.O de Sayonara Wild Hearts est un chef d’œuvre à l’image de tout le reste |
CONCLUSION |
Sayonara Wild Hearts est plus qu’un jeu, c’est un voyage rapide, intense, sensoriel et mémorable. Un jeu qui se ressort de temps à autres comme un vieil album qu’on écoute pendant un moment en boucle. Bientôt 6 ans après sa sortie, Sayonara Wild Hearts se savoure comme au premier jour, on penserait le connaître par cœur mais rien n’y fait: ce voyage est unique.
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Titre : Sayonara Wild Hearts
Année : 2019
Studio : Simogo
Editeur : Annapurna Interactive
Genre : Voyage
Joué et testé sur : Playsation 5
Existe sur : PC, PS5, Xbox series, Ps4, Xbox One, Nintendo Switch et iOS
Support : Dématérialisé et Physique