[Semaine Western] Jour 7 : Young Guns II, de Geoff Murphy (1990)

Un an après que deux des plus grands éleveurs du Nouveau-Mexique se sont livré bataille, Billy le Kid et ses compères se sont séparés et dispersés aux quatre coins du pays. Mais le gouvernement veut à tout prix rétablir l’ordre : le gouverneur Wallace blanchit Pat Garrett, un ancien compagnon du « Kid », et le charge de le tuer.


Avis de Rick :
En 1988, Young Guns, avec son budget de 11 millions, en a rapporté 44. Un succès, et une suite était inévitable. Scénariste et producteur du film, John Fusco se met à plancher sur une suite, en gardant la même ligne directrice, à savoir être le plus fidèle possible avec l’histoire du Kid. Il devra cependant faire des concessions durant le tournage, certains acteurs ne pouvant pas revenir à plein temps à cause de soucis d’emplois du temps. L’histoire est donc changée pour Young Guns 2, et le film utilise des archives pour de nombreux dialogues du Kid (ah, le réalisme), et fait le choix de la légende de Bill Roberts, qui a clamé haut et fort qu’il était en fait le Kid, qui ne serait pas mort des mains de Pat Garrett. Fait réel ou non, nous l’ignorons encore aujourd’hui. Si le film essaye d’être le plus réaliste possible dans son histoire malgré cette légende véridique ou non, et le sort de certains personnages qui change littéralement, d’autres changements s’opèrent derrière et devant la caméra. Certains défauts du précédent sont immédiatement corrigés. Christopher Cain ne revient pas à la mise en scène, et c’est Geoff Murphy qui récupère la bête. Capable du meilleur comme du pire, Murphy était encore dans une bonne période de sa vie, enchaînant après Young Guns 2 sur Freejack, avant de signer en 1999 le « fameux » Fortress 2 avec Christophe Lambert, puis de devenir majoritairement réalisateur de seconde équipe, notamment sur la trilogie Le Seigneur des Anneaux. Niveau musique, pareil, adieu le score classique et efficace mais assez passe partout, et bonjour Alan Silvestri qui vient ici signer une excellente OST. Devant la caméra, si le trio de tête du premier film revient, à savoir Emilio Estevez, Kiefer Sutherland et Lou Diamond Phillips, le casting s’agrandît et les noms sont loin d’être des inconnus. Dans la bande du Kid, on trouve par exemple Christian Slater, Alan Ruck, un tout jeune Balthazar Getty. Dans le camp opposé, William Petersen remplace Patrick Wayne dans le tôle de Pat Garrett, et on trouve à ses côtés Viggo Mortersen encore inconnu, ou encore James Coburn, qui jouait justement Garrett dans Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah. Ajoutons la radieuse présence de Jenny Wright (Aux Frontières de l’Aube) pour le casting féminin, et voilà une bien belle équipe. Le budget quand à lui monte à 20 millions.

Tout est réuni pour faire de Young Guns 2 une grande suite, ou du moins l’égale de son ainé. Qu’en est-il ? Et bien si depuis ma tendre enfance, ma préférence va vers ce second opus, force est de constater qu’à bien des niveaux, il se fait en effet bien supérieur à Young Guns, tout en étant moins rigoureux dans le fond, et donc, dans son écriture. Ce qui change en premier lieu, ce sera l’humour, bien plus présent dans cet opus, comme si Emilio Estevez était parfois en roue libre, habité par son personnage du Kid. Un côté plus jouissif donc peut se dégager de Young Guns 2, et moins plaire à ceux qui ne voulaient qu’une suite dans le même état d’esprit que le métrage original. Il n’en est rien ici. Le rythme est plus soutenu, le ton souvent plus léger (sauf lors de quelques moments tragiques ou héroïques), la mise en scène est également bien plus solide. Une preuve simple et rapide ? La scène d’ouverture, sur des étendues désertiques, avant l’apparition au loin d’un cavalier solitaire, alors que la musique de Silvestri ne monte. Juste magique. Quand après quelques dialogues, la caméra zoome sur les yeux d’un Bill Roberts âgé pour nous plonger dans ce long flashback (le film dans son entièreté en fait), et que le thème principal se met à monter, sur les images de plusieurs cavaliers avançant à toute vitesse dans l’ouest Américain, ce sont là de grandes images. Mais Geoff Murphy maîtrise également beaucoup plus les scènes d’action. Il ne les rend pas mémorables pour autant, mais bien divertissantes, et certaines mises à mort restent bien violentes, surtout lorsqu’il s’agît de personnages clés. Et donc, des morts inattendues, malgré une histoire en soit qui ne peut avoir qu’une seule issue, même sans en connaître la réalité historique. Cette fuite des forces de l’ordre qui finalement tourne rapidement en rond a en effet un côté fataliste bien présent. L’humour instauré par Estevez est sans doute justement là pour contrebalancer ce côté là, en faire un western tout public plutôt qu’un western crépusculaire.

Le pari est à mon sens réussi, même si Young Guns 2 ne rentrera pas dans l’histoire des grands films ou des grands westerns. Mais il a cet énorme capital sympathie, de par son dynamisme, son ton, son casting plus qu’appréciable. Et non, la présence du postérieur de Jenny Wright dans le film ne vient pas flouter mon verdict ! Même si cela reste appréciable, mais je m’égare, une nouvelle fois. Du haut de ses 1h40, Young Guns 2 reste une belle proposition de western, contenant son lot de maladresses, mais son lot de passages épiques, et parfois de passages amusants (le sort du shérif, le juge et ses amis qui parient sur le Kid pour un simple déglinguage de bougies). On a plaisir à retrouver ce qu’il reste de l’équipe du Kid, ainsi que les nouveaux venus. Et on pardonnera également à Alan Silvestri d’avoir lors de quelques rares morceaux, notamment sur la fin, la réutilisation de moments rappelant un peu trop le score de Predator 2 signé la même année. Mais vu la qualité du reste de son score, oui, on lui pardonne. Et j’ai même envie de dire qu’à quasiment tous les niveaux, Young Guns 2 surpasse le premier opus, ce qui reste rare dans le milieu des suites. Mais, autre point qui le différencie vraiment, outre son ton souvent plus léger, ce sera clairement le fait que le scénario se focalise beaucoup plus sur le Kid, laissant Doc (Kiefer Sutherland), Chavez (Lou Diamond Phillips) et le reste de la bande souvent en arrière plan, là où le premier film donnait leur moment de gloire à l’ensemble du casting. Ici, on aura beaucoup de seconds rôles, souvent très bien joués, mais très souvent en retrait pour donner la vedette à Estevez. Mais après tout, passé les événements de Lincoln, c’est bien là l’histoire du Kid, et non pas de son équipe de régulateurs, qui eux se retrouvent plutôt à le suivre, pour survivre. Un western donc souvent sous estimé à mes yeux.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un casting juste énorme
♥ Le score de Alan Silvestri
♥ Rythmé et plaisant
♥ Emilio Estevez ajoute beaucoup d’humour
♥ Quelques grands moments
⊗ Beaucoup de personnages en arrière plan
⊗ Un final un peu simpliste
note8
Young Guns 2 parvient à être supérieur à l’original, malgré quelques libertés prises avec l’histoire, et un propos qui se focalise plus sur le Kid et non plus sur l’équipe. La mise en scène ainsi que la musique sont meilleures, et le casting énorme.



Titre : Young Guns II

Année : 1990
Durée :
1h44
Origine :
U.S.A.
Genre :
Western
Réalisation : 
Geoff Murphy
Scénario : 
John Fusco
Avec :
Emilio Estevez, Kiefer Sutherland, Lou Diamond Phillips, Christian Slater, William Petersen, Alan Ruck, Balthazar Getty, Jenny Wright, Viggo Mortensen et James Coburn

 Young Guns II (1990) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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