[Film] The Toxic Avenger, de Macon Blair (2023)

Un concierge devient un paria social lorsqu’un accident bizarre dans une usine chimique le transforme en mutant. Cependant, il utilise rapidement sa nouvelle force surhumaine pour combattre des criminels répugnants et un PDG corrompu.


Avis de John Roch :
Question arlésienne, le remake de The Toxic Avenger se pose là. Annoncé pour la première fois en 2010, cette adaptation à gros budget du film phare de la Troma partait mal car il était question d’une version grand publique classée PG-13. Puis le projet a ponctuellement refait parler de lui avec des annonces plus ou moins heureuses : changements de réalisateurs et de scénaristes, annonce de Arnold Schwarzenegger au casting dans un rôle de vétéran de guerre qui apprend l’art du combat à Toxie, perte du classement PG-13 pour du R, mais toujours rien de vraiment concret. Il faudra attendre 2018 pour que ça commence à vraiment, mais doucement, avancer dès lors que Lengendary Pictures annonce avoir récupéré les droits de la chose qui sera produite également par Lloyd Kaufman & Michael Herz. L’année suivante, The Toxic Avenger trouve enfin son réalisateur en la personne de Macon Blair, qui s’était fait vaguement remarquer avec I Don’t Feel At Home In This World Anymore et grand fan de la Troma. Mais ce n’est qu’en 2021 que The Toxic Avenger prend enfin la forme d’un reboot au budget encore inconnu à ce jour, on parle de 2 millions de dollars ou de chiffres plus fantaisistes qui vont de 50 à 200 millions, tourné en Bulgarie avec au casting Peter Dinklage, Kevin Bacon, Julia Davis, Elijah Wood, Taylour Paige et Jacob Tremblay. Bouclé à la fin de l’été 2021, The Toxic Avenger s’est montré tardivement lors de sa Première mondiale au Fantastic Fest en 2023 et malgré quelques avis dithyrambiques, c’est à partir de là que le doute a commencé à s’installer quant à la qualité du métrage car depuis, plus rien. La raison officielle est que The Toxic Avenger est insortable en l’état. Trop gore et trop violent, personne ne veut se risquer à distribuer le film. Sauf que ce genre de métrage qui prend la poussière sur une étagère, ce n’est jamais bon signe. Et si The Toxic Avenger est jugé insortable, n’est-ce pas tant pour son contenu mais pour sa qualité ? Une question qui aura mis son temps à trouver réponse mais finalement, on y est : deux ans plus tard, The Toxic Avenger est récupéré par Cineverse, qui s’y connait en choses insortables puisqu’ils ont distribué les Terrifier, qui va jouer sur ce coté insortable et coller un gros Unrated après le titre.

Mais avant d’y venir, c’est quoi The Toxic Avenger ? Et bien c’est le film par lequel tout a commencé entre Dark Side Reviews et moi il y a, à dix jours près à date de publication de cette chronique, cinq ans. Passé cette anecdote inutile, The Toxic Avenger est le film qui a réuni les ingrédient de ce qui deviendra « l’esprit Troma ». Fondée en 1974, la boite de Lloyd Kaufman & Michael Herz était avant tout principalement spécialisée dans les comédies à l’humour bien gras à destination des adolescents, puis arrive sur les écrans en 1984 The Toxic Avenger à la recette suivante : du gore, du cul, un doigt d’honneur au politiquement correct et une critique de la société américaine sous toutes ses formes. Fort du succès de ce premier opus, une suite est logiquement mise en chantier mais rien ne va se passer comme prévu et ce qui allait alors devenir une saga a très vite commencé à battre de l’aile. Le premier montage de The Toxic Avenger 2 durait quatre heures, sous les conseils de sa femme, Lloyd Kaufman décide de couper son film en deux. Si le second film, du moins dans sa version non censurée, n’arrivait pas au niveau de son aîné, il restait néanmoins appréciable grâce à ses débordements gores, du moins dans sa version non censurée, et son coté dépaysant car capitaux Japonais oblige, l’action est délocalisée au Japon pour un résultat un peu trop carte postale pour être entièrement convaincant. Le problème, c’est que Lloyd Kaufman a intégré le meilleur de son montage, de fait il ne restait pas grand-chose à The Toxic Avenger 3 : The Last Temptation Of Toxie pour exister, si ce n’est une presque absence de gore et un scénario qui fait ce qu’il peut avec les chutes de pellicules péniblement montées en un film jamais cohérent. Pour revoir Toxie au top de sa forme, il faudra attendre 2000 et le complètement barré Citizen Toxie: The Toxic Avenger IV. Généreux, thématiquement chargé, intelligent, Citizen Toxie est un film avec un cœur gros comme ça, une véritable ode a la liberté et à l’indépendance, et assurément dans le top du top des productions Troma qui vivait un véritable âge d’or avec des Tromeo And Juliet et autres Terror Firmer.

En partant de ce quatrième volet et de tout ce qu’il véhiculait, l’état actuel de la société américaine justifierait un retour pertinent de Toxie et de la critique acide de Lloyd Kaufman, mais il faudra donc se contenter de son remake, ou reboot, appelez ça comme vous voulez, qui ne restera pas dans les annales en tant que nouvelle adaptation et encore moins en tant que film. On ne pourra pas en vouloir à Macon Blair de vouloir tenter autre chose en essayant de coller à l’esprit Troma, mais en l’état c’est un échec. La présence de Peter Dinklage dans le rôle titre avait de quoi attiser la curiosité et pourquoi pas après tout remplacer le technicien de surface d’une salle de sport chétif et un peu moche, qui suite à un plongeon la tête la première se transforme en un être balèze, mais très moche, par un technicien de surface de petite taille qui bosse pour une entreprise pharmaceutique véreuse, laissé pour mort car il en a trop vu et plongé dans des déchets radioactifs. Mais c’est déjà toucher au nœud du problème : sous ses airs de production pseudo trash que personne ne voulait sortir, The Toxic Avenger reste un film de studio. Cela se sent dans un scénario qui critique mollement et sans acidité l’industrie pharmaceutique, mais surtout dans un aspect familial à coté de la plaque. Il n’y avait pas besoin de faire de Toxie, et par extension de Winston le technicien de surface, un beau-père qui a du mal à joindre les deux bouts et à entretenir des liens avec son beau-fils suite au décès de sa femme, en plus atteint d’une maladie incurable. Cela n’amène rien, ne mène à rien et est à l’image du reste : inutile. Rien n’est exploité dans The Toxic Avenger, que ce soit le méchant campé par Kevin Bacon, ses sbires en apparence barrés mais pas trop, d’autres méchants qui ne servent franchement à rien, un allié de Toxie dont on se fout, ou une journaliste qui est là pour faire joli. La palme revenant au personnage interprété par Elijah Wood, vaguement prometteur mais finalement complètement transparent et écrit avec les pieds, déjà qu’il l’est très peu. De toute façon, il ne faut pas chercher du coté du scénario pour trouver une forme de qualité à The Toxic Avenger. Il n’y a aucune consistance, aucun personnage correctement développé et il en ressort un film qui semble parfois avoir été écrit sur le plateau de tournage.

Ce n’est pas tant le fait que Toxic Avenger est un remake qui en fait un mauvais film. Même en faisant abstraction de ses origines, le métrage qui se veut corrosif est au final lissé plus que de raison et n’ose jamais aller au bout de ses idées… ni même aller à fond dans le gore. Et c’est ici la pire chose qui ressort du film : le sentiment d’avoir été pris pour un con. Le unrated flanqué au titre non seulement dans le trailer mais aussi dans le métrage n’est qu’un pur argument marketing. Non, The Toxic Avenger n’est pas le film insortable car trop gore qui a été vendu. Il y a bien une poignée de scènes gores, mais elles sont au final plus sages que le film original, il n’y a qu’à voir la scène du restaurant qui ne tient aucunement la comparaison. De manière globale, avec un gore aujourd’hui banalisé à l’écran, il ne tient pas non plus la comparaison avec les standards actuels et ce qui tient surtout de l’incompréhensible, c’est le nombre de morts hors champ, ce qui la fout mal quand on parle de Unrated. Il y a bien un intestin grêle extirpé d’un cul et une scène de pisse acide (qui n’a rien de gore), mais encore une fois le coté trash voulu n’existe tout simplement pas. Quant au reste de « l’esprit Troma », c’est sur le papier et uniquement sur le papier qu’il est présent. L’humour ? Avec un peu de chance vous sourirez deux fois. Les boobs ? Deux plans furtifs vite fait bien fait. L’univers fou et décalé ? Un monde coincé entre plusieurs époques qui avait l’air plus dingue dans le premier teaser. The Toxic Avenger n’est donc au final qu’un film de studio de plus qui ne doit son coté pseudo subversif qu’à ses origines, sans quoi il n’aurait rien eu à proposer, déjà que c’est vraiment chiche. The Toxic Avenger version 2023 est donc un ratage dont on sauvera le casting et le peu de scènes gores présentes, avec de la tolérance puisque les CGI sont de la partie. Le reste tient du remake raté qui ne fait pas honneur à son modèle. Mais même en faisant abstraction de ça, le métrage reste raté et mal fichu. C’était à prévoir, c’est pire que prévu. Paie ta déception !

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques scènes gores ici et là
♥ Le casting
⊗ ce n’est pas très bien écrit
⊗ Le gore en CGI
⊗ Un remake qui ne fait pas honneur à l’original
⊗ Un film qui ne va pas au bout de ses idées
⊗ L’humour qui ne fait pas mouche
⊗ Le Unrated qui prend pour un con
The Toxic Avenger version 2023 est un ratage dont on sauvera le casting et le peu de scènes gores présentes. Le reste tient du remake raté qui ne fait pas honneur à son modèle. Mais même en faisant abstraction de ça, le métrage reste raté et mal fichu. C’était à prévoir, c’est pire que prévu. Paie ta déception !



Titre : The Toxic Avenger
Année : 2023
Durée : 1h42
Origine : USA
Genre : Un remake de plus
Réalisateur : Macon Blair
Scénario : Macon Blair et Joe Ritter

Acteurs : Peter Dinklage, Kevin Bacon, Julia Davis, Elijah Wood, Jacob Tremblay, Taylour Paige, Luisa Guerreiro, David Yow, Annette Badland

 

 


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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