[Film] The Last Video Store, de Cody Kennedy et Tim Rutherford (2023)


Une jeune femme qui possède sans le savoir une « cassette maudite » légendaire apporte une collection de vieilles cassettes vidéo dans un magasin de location. Elle et le propriétaire du magasin réveillent la malédiction, ce qui entraîne la libération d’une multitude de méchants de cinéma.


Avis de Cherycok :
Il y a tellement de films à voir qu’on a chacun nos critères ou notre façon de faire lorsqu’il faut en choisir un et se lancer dans une nouvelle aventure. En ce qui me concerne, je lance parfois une bobine juste parce que son titre m’a plu, sans rien savoir d’autre, ni même le pitch ou qui l’a réalisé. En tant que quarantenaire bien tassé qui a très souvent arpenté les rayons des vidéoclubs de toutes les villes par lesquelles je suis passé, j’ai forcément été attiré par ce petit film canadien inconnu appelé The Last Video Store. Oui, je fais partie de ces vieux cons qui sont nostalgiques de cette époque où on passait des heures à regarder et à lire des jaquettes de séries B d’action, de films d’horreur fauchés, de bobines de SF inconnues au bataillon, cette époque bénie où les vidéoclubs avaient pignon sur eux, et qui regrettent aujourd’hui qu’ils aient quasiment complètement disparus. Alors forcément, « The Last Video Store », ça m’a tout de suite intrigué. Je ne savais donc pas de quoi ça parlait, je me fichais que ce soit bon ou pas bon, sur le moment je me devais de le voir. Alors je l’ai vu. Et je ne regrette pas une seule seconde.

Tiré d’un court métrage de 2013 du même nom et des mêmes réalisateurs, dont le seul réel fait d’arme était jusque-là le segment « M is for Magnetic Tape » dans l’anthologie ABCs of Death 2.5, The Last Video Store situe son action, comme son nom l’indique, dans le dernier vidéo club d’une ville canadienne. Le vidéoclub en question, Blaster Video, est basé sur The Lobby Video Store, un véritable magasin de vidéos situé à Edmonton dans la province l’Alberta au Canada. L’un des deux réalisateurs, Tim Rutherford, dont l’autre métier est décorateur de plateau, a construit une réplique quasi exacte du véritable magasin de vidéos, créant pour l’occasion des milliers de faux titres pour remplir les étagères. Pour encore plus d’authenticité, le véritable gérant du vidéoclub, Kevin Martin, interprète un des deux rôles principaux du film, celui du gérant de Blaster Video. Nous sommes ici dans un tout petit budget avec très peu de personnages et un lieu unique pour ce qui est sans doute une des plus belles lettres d’amour à ces vidéoclubs indépendants qui fleurissaient à chaque coin de rue et où chaque location était une aventure, mais aussi à tout un pan du cinéma des années 80/90. Le principe de The Last Video Store est très simple et va tourner autour d’une VHS appelée Videonomicon. Le redoutable Videonomicon est porteur du plus atroce des fléaux cinématographiques. Une présence sinistre et nostalgique qui plane sur notre royaume et hante ses spectateurs. Il est perdu depuis des lustres mais il semble avoir été retrouvé. Il ne fait plus aucun doute, cette cassette est maudite. Une cassette qu’il ne faut jamais lire, sinon des sales trucs se produisent. Bien entendu, elle va être lu par curiosité, à l’intérieur du vidéoclub, et tout un tas d’éléments de films de séries B des années 80/90 vont se matérialiser dans ce petit vidéoclub. Avouez que l’idée est extrêmement fun non ? Vont prendre vie un film mettant en vedette un héros d’action badass, Jackson Viper, faisant référence à Chuck Norris, Van Damme et autres Steven Seagal ; une des nombreuses suites du slasher Beaver Lake Massacre, rendant clairement hommage à la saga Vendredi 13 et à son méchant Jason Voorhees ; une imitation de Predator en CGI du début des années 90, et même un monstre VHS avec ses longues bandes pendantes renvoyant peut-être au Ring de Hideo Nakata.

Ne se prenant jamais au sérieux, et c’est aussi ainsi que le spectateur doit le prendre, The Last Video Store va s’amuser avec tous les clichés sur les vidéoclubs mais aussi nombre de clichés douteux des années 80 et 90. Le film regorge d’hommages aux franchises des années 80, que ce soit dans les faux films disséminés un peu partout dans ce vidéoclub (n’hésitez pas à mettre pause pour vous amuser à retrouver les titres originaux), dans les faux extraits de films et de bandes annonces créés pour l’occasion, que dans les dialogues réellement très bien écrits. Ici point de moquerie mais un regard amusant et respectueux par des réalisateurs clairement nostalgiques et attristés de la disparition de ces vidéoclubs. La mise en scène elle-même nous renvoie 40 ans en arrière, avec cet éclairage aux néons colorés, avec cette musique synthwave s’inspirant parfois de la bande originale de Stranger Things (série se passant dans les années 80) et avec ce vidéoclub aux VHS et aux posters de partout qui donne immédiatement envie de s’y promener. Les moments comiques sont ici nombreux et, pour peu que vous fassiez partie du public de niche à qui se destine ce film, vous ne pourrez pas vous empêcher d’avoir un sourire ahuri aux lèvres et même clairement des fous rires tant certaines scènes sont hilarantes de ridicule (volontaire). Comme il parodie tout un pan du cinéma horrifique des années 80, on retrouve même quelques touches de gore à l’ancienne ci et là créés par Steven Kostanski de chez Astron-6 (les papas de Psycho Goreman), et l’équilibre entre le ridicule, les péripéties et l’effrayant est parfaitement bien dosé. Le casting, bien que perfectible, colle parfaitement au ton du film et il y a une très bonne alchimie entre le duo de personnages principaux. Une chose est sûre, c’est qu’à l’heure où le cinéma hollywoodien déterre des franchises des années 80 et 90 pour en faire des remake / suite / requel / legacy tous plus mauvais les uns que les autres (à une ou deux exceptions près), The Last Video Store, en créant ses propres personnages et créatures avec suffisamment d’authenticité pour générer un sentiment de nostalgie, est un hommage bien plus sincère et authentique que toutes les merdasses qui tentent de réactualiser une époque révolue en ne comprenant rien à l’esprit et au cœur de la chose dans la plupart des cas.

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement réussi
♥ Très bonne bande son
♥ L’hommage sincère
♥ On rit beaucoup
♥ Un petit budget bien exploité
⊗ Réservé à un public de niche

The Last Video Store, c’est une véritable déclaration d’amour à cette époque révolue des vidéoclubs des années 80/90 et aux films de série B qui se trouvaient dans leurs rayons. C’est fun, c’est sincère, c’est drôle, et surtout c’est très bien !

LE SAVIEZ VOUS ?
• Avec la participation exceptionnelle de talents canadiens du cinéma de genre, notamment le collectif RKSS (Turbo Kid), les gars de ASTRON 6 (Father’s Day, Psycho Goreman), le réalisateur Lowell Dean (Wolfcop) ou encore l’acteur/réalisateur Jeremy Gardner (Bliss, The Battery).



Titre : The Last Video Store
Année : 2023
Durée : 1h19
Origine : Canada
Genre : Comédie horrifique sur VHS
Réalisateur : Cody Kennedy, Tim Rutherford
Scénario : Joshua Roach, Tim Rutherfordr

Acteurs : Yaayaa Adams, Kevin Martin, Matthew Kennedy, Josh Lenner, Conor Sweeny


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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