[Film] Samouraï, de Kihachi Okamoto (1965)


Près de l’entrée du palais shogunal, les hommes du clan Mito observent les visites de nombreux dignitaires et la main sur le sabre, attendent la venue du ministre Naosuké Ii, responsable de la répression d’Ansei et favorable à un compromis avec les occidentaux. Mais les samouraïs, opposants à une quelconque collaboration et au règne du 14ème shogun, s’épuiseront les yeux à trop attendre, le ministre ne viendra pas. Laissant le clan entre amertume et soupçons. Parmi eux, se dissimule un traître. Hoshino, leader du clan, fixe secrètement une nouvelle date pour l’attentat et demande à ses hommes de confiance d’enquêter sur deux d’entre eux ; Tsuruchiyo Niiro, un rônin aux obscures origines et Einosuke Kurihara, un lettré progressiste vivant aisément.


Avis de Kamï :
Qu’il adapte les écrits d’Akutagawa ou de Takiguchi, le scénariste Shinobu Hashimoto, souvent à l’origine de grands chefs d’œuvre du cinéma japonais (Les 7 Samouraïs, Rashômon) n’est pas avare d’idées progressistes et de critiques incisives ; Hara-Kiri et Rébellion de Kobayashi, Tenchu de Gosha ou encore Samouraï d’Okamoto. Nombreux sont les brûlots auxquels participera Hashimoto, manifestes contre le bushidô, le code d’honneur et les samouraïs eux-même, la notion de sacrifice au groupe, à l’intérêt de la patrie ou de la suzeraineté.

Pour comprendre d’autant plus Samouraï, il faut cerner l’époque ; la flotte américaine fait pression sur le shogunat pour obtenir l’ouverture de ports japonais. Un temps fidèle au sakoku, politique de fermeture, le gouvernement d’Edo fini par céder. Une situation propice à l’insurrection des opposants, des clans de samouraïs décident de s’unir, Satsuma et Choshu, pour faire chuter le shogun. Ici, dans le film de Kihachi Okamoto, le clan Mito prépare l’assassinat du ministre-conseiller Naosuké Ii, symbole du pouvoir déchu et soumis. Un assassinat avorté. Désordre et méfiance, les soupçons s’éveillent. On pense à Kurihara, passionné par la littérature et la philosophie occidentale, appartenant au clan Matsudaïra lié au clan d’Ii et vivant avec enfant et épouse, la fille d’une riche famille de marchands. Aussi, on pense à Niiro, rônin du clan Bushi, errant dans les bas quartiers où il gagne peu comme garde du corps et désirant devenir quelqu’un, un samouraï, lui qui n’a jamais connu son père. Hoshino craint de les renvoyer tant ces derniers sont impliqués dans le clan, d’autant plus que malgré les apparences, Niiro et Kurihara se respectent et s’apprécient en toute amitié.

Plus que sur Kurihara, la caméra semble se focaliser sur le personnage rustre et prétentieux de Niiro qui comme Hanji, paysan en exil dans Kiru du même Okamoto, vit dans l’espoir de devenir samouraï. Alors que le second se voit éclairer par Genta, Niiro semble seul -car solitaire-, hanté par cette quête; être samouraï signifierait pour lui exister. Une quête profonde voir existentielle puisque son véritable père ne l’ayant pas reconnu, il ne pût par le passé épouser Kiku, fille d’un général à cause de son rang social. L’assassinat de Naosuké Ii lui permettrait une ascension tant espérée. En devenant quelqu’un, il pourrait épouser la tenancière d’une auberge qui ressemble tant à la seule femme qu’il ait aimée. Et profiter d’une vie de famille comme celle de Kurihara… ou comme celle qu’il n’a jamais connue. On ne saurait trop faire les louanges de Samouraï, maîtrise du « flash-backs », montage habile et photographie superbe. Mais le récit traîne en longueur et dévoile une lenteur guère captivante. Ainsi, le film d’Okamoto déçoit quelque peu, les passages narrés paraissant bien inutiles et l’attention se perdant par moment.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des personnages marquants
♥ Visuellement superbe
♥ Très bien mis en scène
⊗ Beaucoup de lenteurs

Mais ce drame œdipien même s’il n’a pas la force de Rébellion de Kobayashi, marqué aussi par une abondance de dialogues, reste plaisant si l’on considère les performances de Toshirô Mifune et de Yûnosuke Itô, et un final aussi beau que cruel.



Titre : Samouraï / Samurai / 侍
Année : 1965
Durée : 2h02
Origine : Japon
Genre : Chambara minimaliste
Réalisateur : Kihachi Okamoto
Scénario : Jiromasa Gunji, Shinobu Hashimoto

Acteurs : Toshirô Mifune, Keiju Kobayashi, Michiyo Aratama, Yunosuke Itô, Takashi Shimura

 Samouraï (1965) on IMDb


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Auteur : Kami

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