[Film] Magnum Force, de Ted Post (1973)

Alors que San Francisco est secouée par une série de mystérieuses exécutions punitives de criminels, le supérieur de Harry Callahan, le lieutenant Briggs, lui assigne un nouveau coéquipier, un débutant prénommé Early Smith. Briggs a également changé de poste Callahan et l’a mis à la surveillance, prétendant une intervention trop violente lors d’une arrestation. Harry, le croyant simplement jaloux, n’hésite pas à le contrarier et à intervenir quand même dans diverses affaires.


Avis de Rick :
En 2021, nous fêtions les 50 ans du film L’Inspecteur Harry, que j’avais revu avec un grand plaisir non dissimulable, que je vous avais partagé dans un texte. Voulant continuer sur ma lancée, je n’ai cependant pas attendu 2023 et les 50 ans du second opus, Magnum Force, pour me lancer. Car Magnum Force a toujours été mon préféré de la saga des Inspecteur Harry. Un petit peu d’histoire s’impose. Lors de la sortie de l’opus original de Don Siegel, certaines critiques sont incendiaires. Certains journalistes n’arrivent pas à séparer l’acteur de son rôle, et voilà, c’est le drame. Notre inspecteur, et donc Clint, est un homme réactionnaire, appliquant une justice expéditive en faisant parler la poudre. Cela pourrait être anodin, sauf que de cet accueil critique mitigé semble ressortir quelques éléments dans cette première suite signée Ted Post. Don Siegel ne rempile pas, et Clint Eastwood en profite pour ressortir une des idées abandonnées pour le premier film, une idée qui lui plaisait mais qui ne plaisait pas au réalisateur, à savoir l’idée d’une bande de flics qui descendaient froidement des criminels, passant donc au-dessus des lois. Si l’on pourra regretter l’absence de Siegel derrière la caméra, Eastwood a par contre su chercher ses scénaristes au bon endroit, puisque le stylo est confié à John Milius qui écrit aussi les grandes lignes, et qui signe son dernier scénario avant de passer réalisateur la même année avec Dilinger, mais aussi à Michael Cimino, juste avant que lui aussi ne passe derrière la caméra pour son premier film l’année suivante.

Nous retrouvons avec plaisir notre inspecteur Harry en grande forme, même si, face à son comportement souvent jugé violent, on l’a changé de département, et on lui offre en plus un partenaire débutant. Mais un mal sévit en ville, les truands sont exécutés, que ceux-ci soient libres comme l’air ou viennent d’être acquittés par un jury, quelqu’un s’amuse à faire tomber la justice sur leur tête, à coup de magnum. D’entrée de jeu, évidemment, le spectateur en sait plus que notre inspecteur, puisque la mise en scène nous montre ses méfaits, et donc, le mode opératoire du tueur, suivant ses victimes en moto de patrouille, utilisant ses fonctions de l’ordre public pour faire baisser la garde de ses victimes, avant de les abattre, froidement, et de quitter les lieux, aussi calmement qu’il était arrivé. Ce qui frappe en premier lieu, c’est que la mise en scène de Ted Post, plutôt solide, est malgré tout assez éloignée des éclairs de génie de Don Siegel. L’ouverture met dans le bain, mais n’a pas cette narration visuelle forte comme dans le premier film. Visuellement, le film tente donc moins de choses, est moins chargé en scène purement visuelles, malgré quelques éclairs de génie, comme lors du final, explosif d’ailleurs, ou lors de l’élimination d’un baron de la drogue dans sa suite, non loin du toit d’un haut building. On perd un peu visuellement, mais on en gagne en profondeur, en niveaux de lecture, et en profondeur du scénario. Notre groupe de tueur, identifié très tôt par le spectateur, est une des réussites du métrage déjà, surtout leur rencontre avec Clint Eastwood, qui trouve un second sens de lecture lorsque l’on connait l’accueil du premier film. L’Inspecteur Harry se retrouve là face au vrai visage de tout ce que l’on pouvait penser de lui, des flics délivrant réellement une justice expéditive. Alors que comme il le signale à son supérieur tôt dans le film, lui, quand ça dérape, il ne tire pas le premier.

Et puis quel casting pour donner vie à ses personnages. Outre Eastwood qui rempile, on trouve Hal Holbrook, encore presque débutant à l’époque, qui tournera pour Peter Hyams, John Carpenter, George A. Romero, Frank Darabont ou encore Sean Penn. Beau palmarès. Notons également dans le gang de flics tueurs la présence de David Soul, bien connu pour avoir joué Hutch dans la série Starsky et Hutch, et que l’on retrouvera chez Tobe Hooper pour Les Vampires de Salem. Magnum Force, malgré une mise en scène que je trouve personnellement un poil moins maitrisé que sur l’opus original, parvient néanmoins à le surpasser, narrativement, thématiquement, et aussi en matière de grand spectacle. Magnum Force est un film tendu qui accumule les séquences chocs et explosives, comme les nombreuses mises à morts par notre gang de flics (l’excellente scène de la piscine), ou tout simplement la très longue poursuite finale, commençant à voiture, avant de continuer par une partie de cache-cache à pied pour s’achever à moto. Quant à Clint Eastwood, il développe son personnage, lui donne un peu plus de substance en nous montrant les à côté de son boulot, et notamment sa charmante voisine Japonaise mais là je m’égare. La saga est lancée et il ne faudra pas attendre trop longtemps pour voir l’inspecteur reprendre du service, en 1976, mais ça, on en reparlera.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un scénario riche
♥ Des moments violents et tendus
♥ Le long final
♥ Le casting en général
⊗ Mise en scène un peu moins inventive
note6
Magnum Force prolonge l’univers, développe son personnage et le met face à une milice dangereuse pour un film passionnant et sans temps mort.


Titre : Magnum Force
Année : 1973
Durée :
2h04
Origine :
Etats Unis
Genre :
Policier
Réalisation :
Ted Post
Scénario :
John Milius et Michael Cimino
Avec :
Clint Eastwood, Hal Holbrook, Mitchell Ryan, David Soul, Tim Matheson, Kip Niven, Robert Urich, Felton Perry, Maurice Argent, Margaret Avery et Richard Devon

 Magnum Force (1973) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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