[Film] Le Ninja De Beverly Hills, de Dennis Dugan (1997)

La légende ninja veut qu’un jour, un enfant venu de l’Ouest soit le plus grand maître de cet art. Haru pourrait bien être cet élu, ou pas !


Avis de John Roch :
Des rejetons du Saturday Night Live qui ont connus une carrière notable au cinéma, le nom de Chris Farley ne parlera pas à grand monde de ce coté de l’atlantique. Aux USA en revanche, sa cote popularité a rapidement explosé lors des cinq années passées au sein de la plus célèbre émission comique Américaine, notamment grâce à un sketch en duo avec Patrick Swayze devenu culte. Comme la plupart de ses confrères comiques, et ce malgré des addictions problématiques dès le début de sa carrière, les portes du cinéma s’ouvrent à lui. Après quelques seconds rôles viennent les principaux. D’abord en duo avec David Spade dans Le Courage D’Un Con et Black Sheep, puis en solo dans Le Ninja De Beverly Hills. Un film si mauvais d’après Farley, qui à fondu en larme à la première du film, estimant qu’il ressort du métrage d’avantage la bouffonnerie de son personnage que son investissement personnel dans celui-ci. Le Ninja De Beverly Hills est le dernier film où apparaît Chris Farley sorti de son vivant, ce dernier étant retrouvé décédé d’une overdose peu après la sortie du métrage. Triste sort pour un acteur qui aurait pu devenir une star internationale avec le film sur lequel il travaillait : un certain Shrek, dont il avait quasiment fini d’enregistrer les dialogues du rôle titre avant que Mike Meyers ne soit amené à le remplacer. De facto, un film qui du point de vue de son acteur principal est si mauvais au point d’en chialer n’est pas bon signe. Pourtant, Le Ninja de Beverly Hills ne l’est pas tant que ça et a ses fans, dont Christian Bale. Certes on n’est pas dans le haut du panier de la comédie US, ni face à un film hilarant du début à la fin, mais il reste un petit film sympathique. De quoi passer un bon moment, rien de plus rien de moins.

Chez les ninjas, une légende raconte que le plus grand pratiquant du ninjutsu arrivera par la mer et qu‘il sera blanc. Un beau jour, un clan de ninja trouve une malle échouée sur la plage dans laquelle y est enfermé un bébé blanc, que le Senseï va adopter pensant y voir l’incarnation de ladite légende. Celui qui est prénommé Haru, est-il le grand ninja blanc de la légende ? Et bien pas vraiment, Haru est du genre maladroit. Il casse tout ce qu’il touche et chacune de ses actions vire à la catastrophe, et puis bon, on sait tous que le seul ninja blanc légendaire, c’est Michael Dudikoff. Ils se sont bien plantés donc, et Haru finit par faire la connerie de trop : en voulant se prendre pour un ninja en acceptant une mission d’une américaine qui soupçonne son petit ami d’être un trafiquant de faux billets, il se retrouve accusé d’un meurtre mais compte bien achever sa mission en partant pour Beverly Hills, à la joie du clan qui voit ici l’occasion de se débarrasser du ninja blanc, mais au désespoir de Gobei, son frère d’arme et meilleur ninja du clan, que son Senseï envoit pour l’assister dans l’ombre. Commence donc une grande aventure pour Haru, qui ne connaît rien de la vie extérieure, ni même de la personne qu’il est censé retrouver puisque la dame lui a filé un faux nom et qu’une femme belle et blonde à Beverly Hills, c’est bien plus commun qu’un ninja blanc. Dans le fond, Le Ninja De Beverly Hills ne brille pas par l’ intelligence de son scénario un peu bête il faut l’avouer. En guise d’exemple : les ninjas parlent tous Ricains, idéal pour élever un petit blanc destiné à découvrir l’Amérique, et ne semblent pas vivre tant que ça dans l’ombre vu la facilité avec laquelle ils sont trouvables. Le coté parcours initiatique d’un personnage qui va découvrir un monde dont il ignore tout ne tient pas debout une seconde et n’est de toute façon pas exploité en dehors d’une scène ou deux qui tentent vainement de jouer sur la différence de culture entre le Japon et les États-Unis. Ce n’est de toute façon pas le moteur de l’humour du métrage, parfois répétitif, qui va se reposer essentiellement sur deux composantes pour faire rire son auditoire : la bêtise de Haru, qui prend sous son aile un jeune black (Chris Rock, toujours avec ce sourire que même la gifle de Will Smith n’a pas réussi à effacer) et Gobei (Robin Shou, qui a dû tout faire entre Mortal Kombat et ce film, sauf passer chez le coiffeur) qui va s’en prendre indirectement plein la gueule de par les conséquences des actions de son frère d’arme, aussi anodines soit-elles.

La grande réussite de Le Ninja De Beverly Hills, c’est justement ce second point. Frôlant la mort une dizaine de fois, toujours camouflé quelque part pour aider Haru et faire avancer le scénario par ailleurs très bien rythmé, les apparitions de Gobei sont au pire amusantes, au mieux franchement hilarantes. En ce qui concerne Haru, le résultat est en demi teinte. Si les gags l’impliquant sont réussis pour la plupart, le personnage parle en revanche beaucoup trop. Ce qui n’aurait pas été un mal si c’était pour lui faire dire des choses drôles, ce qui est au final rarement le cas. Les dits dialogues se résument à des proverbes de sa conception ou des phrases qui commencent presque toutes par « un vrai ninja », ce qui donne un aspect parfois lourdingue au personnage dont l’écriture des répliques laisse à désirer. Ce qui n’enlève rien à l‘énergie et l’implication de son interprète. A l’instar de Sammo Hung, Chris Farley fait preuve d’une élasticité étonnante au vu de son poids, qu’il met à profit dans Le Ninja De Beverly Hills. Le comédien a fait toutes ses cascades lui-même et cela se sent dans des scènes d’action qui évitent les poncifs de mise en scène et de montage censés camoufler les cascadeurs à l’écran, notamment dans les bastons qui par ailleurs contiennent quelques plans un minimum soignés pour un produit du genre. Tout cela fait basculer Le Ninja De Beverly Hills dans la moyenne et demeure un film sympathique. Mais si le métrage dans sa globalité fait le job, cela ne fait en rien oublier la lourdeur des dialogues de son personnage principal, des gags répétitifs et d’autres parfois crispants.

LES PLUS LES MOINS
♥ Chris Farley
♥ Robin Shou qui s’en prend plein la gueule
♥ L’humour qui de l’amusant à l’hilarant la plupart du temps
♥ C’est rythmé
♥ Il y a de l’action
⊗ Les dialogues lourdingues du personnage principal
⊗ Certains gags répétitifs
⊗ D’autres parfois crispants

Le Ninja De Beverly Hills ne fait pas partie de ce qui s’est fait de mieux en terme de comédie US. C’est parfois lourd, crispant et répétitif, mais l’énergie de Chris Farley, le personnage hilarant campé par Robin Shou et des gags qui dans la globalité font le job, font de ce film une comédie pas indispensable, mais tout de même sympathique.



Titre : Le ninja de Beverly Hills / Beverly Hills ninja
Année : 1997
Durée : 1h28
Origine : USA
Genre : American ninja
Réalisateur : Dennis Dugan
Scénario : Mark Feldberg et Mitchell Klebanoff

Acteurs : Chris Farley, robin Shou, Nicollette Sheridan, Chris Rock, Nathaniel Parker, Soon-Tek Oh, Keith Cooke, François Chau

Beverly Hills Ninja (1997) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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