[Film] Fatman, de Eshom et Ian Nelms (2020)


Un père Noël tapageur et peu orthodoxe lutte contre le déclin de son commerce. Au même moment, après avoir reçu un morceau de charbon dans sa chaussette de Noël, Billy, un adolescent de douze ans, engage un tueur à gage afin d’éliminer le père Noël.


Avis de Cherycok :
En 2004 sort La Passion du Christ réalisé par Mel Gibson qui lui vaudra de vives critiques, le film étant pointé du doigt pour des passages d’une extrême violence graphique et pour des messages supposés antisémites. Deux ans plus tard, il réalise le brutal Apocalypto qui lui aussi provoque moult débats, surtout que l’image publique de Mel Gibson s’en retrouve elle-aussi écorchée à cause de propos parfois très douteux dans des interviews. Ce dernier décide de sortir complètement des radars et ce n’est qu’en 2010 qu’il fait son retour, par la petite porte, dans des productions plus discrètes, alors qu’il était devenu avant cela un des acteurs les plus bankables de Hollywood. On le voit dans des productions modestes comme Blood Father, dans des petits rôles comme dans Expendables 3 ou Machete Kills. Mais le Mel semble reprendre du poil de la bête et en cette année 2020, il est présent dans pas moins de trois films : le mauvais Force of Nature, le très fun Boss Level, et l’improbable Fatman qui nous intéresse ici dans lequel il interprète le Père Noël. Oui, le Père Noël. Mais un Père Noël un peu particulier.

Ce Père Noël, il s’appelle Chris Cringle. C’est un homme vieillissant, à la grosse barbe blanchâtre, se déplaçant en Ford F150 Ranger, et il est bougon, aigri. Il travaille pour le gouvernement qui tous les ans lui fait un chèque pour faire tourner sa fabrique à jouets afin de les distribuer le soir de Noël. Sauf que le contrat stipule que l’argent qu’il perçoit dépend du nombre de cadeaux distribués et de plus en plus d’enfants n’en reçoivent pas car ils ne sont pas sages, la magie de Noël semblant s’estomper peu à peu. Du coup, Chris a du mal à payer ses factures. Épaulé par sa femme, il se noie néanmoins dans un combo shots de whisky / aspirines. Afin d’éviter la fermeture de son entreprise sans âge et de mettre au chômage des milliers de lutins, il accepte de travailler pour l’Armée Américaine et ses locaux serviront à fabriquer des pièces pour l’armement, les lutins ayant un rendement sans commune mesure. Pendant ce temps-là, un fils de riche tête à claques ne supporte pas d’avoir reçu un morceau de charbon pour Noël. Et oui, fallait être sage et surtout moins con mon petit gars. Il va faire appel à son plus fidèle tueur à gage et va lui confier une mission très simple : tuer le Père Noël. Ça tombe bien parce que ce tueur de sang-froid a également une dent contre le Père Noël et il va prendre sa nouvelle mission très au sérieux. Mais encore faut-il arriver à trouver la maison du Père Noël et que ce dernier accepte de se faire dessouder. Je vous le donne en mille, il ne va pas se laisser faire. Je vous l’ai dit, il est bougon le Père Noël, très bougon.
Le scénario de Fatman va prendre un malin plaisir à détourner le mythe du Père Noël en essayant de garder constamment un décalage entre la réalité et le mythe. Une autre vision de Noël en quelques sortes, où le Père Noël est quelqu’un de très humain, presque comme les autres, qui mène une vie normale, avec ses hauts, ses bas, ses espoirs, ses travers.

Le scénario est clairement bien barré et ses personnages sont une de ses forces. Mel Gibson est impeccable et semble prendre un malin plaisir à incarner ce Père Noël aigri. En face de lui, on retrouve Walton Goggins (Les 8 Salopards, la série The Shield) dans le rôle du tueur à gage imperturbable. Il est tout bonnement génial. Même si on a parfois l’impression qu’il a toujours ce même jeu de psychopathe, il est vraiment très bon, arrivant presque à voler la vedette à Mel Gibson. Marianne Jean-Baptiste (Robocop, la série FBI Portés Disparus) est toute en sobriété, toujours très juste. Fatman est un peu long à démarrer car il essaie de bien poser son univers assez particulier. Nous sommes ici dans une comédie noire, un peu acerbe, qui va essayer de semer le doute chez le spectateur pendant une bonne partie du film. Est-ce le vrai Père Noël ? On le saura au bout d’un moment. Le film passe pas mal de temps à installer ses personnages et essaie de faire monter la pression. Il faut avouer que c’est malgré tout parfois un peu longuet, d’autant plus que la mise en scène des frères Nelms (Waffle Street, Small Town Crime) n’a rien d’exceptionnel. Certes, c’est carré, mais il n’y a aucune folie, avec une photographie lambda, et un montage classique. Fatman n’est en plus que peu subversif alors qu’avec un tel pitch, il aurait pu l’être d’avantage. Le délire n’est pas poussé à bloc, comme s’il n’était pas assumé à fond et le film reste au final très sage. Mais l’histoire nous tient en haleine malgré tout grâce à des scènes parfois improbables (la cantine des lutins par exemple) et des personnages funs (le tueur à gage qui a une passion pour les hamsters), jusqu’au duel final intense, sans aucune musique, avec juste ce bruit typique du vent dans la neige et un petit côté western spaghetti (la musique façon Morricone à la toute fin est là pour le confirmer). Un dernier acte très violent, bien sanglant par moments même, qui vient clôturer en beauté un film loin d’être parfait mais néanmoins très chouette.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le scénario barré
♥ Le casting impeccable
♥ L’affrontement final
♥ L’ambiance générale
⊗ Un peu trop long à démarrer
⊗ Mise en scène passe-partout
Fatman, c’est ce genre de film qui aurait pu faire bien mieux dans tout ce qu’il entreprend, mais qui reste néanmoins éminemment sympathique. Un film de Noël pour adultes plutôt original, qui confirme que Mel Gibson a envie de revenir sur le devant de la scène en interprétant des rôles forts.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le personnage de Walton Goggin rentre dans un magasin appelé Nelms. Le film est écrit et réalisé par les frères Nelms, Eshom et Ian.

• L’un des hamsters utilisés pour jouer le rôle de l’animal de compagnie de Walton Goggins dans le film figure également dans le drame COVID-19 Belated Days (2020).

• En écoutant la radio, Chris Cringle entend que deux enfants ont lancé une boule de bowling sur un viaduc de l’autoroute. Il s’agit d’un événement réel. Beavis et Butthead l’ont également fait dans un épisode du dessin animé.



Titre : Fatman / Le Père Noel doit Mourir
Année : 2020
Durée : 1h40
Origine : U.S.A / Canada / Angleterre
Genre : Faut pas faire chier Papy Noël
Réalisateur : Eshom Nelms, Ian Nelms
Scénario : Eshom Nelms, Ian Nelms

Acteurs : Mel Gibson, Walton Goggins, Marianne Jean-Baptiste, Chance Hurstfield, Susanne Sutchy, Robert Bockstael, Michael Dyson, Deborah Grover

 Fatman (2020) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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