[Film] Escape From Pretoria, de Francis Annan (2020)


L’histoire vraie de l’incarcération et de l’évasion de deux activistes anti-Apartheid, Tim Jenkin et Stephen Lee, en Afrique du Sud en 1978. Incarcérés dans la prison de sécurité maximale de Pretoria, ils décident d’envoyer un message clair au gouvernement et de s’échapper !


Avis de Cherycok :
Avec le COVID-19, il y a pas mal de films qui sont passés en dehors du radar. Salles de cinéma fermées, films mis directement en VOD pour essayer de compenser la perte d’argent, sorties tout simplement repoussées, … il est clair que la période n’a pas été des plus propices pour sortir de nouvelles productions cinématographiques. C’est dommage que certains films aient été éclipsés de la sorte car ils méritaient qu’on s’y intéresse. C’est le cas d’Escape From Pretoria de Francis Annan, réalisateur anglais peu prolifique s’étant surtout illustré dans le milieu du court métrage. L’histoire vraie d’une évasion de prison en Afrique du Sud en plein Apartheid qui, malgré un côté un peu plat, possède bien des atouts pour permettre au spectateur de passer un bon moment.

Le scénario d’Escape From Pretoria est basé sur le livre autobiographique Inside Out : Escape From Pretoria de Tim Jenkin. C’est donc l’histoire vraie de Tim Jenkin, prisonnier politique anti apartheid enfermé en 1978 à la prison de Pretoria, qui s’est juré de s’échapper de prison afin s’envoyer un message fort au gouvernement. On y suit donc les mésaventures de Tim Jenkin et de son compagnon Stephen Lee dans les cellules glauques de la prison en plein Apartheid. Une prison pour blancs dans laquelle sont séparés les meurtriers des prisonniers politiques. Là, ils retrouvent des gens ayant les mêmes convictions qu’eux et décident de réfléchir à un plan d’évasion même si personne n’a jusque-là réussi. Mais l’envie de liberté est plus forte que tout, surtout qu’ils jugent avoir été enfermés pour des raisons non recevables. Après diverses réflexions sur les différentes possibilités, ils n’en voient qu’une seule, certes risquée, mais néanmoins réalisable : passer par la grande porte. Ils n’ont pas les clés, mais ils peuvent en fabriquer puisqu’ils ont accès à l’atelier de menuiserie de la prison. Seul problème, les gardes sont partout et ils seront sans pitié s’ils se font attraper.
Difficile de faire original de nos jours dans un film de prison, que ce soit au niveau des films (Cell 211, Midnight Express, Prison on Fire,…) ou des séries (Oz, Orange is the New Black,…). Les représentants du genre sont nombreux et tout semble déjà avoir été fait en termes d’évasion, de violences carcérales, de vie quotidienne ou encore de regroupements en clans (souvent raciaux ou religieux). Soyons honnêtes, Escape From Pretoria ne va en rien révolutionner quoi que ce soit. On va forcément penser aux Evadés de Frank Darabont -on y retrouve d’ailleurs un clin d’œil (la scène avec le repose-photo)- mais le film va malgré tout développer son ambiance à lui, avec son climat politique particulier qui aura marqué tout une population en Afrique du Sud.

La mise en scène de Francis Annan est carrée, avec des images plutôt belles et quelques plans astucieux (la caméra à l’intérieur de la serrure lors de l’ouverture des portes). Mais la construction du film va être somme toute très classique. On aura en guise d’introduction les évènements qui auront conduit les héros en prison, puis leur arrivée dans ce nouveau monde pour eux, leur acclimatation et leurs rencontres, le quotidien rythmé par la conception de leur plan d’évasion, pour finir sur ladite évasion. Le scénario va essayer de coller au mieux à la réalité en essayant d’être le plus fidèle possible au livre. Le vrai Tim Jenkin a d’ailleurs été consultant sur le film et a même droit à un petit rôle en tant que prisonnier. Il n’y a guère de réelle surprise dans le déroulement, mais le réalisateur va arriver à instaurer à son film un léger suspense avec les ficelles habituelles du genre qui permettra, malgré un rythme assez lent, de ne jamais trouver le temps long. Escape From Pretoria tient en partie sur les épaules de son casting plutôt efficace. Daniel Radcliffe continue son exploration de rôles différents, comme pour vraiment de se détacher de l’étiquette Harry Potter qui lui colle à la peau, et ça lui réussit plutôt bien. On constate que son jeu d’acteur se renforce de film en film même s’il reste parfois un peu maladroit dans certaines expressions. Mais il est plutôt bien accompagné puisque Ian Hart (Harry Potter, Ennemi d’Etat), Daniel Webber (The Punisher, The Dirt) et Mark Leonard Winter (les séries Top of the Lake et Cop Hard) s’en sortent à merveille. On n’échappe par contre pas aux personnages stéréotypés mais malgré des gardiens détestables et les personnages tendancieux, le film va beaucoup plus s’axer sur la violence psychologique que physique contrairement à beaucoup d’autres films du genre. On ne peut néanmoins s’empêcher de penser qu’Escape From Pretoria manque de scènes chocs pour le rendre vraiment marquant et au final, même s’il se regarde tout seul, l’ensemble s’avère un peu plat. L’évasion en elle-même est bien plus astucieuse que le film.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des acteurs convaincants
♥ Suspense bien dosé
♥ Mise en scène carrée
⊗ Personnages peu développés
⊗ Déroulement ultra classique
Escape From Pretoria, c’est un peu comme un bon plat qui manquerait d’assaisonnement : pas mauvais mais un peu fade. C’est bien fait, on ne s’ennuie pas, mais pas de quoi sauter au plafond.

LE SAVIEZ VOUS ?
• La clé en bois utilisée pour la porte 10 dans le film est en fait la vraie clé utilisée par Tim Jenkin lors de son évasion. Ce dernier l’a gardé avec lui durant des années et a accepté de la prêter pour le tournage.
• Même s’il a fallu rajouter quelques éléments ou personnages fictifs à l’histoire, Tim Jenkin, présent lors du tournage, a assuré que de nombreuses scènes étaient quasi identiques à ce qu’il avait vécu dans cette prison.
• En 1991, les trois évadés Tim Jenkin, Stephen Lee et Leonoard Fontaine ont tous les trois été « pardonnés » par le Président sud-africain de l’époque F.W. de Klerk.
• C’était au départ Sam Neill (Jurassic Park, l’Antre de la Folie) qui devait interpréter le rôle de Denis Goldberg tenu par Ian Hart.


Titre : Escape From Pretoria
Année : 2020
Durée : 1h46
Origine : Angleterre / Australie / U.S.A / Afr. Du Sud
Genre : Les clés de la liberté
Réalisateur : Francis Annan
Scénario : Francis Annan, L.H. Adams

Acteurs : Daniel Radcliffe, Ian Hart, Daniel Webber, Nathan Page, Mark Leonard Winter, Stephen Hunter, Ratidzo Mambo, Jeanette Cronin, Grant Piro

 Escape from Pretoria (2020) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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