[Film] Dr Wong en Amérique, de Sammo Hung (1997)

Accompagné de ton disciple Pied-bot et de Tante Yee, le Dr. Wong Fei-Hung en Amérique pour visiter une succursale de sa fameuse clinique. A la suite d’une attaque d’indiens, Wong est frappé d’amnésie. Il est recueilli par une tribu de peaux-rouges pacifistes. Mais alors que ses amis tentent de le retrouver, des bandits qui terrorisent la région cherchent à faire accuser la communauté chinoise.

Avis de Cherycok :
Once Upon a Time in China and America…. Dr Wong en Amérique par chez nous… Sixième et ultime volet de la saga Il Était une Fois en Chine de Tsui Hark… Très joli succès à Hong Kong, rapportant plus de 30M$HK, soit le deuxième meilleur score de la série, à une époque où, avec la rétrocession, le cinéma local est un peu en berne. Et pourtant, ce sixième film est en général le mal aimé de la saga, souvent boudé par des fans qui n’y retrouvent plus l’âme des premiers films, qui le trouvent trop américanisé, ou tout simplement mauvais. Alors c’est certain, il ne faut pas s’attendre à la réussite des deux premiers films, ce n’est d’ailleurs clairement pas l’objectif du film qui se veut avant tout un divertissement pur et dur, mais il ne mérite clairement pas les critiques assassines qu’on lui attribue depuis bientôt trente ans. Certes, venant d’une production Tsui Hark réalisée par Sammo Hung, c’est compréhensible que le public soit déçu, mais objectivement, Dr Wong en Amérique reste un sympathique divertissement plein d’action, parfois très drôle.

Alors oui, l’intrigue du film est dans aucun doute la plus faible des six films. La structure globale du scénario est très mince et rien n’est réellement approfondi ce qui gâche effectivement une partie du plaisir du film. L’idée de centrer l’histoire sur la forte immigration de la population chinoise aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle et de mettre au milieu un Wong Fei-Hung qui perd la mémoire accidentellement était une idée plus qu’intéressante. Mélanger western et kung fu, bien que cela ait déjà été fait auparavant avec des films tels que Mon Nom est Shangaï Joe (1973), La Brute, Le Colt et le Karaté (1974) ou encore Le Tigre de la Rivière Kwaï (1975), pouvait amener un peu de fraicheur à une saga qui ne faisait plus réellement recette depuis le quatrième film. Cela permet à Sammo Hung de mettre en image le racisme anti-asiatique de cette époque avec des chinois qui sont malmenés et même parfois menacés de mort. Le problème, c’est cette discrimination n’est pas correctement traitée et il n’y a aucune scène où c’est pleinement et émotionnellement correctement traitée car ce n’est au final pas ce qui semble intéresser Sammo Hung. Pire encore, c’est parfois historiquement incohérent mais au final, cela importe peu. Cela importe peu car ce Dr Wong en Amérique est réellement à voir comme une petite parenthèse amusante et dépaysante du personnage de Wong Fei-Hung, une petite parenthèse qui ne cherche réellement qu’à proposer un divertissement léger, bien que parfois violent (Sammo Hung oblige), où la suspension d’incrédulité doit être de mise. Il ne faut rien y voir de plus qu’un petit voyage de Fei-Hung au pays des cowboys où Jet Li, qui revient dans la série après le troisième film, va casser du gweilo déguisé en cowboy dans la joie et la bonne humeur. Oui, Dr Wong en Amérique tient plus du gros délire que du film martial sérieux et se veut bien plus axé comédie que les autres opus. Fini l’aspect historique des trois premiers films, les opus 4 et 5 avaient déjà commencés dans cette voix, Dr Wong va s’amuser avec tout ce que cette rencontre entre Orient et Far-West peut amener de comédie et de délires.

Ici, rien n’est réellement sérieux et on sent que tout le monde passe du bon temps. Certes, il ne faut pas être trop regardant sur le fait que tout le monde semble parler parfaitement anglais, que les indiens ne sont pas réellement indiens, que les gweilos jouent tous sans exception comme des patates ou qu’ils ne savent pas tous réellement se battre. Même si c’est légitime, s’attarder sur ce genre de chose gâchera certainement le visionnage. Voyez plutôt Dr Wong en Amérique comme une comédie d’aventure, comme un gros délire dans lequel l’humour typiquement cantonais va bien plus loin que dans les volets précédents, avec cette intrigue pas crédible pour un sou mais qui amène souvent du comique de situation, voire un humour slapstick. Et puis voir tous ces cowboys se faire botter le derrière par un Jet Li toujours aussi impassible, ça a quelque chose de souvent assez jouissif. D’autant plus que les scènes d’action, dirigées par Sammo Hung lui-même, sont d’un très bon niveau. Les combats, certes au final peu nombreux, sont longs et vraiment réussis, comme lorsque Dr Wong et son groupe sont attaqués par les indiens ou que Wong Fai-Hung combat le chef terroriste hispanique. Certes, ces scènes ne sont pas meilleures que ce qu’on a pu voir dans les deux premiers films et ne sont pas très originales, mais elles restent néanmoins d’un excellent niveau, surtout à une époque (l’année de la rétrocession) où les combats réellement martiaux n’étaient quasiment plus présent dans la production cinématographique hongkongaise. Et puis ce mélange de terre désertiques et de paysages champêtres, cette histoire, aussi bancale soit-elle, jouant avec tous les codes du western, apportent mine de rien un peu de nouveauté à la série. Alors oui, Dr Wong en Amérique n’est peut-être pas un indispensable de la série, n’est peut-être pas un indispensable du cinéma de Hong Kong, mais si on le prend pour ce qu’il est réellement, on prend du plaisir et c’est bien ça le principal non ?

Titre : Dr Wong en Amérique / Once Upon a Time in China and America / 黃飛鴻之西域雄獅
Année : 1997
Durée : 1h39
Origine : Hong Kong
Genre : Dr Wong chez les indiens
Réalisateur : Sammo Hung
Scénario : Szeto Cheuk-Hon, Sze Mei-Yee, Sharon Hui

Acteurs : Jet Li, Rosamund Kwan, Hung Yan-Yan, Chan Kwok-Pong, Jeff Wolfe, Patrick Lung Kong, Richard Ng, Ron Ring, Ryon Marshall, Freddy Joe, Joe Sayah, Roger Yuan