[Film] Desierto, de Jonas Cuaron (2015)


Désert de Sonora, Sud de la Californie. Au cœur des étendues hostiles, emmené par un père de famille déterminé, un groupe de mexicains progresse vers la liberté. La chaleur, les serpents et l’immensité les épuisent et les accablent… Soudain des balles se mettent à siffler. On cherche à les abattre, un à un.


Avis de Cherycok :
Le grand public connait Alfonso Cuaron. Gravity, Les Fils de l’Homme, Harry Potter 3, Y tu mama Tambien, c’est lui. Mais le grand public connait bien moins son fils, Jonas Cuaron, scénariste de ce même Gravity, et réalisateur de quelques courts et de deux longs métrages : Año uña en 2007, et Desierto en 2015, sorti chez nous en 2016. Nous allons nous intéresser à ce dernier. Coproduction franco-mexicaine d’à peine 3 millions de dollars, Desierto est un survival tout ce qu’il y a de plus classique, avec tout ce que cela comporte de clichés inhérents au genre, de personnages aux archétypes vus et revus et de situations sans réelle surprise. Pourtant, Desierto n’est pas dénué d’intérêt, très loin de là même, grâce à une mise en scène qui a de la gueule et une vraie volonté de bien faire malgré un budget très serré.

Le scénario de Desierto tient sur un quart de post-it. Un groupe de mexicains se fait tirer dessus par un texan un peu taré sur les bords alors qu’ils tentent de passer clandestinement la frontière à l’aide d’un passeur. Le danger est omniprésent : la nature hostile à base de paysages escarpés et de flore piquante, la faune pas des plus accueillante, la chaleur écrasante par 48°, et bien entendu les balles qui sifflent de partout et nulle part. Avouez que niveau originalité, on repassera. En ce qui concerne les personnages, c’est pareil. Jeffrey Dean Morgan (The Salvation, Watchmen, Walking Dead) interprète le cliché du texan bourrin, raciste et alcoolique dans toute sa splendeur. Il en est de même du côté du groupe des Mexicains : le jeune père de famille qui doit son instinct de survie à un enfant qui l’attend de l’autre côté de la frontière, la jeune fille accompagnée d’un vieux qui a envie de visiter son entrejambe, le « gros » qui va ralentir tout le monde, … Il est assez facile de définir d’entrée de jeu l’ordre dans lequel ils vont se faire dégommer par notre redneck poivrot xénophobe, tout comme les situations auxquelles ils vont être confrontées (le nid de serpents à sonnette, le passage avec un peu trop de cactus, …).
Il ne se passe clairement rien de nouveau qu’on n’ait pas vu et revu des dizaines de fois dans ce deuxième film du fiston Cuaron. Même son déroulement fait dans l’ultra classique, sans aucun rebondissement, sans réel enjeu, sans réelle ambition. Tout du moins en apparence… Car Desierto a bien d’autres atouts dans sa manche.

Ces clichés de personnages vont malgré tout avoir un avantage : ils vont nous permettre de nous intéresser aux deux vrais personnages les plus intéressants du film. Tout d’abord, il y a le chien du personnage de Jeffrey Dean Morgan, un berger malinois qui est le reflet de son maitre, semblant né pour traquer, né pour tuer, et il a une place prépondérante dans la tension omniprésente de Desierto, allégorie de l’animosité du prédateur (son maitre) face à ses proies (les migrants mexicains) . L’autre personnage, c’est le désert, forcément omniprésent, hostile, étouffant, et surtout l’exploitation optimum qu’en fait le réalisateur. Les reliefs naturels, les dénivelés, la lenteur de progression des différents protagonistes sur ces paysages escarpés donnent à la traque une dimension assez intense, Cuaron prenant un malin plaisir à placer sa caméra toujours de manière impeccable afin de rendre l’ensemble toujours visuellement homogène. De manière générale, c’est toute la mise en scène de Jonas Cuaron qui est à saluer. La photographie y est superbe, le montage toujours lisible et la bande son souvent discrète (mais pourtant bel et bien présente) vient accompagner le film de bien belle manière. Ce dernier exploite son maigre budget de 3M$US à la perfection. On pourra reprocher au film de ne pas approfondir ses personnages mais dans un sens, à quoi bon ? Le groupe de mexicains qui se fait traquer n’est qu’un groupe parmi tant d’autres, anonyme, comme il en passe tous les jours à la frontière américaine. C’est aussi ça que voulait souligner le réalisateur, ce drame social encore plus d’actualité avec le gouvernement Trump (qui n’était pas encore au pouvoir à la sortie du film). Le parti pris est efficace, tout comme le film dans son ensemble.

LES PLUS LES MOINS
♥ Mise en scène superbe
♥ Tension crescendo
♥ Les acteurs plutôt bons
⊗ Aucune surprise
⊗ Beaucoup de clichés
Court, tendu, visuellement superbe, Desierto ne dépassera malheureusement pas le stade du simple divertissement sympathique, la faute à un manque flagrant d’originalité dans tout ce qu’il propose.



Titre : Desierto
Année : 2015
Durée : 1h24
Origine : Mexique / France
Genre : Un peu plus de désert ?
Réalisateur : Jonas Cuaron
Scénario : Jonas Cuaron, Mateo Garcia

Acteurs : Gael Garcia Bernal, Jeffrey Dean Morgan, Alondra Hidalgo, Diego Cataño, Marco Perez, David Peralta Arreola, Oscar Flores Guerrero, Erik Vazquez

 Desierto (2015) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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