Dans le Canton des années 40, un jeune voyou essaye de rejoindre le gang des Haches en défiant des maitres en Kung Fu se faisant passer pour des propriétaires d’immeubles populaires où règne une faune particulièrement déjantée !
Critique – Stephen Chow – Bruce Leung
Yuen Wah – Yuen Qiu – Tin Kai Man
Ce qui a fait la faiblesse de beaucoup de films asiatiques ces dernières années était la volonté de conquérir à tout prix les marchés internationaux avec une tendance à gommer son identité propre. Il en résultait des films pour la plupart chèrement produits, vites consommés, et au final fades et creux. Bénéficiant de moyens conséquents en provenance de Chine, de Hong Kong et des USA, et d’une excellente qualité de production, Kung Fu Hustle, la dernière réalisation du comique numéro 1 de HK Stephen Chow échappe à cette tendance. Même s’il a un vrai potentiel pour conquérir les marchés occidentaux, Kung Fu Hustle est avant tout un film de kung fu respectant la tradition du genre et qui de plus est accessible à tous. Hommage au cinema de HK, il est une belle démonstration du meilleur qu’offre cette industrie : le kung fu, la kung Fu comedy et le molaito. Voyons dans quelles mesures Kung Fu Hustle englobe ces genres uniques et passionnants.

Le titre original du film annonce la couleur, « Gung Fu », ou Kung Fu en Mandarin, indique qu’il s’agira clairement d’un Kung Fu Pian, un film de Kung Fu. Comment pourrait-il en être autrement avec les maîtres du genre associés au film dans l’équipe technique ou le casting (Sammo Hung, Yuen Woo Ping, Yuen Wah, Tung Chi Hwa, Bruce Leung…) ? Et surtout la référence au genre, Bruce Lee, que Chow admire tant (son ombre plane sur chacun de ses films) et dont il endosse la défroque pour la confrontation finale. Même si Chow aime à dire dans ses interviews qu’il n’imite pas le Petit Dragon par respect et que son costume dans Kung Fu Hustle n’est qu’un habit traditionnel chinois il ressemble fortement à celui de Bruce Lee dans La Fureur de vaincre.

Les films appartenant au genre Kung Fu ont une trame identique : «le héros, vaincu ou humilié par son ennemi ou suite à la perte de son maître ou d’un être cher, apprend une nouvelle technique de combat qui lui permettra de se venger». SPOILERS- Ici, un jeune homme naïf (Chow donc) mais attiré par l’argent et le pouvoir tente de rejoindre un clan de gangsters violents et stupides, le clan des Haches qui sévit dans la région. Pour ce faire il doit éliminer par tous les moyens une bande de maîtres en arts martiaux récalcitrants. Toutes les tentatives sont vaines et notre ami est contraint de délivrer un maître surpuissant et incontrôlable. Chow se retrouve au sein d’une confrontation qui depasse son entendement et y perd des plumes. Les talents martiaux du jeune benêt s’éveilleront finalement et il se tournera du coté de la vertu martiale et de la cause la plus juste. -FIN SPOILERS Le genre est donc ici respecté à la lettre.

Or donc, si les combats de kung fu sont légions, les gags ne manquent pas. Et ils inscrivent ainsi Kung Fu Hustle au sous-genre de la Kung Fu Comedy. Initiée dans les années 70 par Jackie Chan et Yuen Woo Ping et par Sammo Hung, ce sous-genre avait la caractéristique de contrebalancer les scènes d’action intenses par des gags, plus ou moins réussis, et permettant ainsi d’équilibrer le film entre climax violent et moments de détente. Si à l’époque les gags lourds étaient nombreux et prenaient parfois le pas sur l’action ou trop en décalage avec le ton du film, ici les gags issus du Mo Lai To, sont bien alternés avec les combats.

La comédie mo lai to (« n’importe quoi » littéralement), est le genre dans lequel excelle Chow et qui a fait sa réputation auprès du public asiatique très demandeur de ce type d’humour. Si pendant plus d’une décennie, Chow a officié dans le molaito, comprenez gags toutes les minutes et scénario au second plan, « on fait rire le public sur le moment », ici l’animal a su canaliser sa force créatrice et humoristique. Comme à son habitude, il ajoute donc sa marque de fabrique au film, son molaito traditionnel. Des gags scatologiques, des gueules pas possible, un humour décalé, des seconds rôles délirants, des situations cartoonesques (Tex Avery en serait fière) et un héros naïf mais au bon cœur, restent les éléments majeurs de ses films. Mais ici il n’y a pas d’accumulation de gags comme avant, ils s’intègrent dans la construction de récit. Les gags et les combats vont jouer alors un rôle essentiel dans la présentation et l’évolution des protagonistes et la progression du récit. Les moments comiques sont d’ailleurs en parfait équilibre avec les scènes d’action et créent une atmosphère propre au film, pas excessif dans le n’importe quoi, mais pas extrêmement sérieuse non plus. Le métrage en devient réellement divertissant et surprenant, c’est un sorte de cartoon live ! Donc tout est possible et encore plus aujourd’hui avec les effets spéciaux numériques qui mettent cette folie en image.

Chow ne se contente pas de nous resservir du vieux Kung Fu comedy et son moleitau d’antan. Il propose sa vision du genre en en rajeunissant la forme et lissant les bords pointus. Il a largement recours aux effets spéciaux. Des trucages proches de ceux de Shaolin Soccer pour amplifier les coups (une boule de feu se transforme en poing gigantesque), ou démontrer la force ou les intentions des combattants (un orage fantasmé évoque la méchanceté profonde d’un adversaire). Par ailleurs, le métrage délivre un message positive et reste humaniste. Si les films de Bruce Lee montraient la force brute et la vengeance, parfois jusqu’à la folie (voir la névrose du héros de La Fureur de Vaincre), il n’y a pas de loi du talion ni de sadisme ici. La violence du film reste contenue. Certes il y a du sang, des coups portés et les effets de force de frappe sont impressionnants, mais le héros ne s’acharne pas, les méchants se massacrent entre eux ou vaincus, ils se repentent. Bref les vengeances sanglantes et froides ou autres tueries finales inutiles sont absentes. Bien que le film s’ancre de par son genre et son traitement dans l’imaginaire chinois, il n’est pas imperméable. Chow maîtrise parfaitement son sujet et s’adresse à n’importe quel public. Les bons mots, les croyances et métaphores chinoises sont relativement simples à saisir. On y évoque par exemple la puissance de Bouddha comme force divine invulnérable.

En fait le vrai talent de Chow est de ne pas proposer qu’une série de combats mais aussi une vision très personnel et poétique du kung fu ce qui donne lieu à des moments intenses. Ainsi les scènes d’action sont sublimées par des métaphores ou une vision traditionnelle et poètique des choses (une pluie de sabres, la métaphore de la transformation du jeune disciple en maître, de la chenille en papillon). Kung Fu Hustle reste ancré dans un genre chinois très codifié, et le réalisateur ne perd pas de vue son projet. Si le film est grand public, il n’en reste pas moins très personnel et ambitieux. Il prouve que Chow, un des meilleurs acteurs de HK, peut aussi écrire, produire et réaliser avec rigueur un film chinois non édulcoré, et rencontrer un succès public des plus mérités.

Notes du HKCinemagic :
Notons le caméo très particulier du chorégraphe de combats très connu Yuen Cheung Yan, en clochard vendant des livres d’apprentissage du kung fu.

Etant un film rendant hommage à la culture cinématographique de HK et la culture chinoise, Kung Fu Hustle est truffé de références. Jeff Lau à la co réalisation n’y est pas étranger. Quelques références en vrac donc et sans trop spoiler l’affaire : Eagle Shooting Heroes (de Jeff Lau justement !) est doublement cité avec les lèvres « saucisses de Tony Leung Chiu Wai pour commencer et le Kung Fu de la grenouille très impressionnant ensuite. Ce bon vieux Wu Xia Pian des années 60, Buddha’s Palm, permet au jeune maître de montrer ses talents de la Paume de Buddha ! Yuen Wah, moustachu et relaxe a la M. Chow de In The Mood For Love et 2046 ne se gène pas pour reluquer les filles. Les tambour et percussions lorsque le héros marche d’un pas léger sur les murs renvoie directement a la BOF de Crouching Tiger, Hidden Dragon… Et pour finir le couple de propriétaires d’immeubles populaires soupe au lait, fait directement référence au House Of 72 Tenants de Chu Yuan, le premier film à remettre au goût du jour les long-métrages tournés en langue cantonaise au début des 70’s.
Thomas Podvin 27/12/2004

Bonus du HKCinemagic :

Né à Hong Kong le 22 juin 1962, sa famille est originaire de Taïwan. Stephen Chow est l’un des trois enfants d’une famille pauvre. Admirateur de Bruce Lee, il commence à prendre des cours de kung fu très jeune mais doit s’interrompre au bout de six semaines, sa famille ne pouvant payer les cours.
Quelques années plus tard, il suit le 11e Artist Training Course de Television Broadcast Limited en 1981, dont il sort diplômé. Débutant sa carrière comme présentateur d’émissions enfantines (aux côtés de Tony Leung Chiu Wai) à la T.V.B. en 1983, le jeune Chow Sing-chi enchaîne en 1987 avec le cinéma dans le polar Final Justice de Danny Lee. De ce petit rôle, il en tire un prix au Taiwan Film Awards 1989.
Il reste alors dans le registre du policier pur et dur avec Defector (Dragon Fight) et Just Heroes. Mais il est vite repéré par le réalisateur de comédies Wong Jing (connu en France pour être le co-réalisateur de Niki Larson) qui l’engage pour jouer le rôle titre dans la parodie des Dieux du Jeux (interprété dans l’original par Chow Yun Fat). C’est d’ailleurs dans cette pseudo séquelle que Chow allait rencontré son futur complice et partenaire (au cinéma, bien entendu !) : l’hilarant Ng Man Tat, ainsi que sa sublime fiancée (toujours à l’écran !) : la merveilleuse Sharla Cheung Man (si si, c’est une fille). Bien entendu, le film est un succès et désormais, Chow restera cantonné dans des rôles de comique. Dans tous ces registres, le maître excelle dans le « Mo Lai To », l’art du non-sens visuel et verbal (un peu comme Leslie Nielsen dans les Y-a-t-il…), des dialogues speed et interminables (à la manière de Groucho Marx), et des grimaces à la Jim Carrey.
En 1996, il écrit, produit, interprète et réalise God Of Cookery. Le succès rencontré par le film marque un tournant dans sa carrière. En 1999, Stephen Chow obtient le Jade Outstanding Achievement Award avec God Of Cookery, dont il est producteur, réalisateur, scénariste et interprète. Le film bat le record du box-office de l’année avec plus de 30 millions de HK dollars.
Les incroyables triomphes de Shaolin Soccer en 2001 et maintenant de Kung Fu Hustle en 2005 vont enfin faire découvrir au monde occidental cette immense star asiatique.
Jean-Louis Ogé (Avril 2005)

Né en 1948, Bruce Leung vient d’une impressionnante famille d’artistes martiaux de cinéma puisqu’il est le frère aîné de Tony Leung Siu Hung et de Ten Kid Leung. Son père, Leung Siu Sang, était lui aussi un artiste martial accompli.
Sa carrière sur le grand écran commence en 1971, pour la Golden Harvest, avec The Invincible Eight. Il ne perd pas de temps pour se faire remarquer et obtient dés Hapkido, l’année d’après, le rôle d’un des principaux méchants qui donne du fil à retordre à Sammo. Les films suivants le voient rester dans cette gamme de rôles secondaires, se diversifiant aussi un peu en travaillant sur les chorégraphies, cela jusqu’à sa rencontre avec Ng See Yuen en 1974. Le réalisateur/producteur, encore à ses débuts en solo, va faire de Bruce son acteur fétiche pendant plusieurs années, lui donnant une orientation « nouveau Bruce Lee » très à la mode à cette époque. C’est ainsi qu’on peut le voir dans le pathétique Kidnap In Rome ou l’excellent Call Me Dragon. Ses superbes coups de pieds (il est reconnu pour sa capacité à frapper haut) ne lui permettront malheureusement pas de s’imposer dans ce registre. En parallèle de sa collaboration avec Ng, il continue à apparaître à l’occasion dans des productions Golden Harvest, (Broken Oath) et surtout dans des films de Kung Fu indépendants tournés à Taiwan de qualité on ne peut plus variable.
Au début des années 80, il choisit de s’orienter vers la TV, un choix judicieux puisqu’il y trouve de très bons rôles comme dans Legendary Fok, où Leung reprend justement le rôle de Chen Zhen interprété par Bruce Lee dans Fist Of Fury. Il se fait par contre de plus en plus rare au cinéma, apparaissant dans quelques productions Shaw Brothers de fin de règne. On peut également le voir travailler derrière les caméras, signant quelques chorégraphies, comme sur Rich And Famous aux cotés de son frère Tony.
En 91, Leung va passer quelques jours en Chine Continentale à l’invitation du ministère de la culture. Bien mal lui en prend ! Membre d’une association Taiwanaise, ce court passage chez l’ennemi lui ferme les portes du marché de la petite République pour 5 ans, signant l’arrêt de mort de sa carrière cinématographique. Finalement, après avoir joué dans un dernier film, Like Holy Eight Divine Cane, en 92 ; il abandonne à regret son métier d’acteur pour investir dans les affaires.
Dernièrement, il est revenu dans l’industrie en jouant, en 2000, dans une série TV tournée à Pékin et a décroché le rôle du méchant principal pour le Kung Fu Hustle de Stephen Chow.
Arnaud Lanuque (mai 2004)

Débutant lui-aussi dans l’école de Opéra de Pékin de ses amis (Jackie Chan, Sammo Hung, Yuen Biao, Lam Ching Ying et Corey Yuen Kwai), Yuen Wah (né en 1950) fit donc partie des 7 « Little Fortunes ». Comme eux, il entamera une carrière de cascadeur (il doublera d’ailleurs Bruce Lee dans presque tous ses films dont Enter The Dragon – Opération Dragon) et dirigera les combats de nombreux petits films. Malgré ses formidables aptitudes dans les arts martiaux, ce sera l’un des oubliés du cinéma hongkongais. En effet, à la différence de ses amis, Yuen Wah n’arrivera jamais à se faire un nom dans la réalisation ou parmi les grandes vedettes asiatiques.
Durant les années 70′, notre cher ami se contentera de petits rôles de second plan et de chorégraphies pendant près de 11 années dans des sombres navets à trois francs six sous et dans quelques films plus ambitieux avec notamment Ti Lung, Alexander Fu Sheng, Jimmy Wang Yu, ou David Chiang. Restant à l’ombre de ces stars et des bons cascadeurs-chorégraphes, il restera surtout dans nos mémoires comme l’un des plus méchants « bad guys » de l’industrie cinématographique HK de ces 20 dernières années.
Si on parcourt la filmographie de Yuen Wah, on s’apercevra qu’il n’a tourné que des rôles de petits pourris vicieux sournois antipathique moustachu aux yeux malifiques expert en kung-fu. En effet, ce physique assez particulier ne pouvait pas le prédestiner dans les rôles de jeunes premiers, et c’est donc en toute logique qu’il ne fera que des personnages de méchants. Celui qui reste le plus mémorable est sans doute celui de Eastern Condors – Condors Commando de son ami Sammo Hung (qui propulsera sa carrière) où il incarne un général vietnamien revêche à l’évantail particulièrement sadique. Dans l’affrontement final, Yuen Wah va donner du fil à retordre à Sammo et Biao. Même cas de figure dans le final du somptueux Dragons Forever où son cigare et une certaine désinvolture crèvent l’écran aux côté du spectaculaire Benny « The Jet » Urquidez. Tout comme son ami Yuen Biao, on remarque instantanément sa souplesse et sa force tranquille mâtinées d’un sadisme qui lui sied bien.
Peu d’acteurs peuvent se targuer d’interpréter aussi pleinement un vilain de cette stature. Et c’est en toute logique que l’on peut retrouver Yuen Wah jouant un swordsman sadique temporel de Iceman Cometh – Time Warriors, un général dictateur dans Bury Me High, un malfaiteur retors dans Police Story 3 – Supercop, un dangereux psychopathe dans On The Run, une force démoniaque dans le Kid From Tibet de son autre copain Yuen Biao. Finalement, l’une des seules incartades (en tous les cas, la plus folle) que Yuen Wah s’autorisera, c’est dans le cultissime (?) Big Deal, où il incarne un chef de gang particulièrement crétin entouré par une équipe de demeurés congénitaux consanguins (tout un programme !!!).
C’est peut-être incroyable, mais Yuen Wah a aussi tâté de la comédie (!). Sans parler de son rôle à contre-emploi dans ce fameux Big Deal, on a pu quand même le voir aux côtés de Stephen Chow dans Magnificent Scoundrels, Fist Of Fury 1991 II et Legend Of The Dragon. On peut aussi l’apercevoir dans le « cartoonesque » Kung Fu Versus Acrobatics (rien que le titre, ça vaut le détour) aux côtés de Joey Wong et Andy Lau. Hélas, à chaque fois, ces films ne sont pas de vrais succès. Cela est bien dommage, car l’auto-parodie aurait pu lui relancer sa carrière qui malheureusement s’essoufflera assez vite.
Jean-Louis Ogé

Née en 1950, Yuen Qiu est une élève de l’Académie d’opéra chinois (The China Drama Academy) fondée à Hong-Kong par Yu Jim Yuen, le maître renommé mais tortionnaire de Sammo Hung, Jackie Chan, Yuen Biao et Yuen Wah. Elle connut d’abord une première carrière de cascadeuse et d’actrice martiale durant l’ère du ciné kung-fu dans les années 70/80 avant de prendre sa retraite. Presque 20 ans plus-tard, elle fit toutefois un extraordinaire retour sur le grand écran dans Kung Fu Hustle qui fit d’elle une vedette du jour au lendemain.
Née Cheung Cheun Nan en 1950, Yuen Qiu reçut son nouveau nom lorsqu’elle entra à l’académie à 7 ans. Ce fut la le premier des nombreux noms de scène qu’elle porta au fil des années tels Lin Hsiu, Kan Chia Fong et Phoenix Chan. L’école de maître Yu étant mixte, il aura formé autant d’élèves des deux sexes à l’art de l’opéra. Mais alors que bon nombre des garçons ont fait carrière au cinéma en devenant cascadeurs, chorégraphes, acteurs et cinéastes Yuen Qiu est la seule des filles à s’être vraiment distingué.
Vers la fin des années 60 et début 70, Yuen Qiu est cascadeuse mais se produit également dans des boites de nuit (comme chanteuse probablement). En 1972, elle signe un contrat pour une nouvelle compagnie de film : la « Great Earth » au coté d’un condisciple de l’académie Chan Yuen Lung plus tard connu sous le nom de Jackie Chan. Surnommé Lin Hsiu à l’époque, elle apparaît d’abord dans Not Scared To Die un film de kung-fu anti-japonais dans lequel elle tient un rôle ingrat de demoiselle en détresse. Par contre, elle joue le rôle titre dans un second film : Police Woman et y démontre une fougue combative des plus impressionnante dans un rôle fort innovateur à l’époque : celui de policière de choc (précédent d’un an Angela Mao dans Stoner et d’une douzaine d’années les femmes flics martiales de Yes Madam). Malheureusement, malgré une introduction fulgurante au début du film, le personnage a une présence à l’écran limitée et Police Woman ne fait pas non plus grand vague, ce qui marque la fin de la courte aventure avec la Great Earth Film Company.
En 1974, Yuen Qiu apparaît dans un James Bond The Man with The Golden Gun en petite collégienne de choc. Le rôle est bref mais mémorable surtout pour le cascadeur Chin Yuet Sang qui reçoit un coup de pied en plein visage à 3 reprises. Yuen apparaît ensuite dans Black Dragon’s Revenge mettant en vedette le karatéka noir Ron Van Clief et disparaît des écrans pendant au moins 3 ans.
Yuen Qiu (portant maintenant le nom de Ko Chia Fong) fait un retour en force en 1978 dans deux films partageant la même vedette masculine Lau Kar Yung, le même méchant Hwang Jang Lee et peut-être le même cinéaste Joseph Kuo (les sources sur le sujet divergent). Il s’agit de Fearless Duo et de Dragon’s Claws dans lequel Yuen Qiu joue à nouveau le personnage d’amazone martiale, plus classique certes mais tout aussi fougueuse et déterminée. Dans Fearless Duo Yuen Qiu partage la scène avec une des co-disciples de l’école d’opéra Yuen Chu et joue justement le rôle de grande sœur. Dans Dragon’s Claws elle joue un rôle de mère et d’épouse mais qui sait se défendre. Elle double également Lau Kar Yung dans quelques séquences acrobatiques.
Vers la même période, Yuen va également participer à trois films sud-coréens où elle aura comme partenaire à l’écran le clone coréen de Bruce Lee; Dragon Lee. De retour à Hong-Kong Yuen Qiu apparaît dans la première scène du classique de Yuen Woo Ping Dreadnaught, jouant la compagne d’un criminel dont la mort violente jette ce dernier dans la démence meurtrière.
Yuen Qiu entre chez les Shaw Brothers en 1982. En trois ans, elle joue dans cinq films, tous dans de petits rôles de guerrière martiale, épouse ou mère pour la plupart, qui disparaissent très vite du récit après une brève scène d’action. Elle aura probablement servi de doublure martiale pour des actrices mais aucun film ne la crédite . Yuen Qiu joue la mère du Fong Sai-yuk dans Crazy Shaolin Disciples puis l’ennemie jurée du héros dans le générique d’ouverture de Disciples of the 36th Chamber. C’est son dernier film, mais son combat est aussi furieux que celui qui ouvre Police Woman tournée treize ans plus tôt.
La Shaw Brothers ferme en 1985, et Yuen prend sa retraite pour devenir femme au foyer et mère de famille. Un site internet a affirmé que Yuen Qiu était mariée au metteur en scène Tony Liu Jun Guk mais aucune autre source ne vient confirmer ou infirmer cette affirmation. (Yuen est apparue dans deux films de Liu Black Dragon’s Revenge en 1975 et Bastard Swordsman en 1983). Quoi qu’il en soit, elle a eu deux enfants, un garçon et une fille, a fini par divorcer et n’a jamais envisagé un retour au cinéma.
En 2003 Yuen Qiu accompagne son ancienne co-disciple Yuen Chu a une audition pour le prochain film de Stephen Chow mais n’a aucune intention de s’impliquer. Elle ne fait juste que s’asseoir et attendre. Toutefois Chow la remarque et trouve qu’elle a une certaine qualité dans son look et son attitude qu’il recherche pour un personnage. Yuen est d’abord réticente, étant donné qu’elle est à la retraite depuis si longtemps mais finit par céder. C’est ainsi qu’elle devient pour le film Kung Fu Hustle la « landlady » une grosse mégère truculente qui s’avère être une maitresse martiale de haut calibre. Pour ce rôle, Yuen se grossit de presque 18 kilos et se retrouve à jouer au coté de son ancien condisciple de l’école d’Opéra Yuen Wah avec qui son personnage forme un couple tempétueux. Yuen Qiu est crédité comme l’une des deux découvertes féminines de Kung Fu Hustle (au coté d’Eva Huang), mais c’est bien elle la vraie révélation du film, ce qui lui vaudra une reconnaissance critique et populaire qu’elle n’a jamais connu au cours de sa première carrière d’actrice. Elle gagne même un Golden Horse comme meilleur second rôle féminin.
À cinquante cinq ans, Yuen Qiu se retrouve avec la possibilité de se refaire une nouvelle carrière qu’elle s’empresse d’embrasser. Elle est engagée par Wong Jing, toujours prêt à prendre avantage des dernières découvertes et tendance de l’heure, et lui fait tourner une série de films dont elle est la vedette avec Yuen Wah : la série des Kung Fu Mahjong de même que My Kung Fu Sweetheart et Lady Iron Chef. Ironiquement joueuse de Mah-jong invétérée dans la vraie vie Yuen s’est retrouvée dans de beaux draps lors d’une descente de la police dans un tripot illégal, mais cette mésaventure n’a en rien entravé sa carrière qui continue de plus belle à ce jour tant au cinéma qu’a la TV.
Yves Gendron (Décembre 2009)

Tin Kai Man est une figure majeure de l’entertainment et du spectacle de Hong Kong depuis vingt ans. Acteur de cinéma, de séries télévisées et de films publicitaires, animateur d’émissions de radio et de télévision, il a joué au cinéma dans des films comme Kung Fu Cult Master en 1992, coréalisé par Sammo Hung et Wong Jing, Hail The Judge de Wong Jing en 1994, et Marry A Rich Man de Vincent Kok en 2002.
Tin Kai Man a rencontré Stephen Chow sur le tournage de Hail The Judge et a rejoint la société de Chow, Star Overseas Ltd., en 1996. Il a joué dans les trois précédents films de Stephen Chow, God Of Cookery, King Of Comedy et Shaolin Soccer où il incarnait l’ex homme d’affaires au ventre d’acier. Il retrouve bien évidemment en 2005 son compère Stephen Chow dans Kung Fu Hustle où il incarne le conseiller du Gang des Haches.
Parallèlement à sa carrière d’acteur, il est directeur administratif de Star Overseas Ltd.
Jean-Louis Ogé (Avril 2005)
Source : Site Kung Fu Hustle





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