Un commando russe tente par tous les moyens de libérer un tanker tombé entre les mains de pirates somaliens. Seulement la tâche s’annonce ardue car ces derniers détiennent prisonniers l’équipage du bateau ainsi qu’un soldat de l’armée russe…
Avis de Cherycok :
S’attaquer au cinéma russe actuel n’est pas une mince affaire. Peu de leurs productions récentes arrivent par chez nous, et pour savoir ce que ça vaut, c’est un peu au petit bonheur la chance. La plupart des critiques sur la toile sont en russe, et mes compétences en alphabet cyrillique pour les décrypter sont ce qu’elles sont, c’est-à-dire proches du néant absolu. Alors on prend ce qui vient, en se fiant à une bande annonce qu’on sait souvent mensongère, parfois parce qu’une jaquette vous attire l’œil, ou simplement ce que vous trouvez. C’est ce qui s’est passé avec ce 22 Minutes qui a atterri dans nos bacs à DVD sous la houlette de Marco Polo Production, une petite production de série B d’action inconnue qui après visionnage aurait pu rester sans problème aux oubliettes tant il est d’un classicisme des plus absolus.
Tiré d’une histoire vraie nous narrant l’assaut par un commando russe d’un tanker transportant du gaz pris en otage par des terroristes somaliens, 22 Minutes est l’exemple même de la série B d’action basique qui va directement à l’essentiel. En même temps, 1h19 générique compris pour un film d’action, il aurait été étonnant que ça en soit autrement… Et force est de constater qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à un film américain d’action lambda tel un DTV avec Dolph Lundgren, Steven Seagal ou Gary Daniels. Pour le spectateur lambda qui tomberait dessus en VF par le plus pur des hasards, seul le nom de certains personnages pourrait leur indiquer la provenance du film. Et comme chez son homologue ricain, on retrouve tous les poncifs et clichés du genre. On retrouve nos commandos améri… euh russes qui sont les plus forts (on peut aussi voir ça chez les Chinois), les fameux terroristes islamiques sont vraiment très très méchants, mais aussi parfois un peu con-con, le terroriste qui va faire ami-ami avec le gentil héros prisonnier et qui va finir par l’aider, le trait d’humour final et bien entendu le happy end à vomir. Ah je vous avais dit que c’était du grand classique. Et du coup, 22 Minutes ne passionne guère… Pire encore, il agace tant il se montre relativement raciste lors de certaines scénettes. J’en veux pour preuve cette magnifique ligne de dialogue pleine de poésie : « Ils sont bien vernis ces putains de bamboulas ! ». Que penser de ce genre de choses ? J’avoue rester un peu perplexe sur ce genre de propos, surtout que son absence n’aurait à aucun moment changé le sens de la scène. Un peu lamentable…
Niveau mise en scène, c’est plutôt correct. Rien de fou ou d’original là non plus mais Vasily Serikov sait à peu près ce qu’il fait caméra à la main et l’ensemble est plutôt propre. Par contre, ça pêche un peu niveau action. Avouons que pour un film d’action, c’est assez problématique. Outre le montage un peu trop cut des scènes d’action aidant un minimum à cacher la misère chorégraphique des combats, rien de ce qui nous est proposé ne nous accroche. Ça manque de punch, et la plupart des acteurs semblent un peu perdus, sans savoir trop quoi faire (surtout les acteurs en fond). Une direction d’acteurs catastrophique le tout blindé d’incohérences et de scènes peu crédibles, à la limite du ridicule. Outre le terroriste cité plus haut qui devient gentil parce que son rêve dans la vie est de devenir un rappeur mondialement connu (hum…), voilà qu’en plus ce dernier se prénomme Kalash, un nom donné par son père qui était un grand amateur de la kalashnikov, selon lui la meilleure arme au monde et qui est, je vous le donne en mille, une arme russe ! Bah oui quoi, quitte à faire du placement de produit, pourquoi s’emmerder avec une boisson ou plat typiquement local, autant que ce soit avec quelque chose qui tue des centaines de milliers de gens à travers le monde ! Punaise mais que ce film est malsain… Je ne vous parle même pas des terroristes qui plastiquent le bateau au C4 dans l’optique de le faire péter et qui, lorsqu’ils pourraient prendre l’avantage sur le commando en se servant de leurs superbes kalashnikov (n’oubliez pas, la meilleure arme au monde !), font pipi dans leur pantalon et se servent de la crosse. Ah ben si, j’en ai parlé finalement.
C’est sans compter sur un héros au charisme de mollusque défraichi, avec sa tête de bon ruskov de base. Rien de raciste là-dedans, soyons bien clair (je ne voudrais pas faire ce que je critique plus haut), mais juste ça sent le cliché dans toute sa splendeur.
Non, décidément, pas grand-chose à sauver de ce 22 Minutes, si ce n’est que le film est court et assez bien rythmé et que donc le générique final arrive vite. Mauvaise pioche donc, mais je ne désespère pas de trouver un jour de chouettes petites productions russes récentes. Au suivant !
Note :
Titre : 22 Minutes / 22 Minuty
Année : 2014
Durée : 1h19
Origine : Russie
Genre : Sont méchants ces terroristes
Réalisateur : Vasily Serikov
Avec : Sergey Aprelskiy, Vladimir Blagoy, Vladislav Demin, Eebra Tooré, Aleksandr Galibin, Gaël Kamilindi, Petr Korolev, Ekaterina Malikova, Denis Nikiforov, Maksim Peshkov, Ivan Porodnov