[Avis] Red Cliff Part I & II, de John Woo

Titre : Red Cliff Part I & II, Les trois royaumes, 赤壁, Chi Bi
Année : 2008 et 2009
Durée : 2h20 et 2h22
Origine : Chine
Genre : Fresque Epique
Réalisateur : John Woo

Casting : Tony Leung Chiu Wai,Takeshi Kaneishiro, Vicki Zhao Wei, Chen Chang, Feng-Yi Zhang, Jun Hu, Shido Nakamura, You Yong, Chi Ling Lin

Synopsis : En 208 après J.-C., l’empereur Han Xiandi règne sur la Chine pourtant divisée en trois royaumes rivaux. L’ambitieux Premier ministre Cao Cao rêve de s’installer sur le trône d’un empire unifié, et se sert de Han Xiandi pour mener une guerre sans merci contre Shu, le royaume du sud-ouest dirigé par l’oncle de l’empereur, Liu Bei. Ce dernier dépêche Zhuge Liang, son conseiller militaire, comme émissaire au royaume de Wu pour tenter de convaincre le roi Sun Quan d’unir ses forces aux siennes. A Wu, Zhuge Liang rencontre le vice-roi Zhou Yu. Très vite, les deux hommes deviennent amis et concluent un pacte d’alliance.
Furieux d’apprendre que les deux royaumes se sont alliés, Cao Cao envoie une force de 800 000 soldats et 2 000 bateaux pour les écraser. L’armée campe dans la Forêt du Corbeau, de l’autre côté du fleuve Yangtze qui borde la Falaise Rouge où sont installés les alliés. Face à l’écrasante supériorité logistique de Cao Cao, le combat semble joué d’avance, mais Zhou Yu et Zhuge Liang ne sont pas décidés à se laisser faire…

Avis de Slimdods : ENFIN « cri de jouissance » ! Après sa trop longue période américaine oscillant entre le top (Volte Face), le sympathique actionner (Chasse à l’homme : oui, je trouve ça fun) et la vaste blague (PaycheckMission Impossible 2 tiens !), John revient sur sa terre. Hard Boiled n’était donc pas l’adieu officieux à HK tant redouté par nous tous (il y avait de quoi avoir peur tant le bonhomme se lâche sur ce dernier). Red Cliff se pose donc comme un projet ambitieux à la hauteur d’un cinéaste qui a tout de même su, et à plusieurs reprise, marquer les esprits et les époques avec panache. C’est simple, John Woo, c’est une marque déposée, un style, un maître comme on en fait quasiment plus …

Et pour son retour chez soi, John Woo voit grand, très grand même. Son ambition palpable tout au long du métrage force foncièrement le respect, tant John veut offrir à son public le film de chevalerie ultime, entre batailles totalement démesurées et séquences plus calmes avec de l’élaboration de stratégies militaires, des romances et autres amitiés viriles … Divisé en deux parties, le film se veut donc complet sur sa narration, chaque personnage possède un destin propre, chaque bataille sa préparation, chaque effet sa cause. John prend son temps pour nous introduire tout ce beau monde, que ce soit du côté des généraux qui deviennent de plus en plus iconiques au fil du récit jusqu’aux personnages féminins, Vicki Zhao étant d’ailleurs la source même de la légère touche d’humour présente dans le long métrage.

Le film se veut donc dense sur tout, avec pour fonction secondaire d’être accessible aussi par tous. Nul besoin d’avoir déjà lu l’œuvre dont s’inspire John Woo pour apprécier le film (L’épopée des trois royaumes de Luo Guan-Zhong, de beaux pavés en lecture, la saga vidéo ludique Dynasty Warriors s’en inspire aussi pour les nuls). Ici, la narration claire et classique dans son ensemble ne peut rebuter, et malgré l’abondance de personnages et d’intrigues secondaires, le film reste limpide, agréable à suivre, telle une grande fresque épique comme fut dernièrement la saga «Le seigneur des anneaux», les monstres et pieds poilus en moins. La tension atteint son sommet lors des batailles au dynamisme prodigieux. John Woo adapte sa mise en scène au profit du récit, d’où quelques effets de style moins présents que sur ses anciens films … mais cela ne rend pas moins impressionnantes ces séquences de guerre. N’allez surtout pas croire que John a perdu son âme en route, surtout pas ! Les ralentis sont bien présents mais moins excessifs qu’à l’époque des Hard Boiled et autres The Killer, et sa colombe, (animal fétiche du monsieur et symbole que vous connaissez tous) possède un vrai rôle secondaire. Les effets de style et de mise en scène se font plus discrets ici, moins racoleurs (terme en rien péjoratif pour John hein) et témoignent d’une vraie évolution chez le metteur en scène.

Les séquences de batailles font honneurs à leurs démesures, aux généraux et leurs techniques bien spécifiques et à l’originalité de stratégies militaires employées (merci Corey Yuen d’ailleurs) ! Leurs évolutions témoignent d’une cohérence de tous les instants, notamment grâce à un montage habile et rigoureux qui permet à quiconque de comprendre ce qu’il se passe à l’écran. Puis John Woo n’oublie pas non plus de nous en mettre plein les yeux, le dynamisme de la mise en scène mixée à de magnifiques plans rendant ces longues batailles très impressionnantes (non mais ce plan du saut à la perche : what’s else ?). Seule petite ombre au tableau largement pardonnable : quelques sfx numériques un peu trop voyant …. Mais les frissons sont bien présents tout du long de ces batailles et au-delà, John donnant une définition des plus glorieuses du mot « Epique ».

Mais le film sait aussi s’appuyer sur de bons comédiens qui se donnent la réplique avec talent. Grâce à eux notamment, les valeurs de John Woo sont transfigurées de la meilleurs façon qui soit, telle cette fraternité indissociable qui habite nos soldats, cette honnêteté qui transpire dans leurs regards où encore ce respect mutuel entre tous…  des valeurs bien connus pour les familiers des œuvres de John Woo qui n’ont en fin de compte pas changé depuis des générations. Un mal pour un bien, tant le réalisateur est toujours aussi sincère dans sa démarche même si la caricature est évitée de peu par moment.

Red Cliff Part I & II est donc une réussite incontestable, un film de chevalerie ultime. Certains ont su créer la surprise récemment, tel un Musa coréen rafraichissant où encore Warlords avec son trio magique. Red Cliff Part I & II a peut être la prétention de vouloir réunifier tous ces films en un seul, la touche de John Woo en plus, mais quand on voit l’ampleur et la démesure du film, ses batailles épiques, son score musicale qui sait épouser une réalisation à couper le souffle, ses personnages iconiques, ses paysages à en pleurer, cette dramatisation distillée avec soin et ces frissons tout au long de ces 4h40 de visionnage fantastique … Magique Woo quoi ! Merci pour ce spectacle unique ! Que dire de plus …

A si ! Gégé en avait déjà parler ici, et j’en rajoute une couche !
Boycottez le dvd de la version internationale. Un film coupé de moitié, ça fait mal, très mal ! Carton rouge à TF1 Vidéo pour la version HK absente d’une édition collector qui aurait été, pour une fois, fonctionnelle donc bienvenue ! Les Blu-Ray Mei Ah proposent une image et un son exceptionnelle qui plus est … n’hésitez donc pas une seule seconde à vous tourner vers l’import si vous voulez découvrir l’œuvre complète.

Note : 9.5/10

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Auteur : slimdods

Rejeton Hkmaniak-O-dépressif, je suis le vrai « Bouffe tout » de la famille : du polar urbain sérieux à la comédie kitsh, du Kaiju-eiga au Wu Xia Pian volant, aucun genre n’est épargné par ma faim. D’ailleurs, j’ai un faible pour l’anticonformisme assumé et mon Tsui Hark d’époque me manque énormément. Heureusement que mon Baby Godzilla est réconfortant !
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