ROBOTO FILMS est une maison d’édition spécialisée dans le cinéma asiatique, principalement japonais, dont le but est de rendre disponible chez nous des films rares, souvent inédits, dans les domaines du film de yakuza, jidai geki, kaiju et bien d’autres curiosités. Le mot d’ordre est qualité, avec pour ligne de mire de proposer des éditions avec une plus-value importante en termes d’images et de son par rapport à une potentielle sortie précédente.
Alex, le créateur de Roboto Films, espère combler le vide des sorties japonaises sur notre territoire. Des réalisateurs comme Gosha, Fukasaku, Kudo, Okamoto ou même Kobayashi, des genres tels que le tokusatsu, sont au final très très peu représentés et il compte y remédier.
Il a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.
Tout d’abord, merci de nous avoir accordé cette interview. Pourriez-vous présenter Roboto Films à ceux qui ne vous connaitrez pas, nous parler de votre parcours dans le cinéma asiatique et comment vous en êtes venu à l’édition ?
Alex : Hello ! Merci de me donner l’occasion de présenter Roboto. J’ai créé Roboto Films fin 2023, c’est un rêve que j’ai depuis 20 ans mais qui semblait longtemps impossible. Petit à petit, le contexte a changé et a permis à Roboto de devenir réalité.
Je suis passionné de cinéma depuis tout petit (les vidéo-clubs ainsi que Canal+, que mon papa a pris en 1985, ont aidé) et j’ai passé une bonne partie de mon adolescence dans les salles. Mes premiers pas vers le cinéma japonais ont été une énorme claque, notamment grâce à Kurosawa.
Depuis quelques années maintenant je remarque que tout un pan du cinéma japonais n’était pas disponible en France : seuls 3 films de l’immense Kinji Fukasaku étaient disponibles en vidéo, très peu de choses sur le tokusatsu, idem pour les films de yakuza ou les films en costumes.
Il y avait un créneau finalement peu traité par les éditeurs français, et c’est là que Roboto essaye de prendre sa place.

Vous êtes une toute petite structure, et pourtant le travail que vous abattez semble immense, avec des sorties régulières et des éditions très travaillées. Comment vous organisez-vous ? Comment procédez vous pour la création des bonus ?
Alex : Merci beaucoup. Oui c’est effectivement du boulot et de l’organisation car on travaille en même temps sur ce qui est sorti récemment, ce qui est en cours de préparation, et le coup d’après (voir d’encore plus loin) avec les contrats etc… Et je ne parle pas des envois, de l’administratif, la compta etc… J’ai été chef de projet par le passé et fatalement ça m’aide.
J’ai également la chance de travailler avec des personnes très professionnelles, qui savent travailler avec des délais parfois tendus.
Pour les bonus c’est très variable : certains intervenants travaillent en autonomie complète, parfois c’est moi qui vais filmer le bonus, mais le plus souvent c’est notre partenaire Com’on Screen qui s’en occupe. Sur la partie écrite il faut anticiper davantage car les livrets partent très tôt en production (3 mois avant la sortie) donc il faut anticiper la rédaction, la relecture et la mise en page. Mais là aussi les intervenants sont très professionnels.
Vous avez choisi d’axer vos sorties sur le cinéma japonais des années 60/90, pourquoi ce choix ? Est-ce que des films d’autres décennies sont prévus ? Ou des films d’autres pays asiatiques que le Japon ?
Alex : Le cinéma japonais des années 60 à 90 ou 2000 est quelque chose que je connais plutôt bien, et c’est ce que j’ai envie de voir sortir depuis longtemps. Rien que la Toei a plus de 5000 films dans son catalogue, donc il y a de quoi faire pendant longtemps. Et puis il faut dire qu’en tokusatsu par exemple, il n’y a quasiment rien chez nous.
Des films plus récents vont arriver, mais on reste sur le début des années 2000. Malheureusement en cinéma japonais, peu de choses très récentes m’attirent, même s’il y a de bonnes surprises comme Junk Head ces derniers temps.
Oui je pense aller voir d’autres pays, mais je me donne encore un an ou deux avant de franchir le pas.

Comment se fait le choix des films que vous éditez ? Est-ce que vous regardez sur Internet les avis du public ou les critiques des sites spécialisés ? Ou alors faites-vous confiance uniquement à vos propres goûts et connaissances ?
Alex : Ce sont vraiment des coups de coeur. Je sors des films que j’aurais voulu voir sortir en tant que fan. Je regarde donc très peu les avis sur internet, sauf dans quelques cas où je ne suis pas expert sur le sujet : ça a notamment été le cas sur les films de fantômes japonais dont je connaissais quelques films mais les avis m’ont aidé à cibler les titres qui seraient les plus intéressants à faire.
Et puis les feedbacks avec des experts tout comme des amateurs aident beaucoup. C’est notamment Paul Gaussem qui m’a bien poussé au début pour me pencher sur Kamen Rider ZO et J. Idem pour Whale God quand j’en discutais avec Fabien Mauro.
Certaines de vos sorties, comme le coffret Gamera, le Daiei Kaidan ou le premier coffret Kamen Rider semble avoir énormément fonctionné. D’autres, comme Crime Hunter ou Roaring Fire, alors qu’ils sont très bons, ont eu des lancements plus timides. Comment expliquez-vous cela ?
Alex : Je pense qu’il y a plusieurs raisons : c’est un fait, le budget consacré aux loisirs s’est réduit depuis quelques années. Si on ajoute à ça un nombre toujours plus croissant d’éditions qui sortent, plus l’augmentation (parfois superficielle) des prix pour ces mêmes éditions, fatalement ça devient compliqué et les gens se rabattent sur des valeurs sûres ou des choses qu’ils connaissent déjà. Gamera ou Kamen Rider sont des licences importantes, et si on en parle toujours c’est qu’il doit y avoir quelque chose d’intéressant derrière, ça rassure au moment d’ouvrir son porte monnaie.
Quand arrive un Crime Hunter, c’est plus difficile de se rattacher à quelque chose : le réalisateur n’est pas connu, les acteurs (à part les seconds rôles) non plus, il faut donc expliquer en quoi le film est important, notamment par son statut de premier film de la branche V-cinema. C’est le genre de film qui marcherait mieux à 15€ dans une édition très simple, mais malheureusement le prix des droits ne le permettait pas, sans compter qu’on voulait vraiment bénéficier de beaucoup de bonus pour justement expliquer l’intérêt du film.
Le coffret Kaidan est une exception intéressante : les films ne sont pas connus, mais le coffret a eu du succès grâce au bouche à oreille sur ces films magnifiques. Un volume deux arrivera à la rentrée 2026.

Est-ce qu’il y a des films que vous aimeriez vraiment éditer mais pour lesquels c’est impossible dans l’immédiat ? Si oui, lesquels et pourquoi ?
Alex : Le catalogue Toho. Aujourd’hui je travaille avec 4 des 5 grands studios japonais (Toei, Kadokawa, Shochiku, Nikkatsu) mais la Toho ferme toujours ses portes. Il y a évidemment de grands classiques que j’aimerais aller chercher (Godzilla, Baby Cart, Lady Snowblood…) mais aussi d’autres films moins connus comme “Sous les drapeaux, l’enfer” de Fukasaku qui est un film superbe, ou encore Gunhed. J’espère que les choses bougeront au prochain marché du film…
Certains de mes rêves d’éditeur devraient se réaliser en 2026, mais je ne peux pas encore en parler.
Aujourd’hui, beaucoup de gens ne jurent que par le dématérialisé et le marché du physique est en baisse d’année en année. Pourtant, il semble y avoir de plus en plus de sorties, ainsi que de nouveaux évènements dédiés au format physique, comme Le Videoclub de Rev’, qui voient le jour. Comment expliquez-vous cela ?
Alex : Le dématérialisé est, en dehors de quelques acteurs comme Universciné, Shadowz ou Outbuster, géré par des multinationales dont la principale particularité est d’être ultra-compétitifs, de fait ils gardent chacun jalousement leur propre contenu et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui tout est morcelé et disparate. On trouve parfois des choses sympas, mais c’est sans commune mesure avec ce que peut proposer la vidéo physique. Et surtout quand on cherche un film précis, c’est un vrai chemin de croix pour le trouver (s’il est disponible).
La vidéo est un tout autre monde : chaque éditeur va chercher des films chez différents studios, essayer de proposer une ligne éditoriale claire et bichonner tout ce qui est autour du film (packaging, bonus etc…). On peut se sentir presque “proche” d’un éditeur dont on aime beaucoup le travail éditorial. Dans mon cas, j’aime beaucoup ce que fait Eureka par exemple, parce qu’ils font des éditions de qualité avec de beaux visuels, du contenu solide, à des prix abordables et jamais ils ne font de faux-pas (erreur d’impression ou de pressage). Certains préféreront par exemple un Bubbelpop pour leur packaging prestigieux. A chacun de trouver son compte.
Et puis il faut dire ce qui est : dans les niches comme le cinéma japonais de patrimoine, il n’y a quasiment rien sur les plateformes. C’est pareil avec les films noirs ou les gialli par exemple, il y en a très peu.
J’en discutais récemment avec certaines personnes au salon de la vidéo de Lyon : on ne se rend pas compte de la valeur qu’apportent certains éditeurs vidéo… Je prends un exemple : sur la SVOD de Canal+, on peut voir le premier Zatoichi ou d’autres films de Misumi. Ce contenu est proposé par The Jokers. Si The Jokers disparaît (ce que je ne leur souhaite pas), ce genre de contenu disparaîtra non seulement en support physique, mais aussi en dématérialisé. On est arrivé dans un monde hybride, mais il ne faut pas perdre de vue que si la vidéo physique s’effondre, c’est un énorme morceau de la culture ciné qui s’effondrera.

Que pensez-vous de l’explosion des prix du marché de l’occasion au niveau des DVD / Bluray de films asiatiques avec par exemple des anciens DVD HK Vidéo ou des éditions épuisées de Spectrum Films qui se vendent parfois à plus de 100€ ? N’avez-vous pas peur qu’à la longue, cela soit pareil avec les vôtres qui sont limités à 1000 exemplaires ?
Alex : Pour les prix élevés de l’occasion, c’est malheureusement le jeu de l’offre et de la demande. On ne peut pas y faire grand-chose. Par contre je trouve que certains très gros éditeurs tirent un peu trop la corde sur des éditions ultra limitées (notamment en enseigne) qui ne sont plus disponibles avant même leur sortie. Il suffit d’aller voir sur Vinted qu’une quantité importante part sur des circuits parallèles… Je pense que personne n’est gagnant dans ce genre d’opération…
Concernant Roboto on n’aura pas ce problème avant quelques années : quand une édition arrive en fin de stock, il y aura une édition budget. Mais ça tiendra jusqu’à la fin des droits, après ça le risque que vous évoquez est inévitable.
Pourriez-vous nous parler de vos projets à venir et/ou nous donner quelques petites informations exclusives « croustillantes » ?
Alex : On a beaucoup accéléré le rythme des sorties en 2025, et la fréquence qu’on a connu sur le second semestre devrait devenir la norme. Il y a des choses incroyables qui arrivent en 2026, donc un qui est mon rêve le plus fou en tant qu’éditeur.
J’ai déjà un peu teasé l’arrivée de Tora-san, dont le premier coffret devrait arriver avant l’été 2026. Idem pour Crows Zero dont les deux épisodes de Takashi Miike arrivent.
Je peux vous dire que “De l’eau tiède sous un pont rouge” de Shohei Imamura arrive également bientôt. 😉

Nos visiteurs ont quelques questions pour vous. Pourriez-vous leur répondre succinctement ?
- Quel est votre film favori dans tout ce que vous avez sorti et pourquoi ?
- Bonne question. Violent Panic : The Big crash a une place particulière parce que c’est le premier inédit que j’ai sorti au tout début. Mais l’édition dont je suis le plus fier est le coffret Daiei Kaidan. Il coche toutes les cases : les films sont des bijoux, les restaurations à pleurer, le design est cool, les bonus sont nombreux et variés… Et en plus les gens adhèrent complètement donc j’ai fait mon boulot de “passeur” comme le dirait Jean-Pierre Dionnet. J’en suis vraiment très fier.
- Pourquoi avoir choisi le nom « Roboto » ?
- C’est lié à la chanson “Mr. Roboto” de Styx que l’on entend au générique du premier épisode de Densha Otoko que je revoyais à l’époque où je commençais à travailler sur le label.
- Comptez-vous sortir l’intégrale des films Zatoichi ?
- On en revient à la question de la Toho. Sur les 27 films, 7 sont chez Toho et 1 chez Shochiku. On va faire tout le reste, donc les films de la Daiei, pour commencer. Si la Toho ouvre ses portes entre-temps, on fera l’intégrale.
Un dernier mot pour la route ?
Alex : Merci 1000 fois pour le soutien de l’équipe depuis les débuts ! On n’en serait sans doute pas là. J’espère que vos lecteurs apprécieront nos futurs titres à venir, on y travaille dur.

Nous remercions infiniment Alex de Roboto Films pour le temps qu’il nous a accordé. Merci encore pour tout leur travail et longue vie au format physique.
Vous pouvez retrouver Roboto Films et vous abonner à leurs différents réseaux sociaux ci-dessous :
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Retrouvez également ci-dessous la liste des titres sortis par Roboto Films avec, pour certains, les liens vers nos chroniques :
- Shogun’s Samurai – 1978
- Violent Panic : The Big Crash – 1976
- Great Jailbreak – 1975
- Violent Street – 1974
- Violent Street – 1974
- Snow Woman – 1968
- Botan Doro – 1968
- Ghost of Yotsuya – 1959
- Gamera : Gardien de l’Univers – 1995
- Gamera 2 : L’attaque de la Légion – 1996
- Gamera 3 : La Revanche d’Iris – 1999
- Kamen Rider – Les Films Showa – 1972-1988
- The Whale God – 1962
- Hommes, Porcs & Loups – 1964
- Samurai Reincarnation – 1981
- Crime Hunter : Bullets of Rage – 1989
- Roaring Fire – Le Feu de la Vengeance – 1981
- Kamen Rider ZO – 1993
- Kamen Rider J – 1994
- Golgo 13 : Assignation Kowloon – 1977
- Lady Battle Cop – 1990
- Theater of Life 1 & 2 – 1963




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