Nicolas Errèra est l’un des rares Français à avoir réussi à pénétrer l’industrie du cinéma de Hong Kong.
C’est le regretté Benny Chan qui lui a ouvert les portes de cette industrie en lui confiant la musique de son film Connected en 2008, et ce fut le début d’une très belle histoire, avec en point d’orgue leur collaboration sur Raging Fire, le dernier film de Benny Chan ! Nicolas fait aujourd’hui partie intégrante de cette industrie, il vient de composer la musique de The Shadow’s Edge avec Jackie Chan et Tony Leung Ka-Fai.
Je vous laisse en découvrir plus sur Nicolas avec cette petite interview passionnante dans laquelle il va nous parler de son lien avec Hong Kong et son cinéma !
Vous avez travaillé sur de nombreux films de Hong Kong. Quel est votre lien avec cette ville ?
J’ai commencé à travailler sur des films Hongkongais en 2008 pour le film Connected réalisé par Benny Chan.
Et depuis 2008, je vais à Hong Kong une à deux fois par an. J’aime cette ville cosmopolite pleine de contrastes qui mélange l’ultra modernité à la nature tropicale presque sauvage. A quelques minutes de Central (un des centres urbains), on peut marcher sur des collines verdoyantes, se promener sur des plages paisibles. C’est une ville incroyablement photogénique avec une forte énergie.

Que représente le cinéma de Hong Kong pour vous ? Connaissiez-vous ce cinéma avant de faire partie de cette industrie ?
C’est le cinéma du Kung-Fu et des Wuxia (films de sabres – l’équivalent de nos films de cape et d’épée) mais aussi et surtout pour moi les films de John Woo, Tsui Hark, Wong Kar-Wai, Johnny To ou Benny Chan. Adolescent, j’ai découvert les films Hongkongais à Paris. J’étais déjà très fan de Jean-Pierre Melville que j’avais découvert grâce à la musique de François de Roubaix pour le Samouraï. Nous étions une petite bande de cinéphiles qui adorions ces films.
J’aimais ces films d’action incroyables, populaires mais avec des problématiques humaines fortes. C’était pour moi un peu comme si j’allais voir une pièce de Shakespeare. Les thèmes de la trahison, la rédemption, la vengeance, l’amitié brisée, le conflit intérieur insoluble entre devoir et désir. Tous ces sujets me parlaient. (On les retrouve par ex dans « A Better Tomorrow » de John Woo ou « The White Storm » de Benny Chan).
Vous avez collaboré à de nombreuses reprises avec le regretté Benny Chan, qui vous a ouvert les portes du cinéma de Hong Kong. Comment l’avez-vous rencontré et que représentait-il pour vous ?
Je l’ai rencontré de manière très simple. Étant très fan du cinéma Hongkongais, j’ai envoyé des musiques à une productrice de Warner HK (Mia Hsia) qui les a transmises à Benny Chan. Il les a écoutés et a fait savoir qu’il aimait les musiques. J’ai pris un billet pour Hong Kong avec ma femme et nous sommes allés directement sur le set de tournage. Et là, Benny m’a dit : « C’est ok, tu fais la musique de mon film ». C’était « Connected ». C’était un low budget film. Le film a bien marché.
Après, Benny m’a proposé Shaolin. Un pur film Kung Fu. J’étais heureux de pouvoir travailler sur ce genre de film. Avec Andy Lau, Jackie Chan, Nicholas Tsé. Il voulait une musique à la fois Européenne mais avec quelques instruments asiatiques. J’ai utilisé le erhu de manière différente. J’ai eu la chance de rencontrer l’incroyable musicien Guo Gan (virtuose de Erhu) qui a sublimé les mélodies que j’avais composées pour le film.
Au fur et à mesure des années et des collaborations, nous sommes devenus proches. C’était un immense cinéaste et mon ami.
Il me manque beaucoup. Je pense à lui très souvent.

La musique dans les films asiatiques est parfois aussi importante que les personnages et apporte un côté épique. Cela change-t-il votre manière de composer ?
Cela change l’approche de la musique. Je ne généraliserai pas. Chaque film est un prototype. Qu’il soit Européen, Américain ou Asiatique. Ce qui compte avant tout, c’est la relation que j’ai (concernant la musique) avec la réalisatrice ou le réalisateur et l’histoire qu’ils veulent raconter.
Cependant, il est vrai que pour les films d’action comme Raging Fire ou The Shadow’s Edge, ce qui diffère de certains films français que j’ai fait, c’est le minutage de la musique. Il y a souvent beaucoup de musique dans les films d’action. Car la tension doit être constante et la musique est un élément important de cette tension.
Lorsque vous composez pour un film, comment abordez-vous le processus créatif ? Travaillez-vous d’abord à partir du scénario, des images, ou laissez-vous les émotions guider vos premières idées musicales ?
Je lis souvent le scénario avant. Je suis régulièrement dans les boucles mails pour voir les « Rushes » quotidiennes. La couleur, les cadrages, les décors sont aussi très inspirants pour trouver la palette sonore du film.
Mais là où mon travail commence vraiment c’est lorsqu’on m’envoie le premier montage.

Nous remercions sincèrement Nicolas Errèra pour le temps qu’il nous a accordé.
Propos recueillis par Jimmy Da Costa Neto (Novembre 2025)




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