Un estropié se venge des criminels en utilisant un sort magique qui le transforme en un super-héros prenant la forme d’un monstre huileux…
Avis de Cherycok :
Le prolifique réalisateur Ho Meng-Hua est un des piliers de la Shaw Brothers et, durant sa longue filmographie, il a touché à absolument tous les styles, du mélodrame au film d’aventure en passant par le film d‘arts martiaux, le film fantastique ou encore le film d’horreur. C’est aussi et surtout un réalisateur très créatif, qui a toujours su exploiter même les plus petits budgets qui lui ont été confiés, quitte à parfois verser dans le Z, comme c’est le cas avec The Oily Maniac, film qui a vu le jour lorsque la vague de films d’horreur décomplexés de la Shaw Brothers a vu le jour au milieu des années 70. Avec The Oily Maniac, les amateurs de cinéma bis en auront pour leur argent. Entre un monstre caoutchouteux dégoulinant, des boobs par brouettes, du plagiat musical honteux et des effets spéciaux très spéciaux, le divertissement est garanti pour tous les amateurs de mauvais films très sympathiques.

Le film s’ouvre sur les paroles suivantes : « Cette histoire est une réécriture d’un conte populaire de Nanyang. Elle véhicule la morale selon laquelle la justice finit toujours par triompher. ». Il s’agirait en fait d’une légende urbaine malaisienne appelée L’Orang Minyak, qu’on pourrait traduire par « Homme Huilé » qui a vu le jour au milieu du 20ème siècle dans un contexte de tensions sociales autour de la moralité et la sexualité. Dans les récits qui en parlent, on y retrouve souvent une créature vengeresse née dans le pétrole qui va faire bouffer du pissenlit par la racine à tous ceux qui lui ont causé du tort. Le cinéma malaisien s’emparer de cette légende dès les années 50, par exemple avec les films Sumpah Orang Minyak (1956), Orang Minyak (1958) et Serangan Orang Minyak (1958) qui ont remporté un joli succès. Deux décennies plus tard, c’est la prolifique Shaw Brothers qui va en faire une adaptation en y injectant ce qui fonctionne à l’époque. The Oily Maniac commence comme une tragédie romanesque on ne peut plus sérieuse, nous présentant un Ah Yung, incarné par Danny Lee (The Killer), infirme de son état, qui va être rejeté par la femme dont il est éperdument amoureux depuis de nombreuses années. Pris d’une rage furieuse et désespérément pathétique, il va mettre en pratique une technique de magie noire que lui a appris transmis son oncle dans le couloir de la mort, un rituel censé lui conférer une force surhumaine. Le voilà qu’il se transforme en The Oily Maniac, sorte de créature faite d’huile / pétrole / on ne sait pas trop quoi. C’est à partir de là que le film va tomber dans le cinéma d’exploitation pur jus, avec notre héros qui va se faire justice soi-même, pourchassant et tuant sous cette forme tous ceux qu’il estime néfaste à la société ou à lui-même, sorte de croisement entre le vigilante movie et The Toxic Avenger avant l’heure. Il est possible que Lloyd Kaufman se soit inspiré du film de Ho Meng-Hua pour sortir son chef d’œuvre du cinéma bis.

Rien que le visuel du monstre d’huile est improbable et vaut le visionnage du film. Chaque scène où il apparait fait tomber le film dans le nanar pur jus. Avec son look qui ressemble à une énorme bouse de vache humanoïde, ses grognements d’un kitch absolu, difficile de ne pas au moins esquisser un sourire, si ce n’est plus, en le voyant. Alors quand on constate qu’il se déplace sous forme de tache d’huile, avec des effets spéciaux HK de 1976, donc qui sont ce qu’ils sont, avec un plagiat de la musique des Dents de la Mer quand il ne va pas tarder à apparaitre, difficile pour l’amateur de cinéma bis de ne pas prendre son pied devant un tel spectacle. Il n’y a pas que le monstre en lui-même qui est improbable, il y a aussi ses sauts, ou plutôt ses chutes qu’on a mis à l’envers pour donner l’impression qu’il saute très haut, quand ce n’est tout simplement pas un mannequin en caoutchouc qui est tracté vers le haut par un câble. Tout est d’un kitch assez réjouissant pour quiconque aime un tant soit peu le cinéma bis. Mais je ne vous dis pas tout puisqu’il est capable de faire repousser ses membres ou de balancer des jets d’huile par sa bouche. Le film n’hésite en plus pas, dès qu’il en a l’occasion, à nous montrer des paires de boobs dès qu’il en a l’occasion, souvent complètement gratuitement. Alors, oui, c’est certains, la mise en scène du film n’est pas ce que Ho Meng-Hua a fait de mieux. Oui, le scénario est quelque peu abandonné en cours de route et le film ressemble bien plus à une succession de scènes un peu répétitives dans lesquelles notre maniaque huileux va tuer des gens qui méritent de mourir. Mais au final, qu’importe, parce que le résultat tragico-satirico-grotesque est très distrayant, le sous-texte n’est pas inintéressant, et puis le monstre, quel monstre !

| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Le monstre ♥ Bien rythmé ♥ Le kitch de tous les instants ♥ Le message sous-jacent |
⊗ Un scénario qui part aux oubliettes ⊗ Une mise en scène lambda |
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| Entre audace créatrice et kitch de tous les instants, The Oily Maniac est un pur film d’exploitation de la Shaw Brothers qui vaut le visionnage rien que pour son monstre sincèrement improbable. Du cinéma bis, oui, mais du cinéma bis vraiment réjouissant. | |

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THE OILY MANIAC est disponible chez l’éditeur Spectrum Films en Coffret Blu-ray collector (avec 5 autres films) au prix de 80€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En plus du film, on y trouve : Présentation de Arnaud Lanuque, Interview de Ho Meng-Hua (réalisateur du film), ainsi que les autres films du coffret : theoilymaniac, Seding of a Ghost, Hex, The Snake Prince, The Boxer’s Omen. |
Titre : The Oily Maniac / 油鬼子
Année : 1976
Durée : 1h27
Origine : Hong Kong
Genre : Mets de l’huile !
Réalisateur : Ho Meng-Hua
Scénario : Chua Lam
Acteurs : Danny Lee, Chen Ping, Lily Li, Wang Hsieh, Wa Lun, Ku Feng, Tung Lam, Angela Yu, Lam Fung, Wai Wang, Lau Wai-Ling, Chiang Yang, Keung Hon, Terry Lau






















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