[Film] The Deadly Island, de Chan Cheng-Hing (1994)

Un groupe de trafiquants d’armes de la triade dirigé par Chung obtient plus que ce qu’il avait négocié lorsqu’il fait des affaires sur l’île des mangeurs d’hommes.

Avis de Cherycok :
J’ai plein de films de Hong Kong que je n’ai pas vu, dont certains classiques, mais allez savoir pourquoi, j’ai souvent tendance à creuser dans les bas-fonds, quitte à m’aventurer dans les terres obscures des séries B bas de gamme comme Hong Kong en a produit des tonnes. Et parfois, je creuse tellement que je tombe sur des bobines dont on ne trouve même pas une critique sur le web, à l’exception d’un avis de 4 lignes sur Letterboxd. Pourquoi le fais ça ? Parce que je suis toujours dans mon optique de tomber sur la perle rare que personne ne connait, un petit joyaux méconnu ou oublié, même si je sais que j’ai bien plus de chance de tomber sur des étrons intergalactiques. Et aujourd’hui, je vous propose ce bien beau film qu’est The Deadly Island et, sans surprise, oui, nous sommes dans un bien bel étron que j’aurais dû laisser dans l’anonymat dans lequel il se trouvait. Mais bon, j’ai décidé de vous en parler parce que je suis comme ça moi, bon ou mauvais, je vous partage mon avis sur des films. Parce que si ça peut éviter à un spéléologue du cinéma de Hong Kong de perdre 1h28 de sa vie, j’aurais gagné mon pari.

Mais tout d’abord, c’est quoi The Deadly Island ? The Deadly Island, c’est en quelque sorte un croisement entre un film de triade comme Hong Kong en a fait plein, et l’italien Cannibal Holocaust. Le film raconte l’histoire d’un militaire chinois qui se retrouve impliqué dans un trafic d’armes. Après un incident, il est contraint de fuir avec un groupe de personnes vers une île isolée, où ils rencontrent une tribu cannibale. Ce bien bel objet filmique a été réalisé en 1994 par Chan Cheng-Hing, dont c’est le seul long métrage, à une époque où le cinéma de Hong Kong amorçait sa descente aux enfers à l’approche de la rétrocession, sans doute pour un budget dérisoire. On retrouve au casting des têtes plus ou moins connues de la série B made in Hong Kong comme Mark Cheng (Gunmen), l’omniprésent Lam Wai (Long Arm of the Law), Austin Wai (Gang Master), ou encore Shum Wai (Long Arm of the Law). Mais avec tout ça, je ne vous ai toujours pas parlé du film et c’est normal, j’essaie de meubler un peu tant il n’y a pas grand-chose à dire de ce petit film d’exploitation assez minable tourné à la va-vite, sans le sou une fois le cachet des acteurs distribué, par un réalisateur qui n’avait de réalisateur que le nom tant le travail est ici inepte, voire bâclé, quand il ne tombe tout simplement pas dans le ridicule. The Deadly Island n’a à vrai dire qu’une seule chose pour lui, c’est que mixer film de triade et film de cannibales, c’est quelque chose d’assez exotique pour un film hongkongais de cette époque. Cela est sans doute dû au fait que les Cat III étaient en plein boum dans cette première moitié des années 90, qu’il commençait à y en avoir beaucoup, et que pour essayer de sortir de la masse, le réalisateur / scénariste a ajouté le côté exotique d’une île remplie de cannibales.

Il est vrai que cela amène un certain charme désuet à The Deadly Island, qui lui confère même parfois un côté nanardesque façon film d’exploitation italiens des années 80, mais cela s’estompe rapidement devant la grosse médiocrité de l’ensemble. La mise en scène est tout simplement bâclée, avec un metteur en scène qui soit ne sait pas faire, soit ne fait aucun effort en se disant qu’avec le peu d’argent investi, ça rapportera toujours un peu d’argent. L’intrigue a beau être simple sur le papier, elle est au final assez confuse, avec des rebondissements peu crédibles, un développement des personnages qui a été complètement oublié, ce qui les rend complètement artificiels et à aucun moment attachants. The Deadly Island oscille entre l’horreur, l’action et l’érotisme sans réelle cohérence ni réussite. Les scènes horrifiques sont ratées, avec des effets spéciaux trop rudimentaires pour l’époque (vive les rochers en polystyrène) ; les scènes érotiques n’ont d’érotiques que le nom ; les scènes d’action sont peut-être ce qu’il y a de moins pire, mais là n’ont plus, les amateurs de la chose n’en auront même pas pour leur argent avec aucune implication de qui que ce soit pour rendre les fights un tant soit peu intéressants. Ajoutez à cela une interprétation peu convaincante, avec des acteurs juste venus toucher leur maigre cachet sans faire de réels efforts en termes de jeu, et vous obtiendrez une bobine sincèrement assez navrante. On sauvera quelques plans qui donnent le sourire, à l’instar de ces cannibales qui portent des sous-vêtements multicolores sous leur pagne, ou de cette petite scène ou Lam Wai sort un lance-missiles pour dégommer un bateau. Mais c’est bien peu pour sauver ce Deadly Island du naufrage.

Titre : The Deadly Island / 魔域追兇
Année : 1994
Durée : 1h28
Origine : Hong Kong
Genre : Tréfonds cinématographiques
Réalisateur : Chan Cheng-Hing
Scénario : Chan Cheng-Hing

Acteurs : Mark Cheng, Lam Wai, Austin Wai, Kwan Hung, Shum Wai, Marianne, Ng Kwok-Kin, Cheung Siu, Sammy Fan, Chan Tat-Kwong, Go Shut-Fung