[Film] Soul of the Sword, de Hua Shan (1978)


Un enfant est témoin d’un duel qui voit la mort du vaincu et de sa compagne qui décide de se suicider dans la foulée. Le jeune homme n’aura alors qu’un objectif, relever lui-même le défis et devenir maître d’armes, qu’importe ce qu’il lui en coûtera …


Avis de Best :
La Shaw Brothers a vu naître de très nombreux films parmi lesquels certains chef d’œuvres dont fait clairement partie Soul of the Sword, réalisé en 1978 par Hua Shan. Premier objet de réussite parmi tant d’autres, le charisme de Ti Lung atteint ici sa pleine mesure et impressionne dans ce qui est certainement à ce jour une de ses performances les plus abouties. Et au vu de l’imposante filmographie du bonhomme, autant vous dire que ce n’est pas rien ! Il incarne un homme tourmenté et ensorcelant, à la fois d’un calme redoutable et capable de faire preuve d’une violence extrême qui explosera lors de combats magnifiquement chorégraphiés par Tang Chia, dont l’on aura pu apprécier le talent pour mener les scènes d’action dans de nombreux films tels ceux qu’il aura eu le bonheur de réaliser lui-même (Shaolin Intruders, Shaolin Prince). Ces affrontements impressionnent par leur fluidité et leur précision. Percutants et suffisamment variés, entre armes blanches et coups portés à mains nues, ils donnent à l’action du film un véritable crédit et équilibrent l’ensemble de manière impeccable.

Si l’on y regarde de plus près, on se rend compte que ce sont les personnages qui constituent l’âme du film. Parmi eux, Ku Feng, Norman Chu, Lin Chen-chi et Ti Lung tiennent le haut de l’affiche avec une belle présence. Ils possèdent de multiples facettes et bénéficient d’une réel ampleur grâce notamment à la place laissée à leur ambiguïté ainsi qu’à leur psychologie, qui nous apparaît de plus en plus instable à mesure que l’histoire progresse. Pour en revenir au scénario, les sentiments déjà troubles et implacables du héros se voient bouleversés par la rencontre d’une femme complexe et passionnée. Celle-ci est surtout le portrait d’une autre femme liée à un souvenir marquant de son enfance. Un évènement passé qui aura constitué à l’époque une révélation et la naissance de la destinée l’ayant amené à devenir un épéiste sans égal.

De ce fait, outre une vengeance latente liée à son but avoué d’être reconnu officiellement comme meilleur épéiste qui n’attend plus que son exécution, il souhaite plus que tout s’approprier cette femme. Littéralement obnubilé par ce visage, il se moque de ce qu’elle peut ressentir. Un amour obsessionnel source d’une conduite dénuée de compassion ou de respect envers le prétendant de la dame, interprété par Norman Chu, le personnage incarné par Ti Lung n’hésitant pas à aller jusqu’à l’humilier ou le battre sans ménagement. Pour autant, il ne nous est pas antipathique mais nous apparaît comme un homme sincère et déterminé, traumatisé et perdu dans une société de laquelle il s’est auto exclu pour atteindre son objectif. Le monde qui l’entoure voit alors ses innombrables opposants s’effondrer tel un château de carte, balayés par cette rage peu commune. L’aspect technique est lui aussi une franche réussite. La réalisation aboutie, agrémentée de jolis mouvements de caméras et le jeu des lumières qui fait merveille lors des scènes nocturnes sont autant de gages de qualité qui contribuent, associé à la parfaite mise en scène, à faire de Soul of the Sword un très beau film.

LES PLUS LES MOINS
♥ La performance de Ti Lung
♥ Les combats impressionnants
♥ Des personnages travaillés
♥ La mise en scène
⊗ …

Porté par un rythme soutenu et d’un lyrisme tranchant, Soul of the Sword est une œuvre d’une force sans faille à découvrir sans plus tarder.



Titre : Soul of the Sword / 殺絕
Année : 1978
Durée : 1h24
Origine : Hong Kong
Genre : Wu Xia Pian
Réalisateur : Hua Shan
Scénario : Chiu Kang-Chien, Lin Chan-Wai

Acteurs : Ti Lung, Lin Chen-Chi, Ku Feng, Yue Wing, Norman Chu, Lau Wai-Ling, Lily Li Li-Li, Chan Shen, Chan Jun-Ho, Lam Fai-Wong, Keung Hon, Ng Hong-Sang

 Sha jue (1978) on IMDb


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Auteur : Best

Même après toutes ces années, les fights et autres cascades lui sont d’une réjouissance sans pareil. Les tranches de vie où les personnages sont au cœur des débats sont toujours un ravissement. Qu’il s’agisse d’un film bien con ou de toute autre chose, peu importe. Le bonheur cinématographique se trouve partout. Comme le veut la formule ; « Qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ai l’ivresse ».
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