[Film] Shell, de Max Minghella (2025)

Samantha, une actrice en difficulté, se voit offrir la possibilité de faire un essai gratuit chez Shell, une entreprise pionnière dans le domaine de la santé et de la beauté, qui promet à ses clients de rester jeunes pour toujours.


Avis de Rick :
Peu importe sa qualité, Shell, sur le papier, c’est le film qui n’a pas eu de bol. Tourné à Los Angeles, produit par des boites comme Dark Castle Entertainment (oui ils sont toujours en vie) et présenté en festival, notamment au Canada à Toronto dès Septembre 2024, le film est resté un an dans un tiroir, et n’a pas été forcément très apprécié de ceux qui l’avaient vu. Et surtout, le timing n’était pas bon. Car sortir l’histoire d’une actrice qui utilise un procédé médical miracle et étrange promettant santé et beauté éternelle, être jeune pour toujours, en 2024, ça faisait forcément penser à un autre film, qui lui a attiré toute l’attention du public, des critiques et des festivaliers, allant jusqu’à avoir à Cannes le prix du meilleur scénario (alors que c’était son grand défaut, ou plutôt sa petite déception) : The Substance. Alors, on ne pourra pas dire que l’un a copié l’autre, car le timing semble justement trop serré, que The Substance était présenté dès Mai 2024 à Cannes et avait été tourné pour un budget confortable, et que Shell a un casting de tête relativement connues, un réalisateur connu aussi (surtout comme acteur, et pas toujours pour le meilleur, hein Spirale), mais voilà. Shell aurait pu être une simple petite série B sans prétention si le timing avait été meilleur. A la place, il a été totalement oublié, un peu descendu par les critiques, et n’aura repointé le bout de son nez qu’un an après sa première projection, pour un autre festival, en Août 2025, avant une sortie en Octobre, au choix directement sur internet pour les marchés importants (les Etats Unis) ou au cinéma pour les marchés secondaires (oui, c’est sorti sur grand écran aux Philippines, en Estonie ou au Kazakhstan). Injustice donc ? Film sacrifié ? Mauvais film que l’on tente de cacher en se débarrassant ni vu ni connu en VOD ? Peut-être un peu de tout ça, car Shell, sans même chercher à le comparer à The Substance, car malgré leur point de départ et quelques similitudes, ça suit sa propre voie, et bien ce n’était pas terrible.

Shell nous propose donc de suivre l’actrice Elizabeth Moss (The Invisible Man), jouant l’actrice Samantha Lake, qui essaye tant bien que mal de faire un retour sur les écrans. Casting, tout ça tout ça, sauf que voilà, on lui préfère souvent bien plus jeune qu’elle, plus belle, tout ça. Et dans cette cité des anges un brin futuriste, avec voitures toutes moches et taxis qui se conduisent tout seuls, existe la société Shell, qui vend du rêve, avec jeunesse éternelle, une meilleure santé et j’en passe. Samantha s’y rend donc, pour faire un essai, et va finir par rencontrer la CEO de la boite, Zoe, jouée par Kate Hudson. La célébrité revient, les rôles aussi, Samantha est invitée à des soirées, bref, la vie de star, jusqu’à ce que certains effets secondaires semblent débarquer, avec l’apparition sur son corps de pustules noires, de plus en plus envahissantes. L’actrice est encore moins rassurée quand des policiers débarquent chez elle pour lui dire que Chloe, une actrice qu’elle avait retrouvée à une audition (et qu’elle connaissait enfant), aussi cliente de la société Shell, a tout simplement disparue. Et voilà. En réalité, oui, passé son point de départ très similaire, Shell est très bien différent de The Substance. Le contraire aurait été étonnant et même troublant en réalité. Mais même sans comparer, Shell ne brille pas forcément. Et c’est triste, car j’avais beaucoup aimé dans un genre assez opposé Teen Spirit de Max Minghella. Sauf qu’ici, ça ne fonctionne jamais vraiment. Ça tente de mixer le thriller (le mystère, l’enquête, les flics), l’horreur (surtout sur la fin), le côté body horror que l’on peut attendre de ce genre de films, et l’humour, très présent dans le film, ce qui le rend parfois difficile à prendre au sérieux. Samantha se lie d’amitié avec Zoe, elles deviennent faussement les meilleures amies du monde, ça parle de cul, de pouvoir, de célébrité, mais ça reste souvent gentillet, et souvent en surface. L’humour donne un ton léger à l’ensemble mais ne fonctionne pas vraiment, n’étant jamais vraiment tordant, ni même juste drôle.

Il aurait pu y avoir quelque chose de dérangeant avec ces pustules noires qui apparaissent sur la peau de Samantha, qui envahit son corps, mais finalement, à part quelques démangeaisons et une scène de vomissement qui elle m’aura fait sourire je l’admets, et bien il n’y a pas grand-chose. Il faut réellement attendre le final pour voir le métrage plonger totalement dans l’horreur, et il le fait de manière si directe et frontale que là aussi c’est dur à prendre au sérieux, et que ça fait plus sourire qu’autre chose. On serait même tenté de dire que ce final est totalement débile, et qu’il est du coup salvateur, comme si Shell devenait enfin la petite série B stupide et sans prétentions qu’il aurait dû être depuis le début. Juste dommage que malgré sa durée assez courte au final, 1h40 (alors que The Substance dépassait les deux heures), Shell mette autant de temps à démarrer, à se lâcher totalement. Entre temps donc, du thriller pas vraiment palpitant, un futur assez timide, des dialogues peu marquants, et une horreur absente, alors que l’on sent très bien vers quoi le film se dirige. Pour ça aussi que son final semble totalement con, car en décalage avec le reste, mais qu’il est assez salvateur, car se lâchant totalement, enfin. Pour le coup, on comprend assez bien la réception timide du film.

LE MEILLEUR LE PIRE
♥ Sur le papier, encore du body horror
♥ Le final con et donc assez jouissif
♥ Une équipe en soit compétente, devant et derrière la caméra
⊗ L’horreur tarde à arriver
⊗ Très timide la plupart du temps
⊗ Un ton léger, mais l’humour marche rarement
⊗ Un futur assez cheapos et timide
note2
Partant d’un postulat de départ assez similaire à The Substance, Shell prend une voie différente, un ton plus léger aussi, mais se révèle souvent assez vide et raté, jusqu’à son final qui part sans prévenir dans l’horreur, enfin.


Titre : Shell
Année : 2025
Durée :
1h40
Origine :
Etats Unis
Genre :
Horreur
Réalisation :
Max Minghella
Scénario :
Jack Stanley
Avec :
Elisabeth Moss, Kate Hudson, Kaia Gerber, Elizabeth Berkley, Brandon Keener, Ziwe, Este Haim, Marty Bowen, Dustin Milligan, Julie Chang, Zach Sowers et Arian Moayed


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Lucio Fulci, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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