[Film] Shadowzone, de J.S Cardone (1990)

Des expériences sur le sommeil humain ont débloqué les voies d’accès vers une autre dimension. Un monstre envahi par ce chemin un laboratoire souterrain du gouvernement isolé dans le désert du Nevada…


Avis de John Roch :
Avec ses petits budgets de plus en plus anémiques principalement destinés à faire exister sa plateforme de VOD et bien qu’il surnage quelques (très) rares choses un minimum potables, il est difficile de ne pas constater la déchéance de la Full Moon au fil des décennies. Encore plus quand on se replonge dans les premiers métrages produit par Charles Band sous la bannière Full Moon après la chute d’Empire Entertainment. A cette époque, Charles Band décroche un deal avec Paramount pour distribuer ses productions sur le marché de la VHS (et avec Pioneer pour le LaserDisc) et a pour but de proposer des films à petits budgets qui pourraient passer pour des métrages plus nantis. Charles Band avait alors une forme de sens de bons produits finis et décide de recruter du sang neuf pour tourner des productions plafonnant au maximum autour du million de dollars. Premier essai et premier succès avec le premier volet de la saga Puppet Master, puis en 1990 sortent trois films appartenant à différents genres: l’horreur romantique avec Le baiser De La Bête, la SF à tendance gros robots Synthoïd 2030 et à tendance horrifique avec le métrage qui nous intéresse ici: Shadowzone. Tourné pour un million de billets en trois semaines, Shadowzone est écrit et réalisé par J.S Cardone, repéré par Charles Band grâce au slasher de 1982 The Slayer et futur réalisateur des Vampires Du Désert (aïe) et scénariste des remakes du Bal De L’Horreur (aïe aïe) et du Beau Père (aïe aïe aïe). Mais laissons de côté ses futures méfaits, avec Shadowzone, il livre une série B certes pas parfaite, mais qui témoigne de la rigueur dont pouvait faire preuve une production Full Moon.

Shadowzone, c’est un projet de la NASA qui explore les effets du sommeil paradoxal prolongé sur le psychisme humain dans le but d’améliorer la conquête spatiale. Un agent du gouvernement est envoyé dans une base secrète suite au décès d’un cobaye. S’il soupçonne que c’est l’expérience qui en est responsable, il est loin de la vérité puisque l’état de sommeil ultra avancé a en fait ouvert un portail vers une autre dimension dont réchappe une créature qui va becter le casting. Avec le thème du sommeil et un monstre qui s’en sert pour rejoindre notre réalité, tout porte à croire que Shadowzone est un sous-Freddy, mais passé une scène onirique qui pourrait le rapprocher de ce sous-genre qui a connu son heure de gloire dans la seconde partie des années 80, le film s’en éloigne complètement pour lorgner du côté de la SF horrifique qui n’invente rien en reprenant un peu de Alien par ci et de The Thing par là. Ceci dit, il y a un effort de fait dans l’écriture pour que la pilule passe. Il y a quelques idées ici et là, un peu d’humour distillé dans un premier degré de tous les instants, des personnages un minimum travaillé qui parviennent même pour certains à devenir attachants sur la longueur et interprété par un casting qui y croit, dont on reconnaitra Miguel A. Núñez Jr., Louise Fletcher et James Hong.

Mais la vraie star de Shadowzone, c’est la créature issue d’une autre dimension qui a la particularité d’être polymorphe. L’occasion de dégainer un mini festival de bestioles certifiées 100% latex qu’on verra finalement trop peu à l’image de quelques scènes gores de qualité signées Mark Shostrom, l’homme derrière les effets spéciaux de Evil Dead 2 ou Freddy 3. C’est dommage, tout comme la réalisation en dent de scie. Si J.S Cardone réussi à générer des scènes au suspens bien troussé et quelques plans classes, la mise en scène reste minimale, ce qui rend parfois le métrage un peu ennuyeux car en plus de baisses de rythme, le réalisateur a visiblement plus eu envie de tester la solidité de son trépied plutôt que de faire preuve d’un minimum d’ambition, le moindre petit mouvement de caméra se compte sur les doigts d’une main, là encore dommage puisque Shadowzone est un film techniquement soigné, la photographie en tête. Reste que si sur certains points il y a à redire sur le film dans sa globalité, Shadowzone remplit son contrat: il y a de la bestiole, le casting y croit, techniquement c’est soigné tout autant que les effets spéciaux et il y a de l’effort dans l’écriture. Ce film représente le haut du panier des productions Full Moon au même titre que les trois premiers Puppet Master ou Subspecies, une forme de standard de qualité (toute relative on s’entend) qui a aujourd’hui totalement disparue des productions de Charles Band.

LES PLUS LES MOINS
♥ Techniquement soigné
♥ Un casting qui y croit
♥ Quelques bestioles et effets gores sympas
♥ Des efforts dans l’écriture
♥ Des scènes au suspens bien troussé
⊗ Des baisses de rythme
⊗ Une mise en scène qui fait le minimum

Shadowzone représente le haut du panier des productions Full Moon au même titre que les trois premiers Puppet Master ou Subspecies, une forme de standard de qualité qui a aujourd’hui totalement disparue des productions de Charles Band.



Titre : Shadowzone
Année : 1990
Durée : 1h28
Origine : USA
Genre : C’était mieux avant
Réalisateur : J.S Cardone
Scénario : J.S Cardone
Acteurs : Louise Fletcher, David Beecroft, James Hong, Miguel A. Núñez Jr., Maureen Flaherty, Shawn Weatherly, Lu Leonard, Robbie Rives, Jack Leal, Linda V. Carter

 


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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