
Martyrisé par sa mère qui lui infligeait des brûlures graves quand il n’était qu’enfant, Donald Kohler voue aux femmes une haine tenace, et ne peut s’empêcher d’en inviter chez lui pour les brûler au lance-flammes.
Avis de Cherycok :
Dans la catégorie des petits films d’honneur (très) méconnus mais qui pourtant valent qu’on s’y intéresse, j’appelle à la barre Pyromaniac, Don’t Go in the House en VO), sorti chez nous chez The Ecstasy of Films dans une très belle copie. Sélectionné par Tarantino pour le premier Quentin Tarantino Film Fest à Austin en 1996, Pyromaniac est le dernier proto-slasher à être sorti avant que Vendredi 13 (1980) ne vienne redéfinir les codes du slasher pour toujours. Tourné en un mois et demi pour la modique somme de 250000$, c’est premier film de Joseph Ellison qui n’aura à son actif d’une seule autre bobine, Joey le Rocker (1987). Mais surtout, Pyromaniac a ce don de mettre le spectateur mal à l’aise, sans forcément montrer beaucoup de choses, juste par le soin apporté à son ambiance et par la performance de son acteur principal, de toutes les scènes.
Nous suivons un homme qui a quelques troubles psychologiques, vivant avec sa mère qui semblait le canaliser puisque, à partir du moment où il trouve cette dernière décédée sur la chaise de sa chambre, la folie va s’emparer de lui et il va se mettre à entendre des voix qui vont lui dicter sa conduite. Ses démons du passé à cause de sa mère (qui lui cramait les bras à la gazinière afin de brûler le mal de son âme) vont resurgir. Tout commence à partir en vrille lorsqu’il ramène une fleuriste chez lui, qu’il l’assomme, l’attache, décide de la cramer au lance-flamme dans une pièce spécialement conçu pour ce passe-temps macabre, avant de conserver son cadavre carbonisé dans une autre pièce. Comme nous suivons les actions du tueur, rien n’est fait pour qu’on s’identifie à ce dernier mais, malgré tout, on a de la compassion, voire de la pitié, pour lui grâce à certains procédés malins d’un réalisateur tout aussi malin, ce qui pourra être assez déstabilisant pour ceux qui ne sont pas habitués à ce procédé. Chaque scène a été storyboardée et le film a été fait avec un gros souci du détail. Par exemple, les actrices jouant les corps carbonisés ont été choisies parce qu’elles étaient de la même taille que les actrices jouant les victimes, mais nettement plus mince, car le corps humain rétrécit lorsqu’il est soumis à des brûlures en raison d’une perte de liquide. Oui, rien que ce genre d’anecdote peut faire froid dans le dos et on comprend vite aisément pourquoi le film a été classé en Angleterre dans la catégorie des « Video Nasties » interdites à la vente.
Pyromaniac est froid, souvent glauque, malsain, sans une once d’humour, pour un film sinistre et déprimant. Pourtant, à part le premier meurtre qui est frontal, le reste sera hors champ et le film ne contient pratiquement pas de sang car c’est l’ambiance souvent lugubre qui fait tout. On sent parfois l’influence de Psychose de Hitchcock, jusqu’à un passage musical, même si de manière générale, la bande originale disco tranche pas mal avec l’ambiance du film. Mais là où Pyromaniac diffère clairement d’un Psychose (ou de Répulsion de Polanski qui serait une autre source d’inspiration), c’est que les meurtres ne sont à aucun moment esthétiques, comme pour nous montrer la brutalité de l’acte, avec en toile de fond la thématique de la violence qui engendre la violence. Malgré le petit budget, le réalisateur soigne son ambiance, et en particulier cette maison isolée et lugubre, aux couloirs étroits, aux intérieurs humides, amenant immédiatement cette sensation de claustrophobie du fait des angles choisis. Rien n’y est accueillant, à commencer par cette décoration vieillotte, parfois délabrée, la rendant immédiatement inquiétante. Le rythme est relativement lent, e réalisateur semblant vouloir tellement instaurer le malaise que certaines scènes trainent un peu trop en longueur. Ici, il n’y a aucun espoir, tout n’est que souffrance, celle du héros dans un premier temps et de ces voix qui lui parlent, mais aussi de ses victimes qui, dans la façon de faire du meurtrier, n’ont aucune chance de s’en tirer. On notera une excellente interprétation de Dan Grimaldi (Les Sopranos) qui campe un looser obsédé par sa mère et psychopathe en herbe qui porte encore les cicatrices de son traumatisme d’enfance, en particulier lorsqu’il entend des voix, ou lorsqu’il parle aux morts, avec une folie qui se lit dans ses yeux.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ L’ambiance glauque ♥ Bonne prestation de Dan Grimaldi ♥ Bien mis en scène ♥ La violence froide |
⊗ Parfois trop lent ⊗ Pas forcément facile d’accès |
|
|
Malheureusement trop méconnu, Pyromaniac est un proto-slasher sorti juste avant que Vendredi 13 premier du nom ne vienne redéfinir les codes du genre. Glauque, parfois malaisant, ce premier film de Joseph Ellison est une sympathique réussite. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• La bande originale du film s’est avérée inutilisable, ayant été enregistrée sur ce que l’acteur Dan Grimaldi a qualifié « d’équipement peu moderne ». La bande sonore, dans son intégralité, a dû être réenregistrée et doublée.
• La maison utilisée dans ce film est aujourd’hui le siège du musée de l’Atlantic Highlands Historical Society dans le New Jersey. Elle tombait en ruine au moment du tournage et, peu après, en 1980, la ville l’a condamnée et l’a vouée à la démolition. C’est alors que la société historique locale s’est mobilisée et a acheté la propriété. Elle s’appelle aujourd’hui le Strauss Mansion Museum, du nom d’Adolph Strauss, qui a fait construire la maison en 1893.
PYROMANIAC est disponible chez The Ecstasy of Films en combo blu-ray / DVD au prix de 15€. Il est disponible à l’achat ici : https://the-ecstasy-of-films.com/ En plus du film, on y trouve : Entretien avec Joseph Ellinson (29min), Entretien avec Matt Cimber, Joseph Ellison, Roy Frumkes et Jeff Lieberman (35min), Entretien avec Dan Grimaldi (12min), le film en VHS Vision – Version Cinéma (79 min), Bande-Annonce promo, Bande-Annonce. |
Titre : Pyromaniac / Don’t Go in the House
Année : 1979
Durée : 1h33
Origine : U.S.A
Genre : Appelez les pompiers !
Réalisateur : Joseph Ellison
Scénario : Joe Masefield, Joseph Ellison, Ellen Hammill
Acteurs : Dan Grimaldi, Charles Bonet, Bill Ricci, Robert Carnegie, Dennis M. Hunter, John Hedberg, Ruth Dardick, Johanna Brushay, Darcy shean, Mary Ann Chin