
Un voleur s’introduit dans une voiture de luxe et se retrouve piégé à l’intérieur. Il découvre que son énigmatique propriétaire en a le contrôle total et qu’il va exercer sur lui une vengeance diabolique.
Avis de Cherycok :
Venant du milieu du clip, David Yarovesky est un réalisateur intéressant mais qui n’arrive jamais à réellement concrétiser. Entendez par-là que ses films valent toujours le coup d’œil, mais qu’ils sont trop imparfaits pour se hisser au rang d’indispensable. Son premier film, The Hive (2015), proposait un scénario et sortait du lot des films de zombies mais était un peu plombé par son manque de budget et son historie assez pauvre. Brightburn (2019) proposait un film de super-héros jusqu’auboutiste, sadique et sans concession, mais manquait de développement et avait un casting parfois un peu fade. Les Pages de l’Angoisse (2021) arrivait à parfaitement mettre en scène un film d’horreur pour enfants mais n’offrait au final pas grand-chose à se mettre sous la dent. Qu’en est-il de Locked, sorti en 2025, qui arrive chez nous directement en blu-ray chez Metropolitan sous le titre Piégé ? Eh bien c’est la même chose, du bon, du moins bon, pour un résultat sympathique à défaut d’être inoubliable.
Piégé est un remake du film argentin 4×4 de Mariano Cohn sorti en 2019, qui avait déjà eu un remake brésilien, A Jaula, en 2022. Le film met en scène un jeune père, Eddie, financièrement sur la paille, séparé de la mère de sa jeune fille, qui tente de jongler comme il peut dans une vie compliquée. Un jour, alors qu’il a besoin d’argent pour réparer sa voiture afin de pouvoir continuer de récupérer sa fille à l’école, il est obligé de tenter de voler une voiture. Après plusieurs essais infructueux, il tombe sur un magnifique et très luxueux 4×4 garé au milieu d’un parking, même pas fermé à clef, et le bougre s’infiltre à l’intérieur. Mais rapidement, il se rend compte qu’il est piégé à l’intérieur de ce véhicule, modifié pour être blindé et insonorisé, qu’il est filmé par plusieurs caméras à l’intérieur même du véhicule, et que quelque son propriétaire lui parle à travers l’ordinateur de bord. Alors qu’Eddie tente désespérément de sortir du véhicule, son propriétaire en a décidé autrement et fait comprendre à Eddie qu’il est désormais bloqué, qu’il va devenir son jouet, et qu’il ne sortira pas d’ici vivant. Vous l’aurez compris, Piégé joue la carte du huis clos dans un espace très réduit, comme on commence depuis maintenant quelques années à voir beaucoup. On pourrait par exemple citer Phone Game et son action dans une cabine téléphonique, Buried et son héros coincé dans un cercueil, Exam et sa salle de cours, Méandre et son héroïne coincé dans un gros tube plein de pièges ou encore 127°F et sa cabine de sauna, ils sont très nombreux et il y en a pour tous les goûts. Cette année vient donc s’ajouter Piégé et sa voiture de luxe commandée à distance par un psychopathe revanchard. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il huis clos se déroule dans une voiture. On pourrait quelque part citer le Duel de Steven Spierlberg, Locke (2014) avec Tom Hardy, ou encore Lost Identity (2011) avec un Adrian Brody qui se réveillé dans une voiture accidentée sans comprendre ce qu’il fait là. Qu’est-ce que Piégé de David Yarovesky a de nouveau à apporter à un genre qui commence à être finalement sacrément encombré ? Même si cela a déjà été fait, le réalisateur tente de proposer une réflexion sur les rapports de classe, aves de bonnes idées, même s’il faut avouer que les nombreuses incohérences et le discours aussi bien qu’un 33 tonnes lancé au galop viennent un peu ternir l’ensemble…
En gros, Piégé va opposer un homme pauvre, un assisté de la société, père de famille complètement largué et irresponsable, à un homme riche, médecin de son état, qui s’est fait tout seul, devenu un peu psychopathe depuis la mort de sa fille. Notre jeune homme pauvre est tombé dans le piège de notre vieil homme riche et la confrontation va commencer. Sur le papier, la réflexion est intéressante, avec cette confrontation certes déjà vue entre la classe ouvrière et la classe capitaliste, entre dominant et dominé. La confrontation entre les deux sera tout d’abord verbale, l’un parlant à l’autre à travers l’ordinateur de bord de sa voiture, puis physique lors du troisième acte qui tente de renouveler un peu l’action assez statique de la première heure. Le problème, c’est que cette confrontation n’est pas toujours passionnante, la faute à un film peut-être un peu trop long malgré ses 1h38 génériques compris au compteur, qui rallonge même parfois artificiellement sa durée avec des plans extérieurs à la voiture ne servant finalement pas à grand-chose. Mais surtout, le scénario tombe dans de nombreux clichés, parfois inhérents au genre, et surtout aux incohérences. Combien de fois on s’exclame intérieurement « Mais pourquoi il ne fait pas ça !?! » ou à l’inverse « Mais pourquoi il fait ça ? ». Pourquoi par exemple ne pas exploser à grands coups de satons ou de barre de fer l’ordinateur de bord qui est à la base de bon nombre des soucis qu’il rencontre ? Parce qu’il n’y aurait plus de film, certes, mais à ce moment là c’est que le scénario est déjà bancal. Et puis, si notre gentil looser a été pris au hasard comme notre vilain Hopkins le dit, comment se fait-il qu’il soit aussi renseigné sur lui et qu’il sait ou sa fille habite ? Ça plombe sincèrement le film. C’est d’ailleurs dommage car David Yarovesky arrive plutôt bien à créer une certaine tension et cette sensation de claustrophobie d’un habitacle de voiture, avec des plans serrés et des cadrages oppressants. Certains des échanges entre les deux protagonistes sont d’ailleurs bien écrits et Bill Skarsgård s’en sort bien mieux que dans certains de ses derniers films (comme The Crow ou Boy Kills World). Le film a beau aborder des thèmes intéressants sur notre société, mais le gros manque de finesse l’empêche de dépasser le stade de série B lambda, certes bien mise en scène, qui fait passer un moment plutôt honnête sur son canapé, mais qu’on commence déjà à oublier dès l’apparition du générique de fin.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Plutôt bien shooté ♥ Une tension bien gérée ♥ Un Bill Skarsgård impliqué |
⊗ Rien de nouveau dans le genre ⊗ Pas mal d’incohérence ⊗ Manque de finesse |
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Piégé est un huis clos qui se regarde et permet même de passer un moment agréable, mais son manque de finesse et les nombreuses incohérences de son scénario lui mettent clairement du plomb dans l’aile. Sympathique mais clairement pas indispensable. |
PIÉGÉ sort le 9 août 2025 chez Metropolitan en DVD et Blu-ray au prix de 19.99€ / 24.99€. Il est possible de le précommander / acheter : ICI 16:9 compatible 4/3 format d’origine respecté 2.35. Anglais / Français 5.1 DTS-HD Master Audio, sous-titres français et français pour malentendants. En plus du film, on y trouve : Making Of. |
Titre : Piégé / Locked
Année : 2025
Durée : 1h38
Origine : U.S.A
Genre : Voiture téléguidée
Réalisateur : David Yarovesky
Scénario : Michael Arlen Ross, Mariano Cohn, Gaston Duprat
Acteurs : Bill Skarsgård, Anthony Hopkins, Ashley Cartwright, Michael Eklund, Navid Charkhi, Ricardo Pequenino, Gaston Morrison, Reese Alexander, Emma Kombe