[Film] Ladies in Operations, de Chao Chen-Kuo (1993)

Une femme mystérieuse sauve une poignée de demoiselles en détresse et les recrute dans son équipe antiterroriste entièrement féminine.

Avis de Cherycok :
Je vous en parlais dans mes chroniques de Lethal Panther 2 et Exquisite Bodyguards, mon manque sévère de girls with guns m’amène dans des contrées inexplorées dans lesquelles il n’est pas forcément bon de s’aventurer. Il y a d’un côté les DTV chinois, dans lesquels je n’ai pas encore trop fouillé, qui aiment à reprendre les genres et sous-genres qui ont fait la gloire du cinéma de Hong Kong, dont le girls with guns. Mais comme j’aime la difficulté et les épreuves, je m’oriente plus facilement dans les bas-fonds du cinéma de Hong Kong, mais aussi de Taïwan, les rois du recyclage dans la première moitié des années 90, à la recherche du petit girls with guns méconnu sorti uniquement en LaserDisc, en VCD, voire en VHS. Et après vous avoir parlé il y a quelques mois de Emergency Police Lady (1989), un rip-off taïwanais de The Inspector Wear Skirts avec Sibelle Hu et Alexander Lo Rei, on va parler aujourd’hui d’un autre rip-off du célèbre film de Wellson Chin, intitulé Ladies in Operations, toujours taïwanais, mais encore moins prestigieux que le précédent qui n’était déjà pas bien reluisant. Oui, à force de creuser et de creuser, on finit par toucher le fond.

Ladies in Operations est un film assez obscur et il est assez difficile de trouver des informations concrètes à son sujet. Même sa date de sortie diffère selon les sites, parfois 1993, parfois 1991. Pourtant, il a réussi à s’exporter et est arrivé en VHS dans certains pays sous le titre Deadly China Dolls 2, alors qu’il n’a rien à voir avec Lethal Panther qui était sorti dans certains pays sous le titre Deadly China Dolls. D’ailleurs, dans les pays où il a été exporté, il a été vendu comme un simili catégorie 3 contenant des scènes violentes et/ou sexuelles alors que le film ne comporte ni réelle violence, et encore moins de sexe. Peut-être par la traduction littérale de son titre original est Big Boobs Mobilization ? Une chose est sûre, c’est que même si c’est un film qui a été fait pour un public masculin, les seuls boobs auxquels on aura droit sont une poitrine en plastique issu d’un running gag sur un homme déguisé en femme. A part ça, nous sommes quand même dans un film proche de la comédie familiale, ce qui n’est pas très étonnant du réalisateur Chao Chen-Kuo qui, dans les années 80, a pondu tout un tas de comédies et de films pour enfants, dont les plus célèbres sont les deux volets de la saga Lucky Seven (1986/1989). Ça raconte quoi Ladies in Operations ? Eh bien pas grand-chose à vrai dire. Des femmes en situation de violence sont secourues par une mystérieuse femme à motocross, et il s’avère que c’est l’instructrice d’un camp d’entrainement pour femmes qui a pour but de les entrainer afin de lutter efficacement contre des terroristes. Au final, faute de budget peut-être, ça sera contre des gangsters locaux qu’elles seront envoyées. Ça tient sur un post-it ? C’est bien ça. Et c’est complètement assumé. Le but est de ressembler à the Inspector Wear Skirts qui a eu un gros succès à Hong Kong et Taiwan et de faire du pognon avec un minimum d’effort.

Après nous avoir brièvement montré la façon dont plusieurs femmes sont sauvées en l’espace de 10 minutes, Ladies in Operations va s’attarder longuement, très longuement, trop longuement, sur l’entrainement de ces femmes. C’est simple, pendant une heure, on va suivre un groupe de filles s’entrainer, certes, mais aussi se chamailler, faire des batailles d’eau, faire des étirements, apprendre le maniement des armes, le tout dans des tenues composées de débardeurs blancs moulants et de shorts kakis beaucoup trop courts, ou encore se faire draguer par le seul homme du camp, gros obsédé sexuel bien entendu, le tout avec un humour tantôt bon enfant, tantôt au ras des pâquerettes parce que nous sommes dans un film léger qui ne se prend pas la tête mais qui aime bien, malgré tout, les blagues de cul. Bien que certains gags fassent parfois sourire, c’est souvent extrêmement lourdingue et une heure non-stop de blagues vaseuses, de farces diverses et variées, ça rencontre vite ses limites. Et c’est sans compter sur cette chanson qui revient à plusieurs reprises, le thème du film, aux paroles plus que douteuses : « Les filles aux gros seins viennent de partout. Matures, belles, attirantes. Les filles aux gros seins sont sexy et ouvertes. Tout le monde admire leur silhouette magnifique ». Voilà voilà. Et ce n’est que le premier couplet ! C’est vrai qu’elles sont jolies ces actrices, inconnues au bataillon mais jolies. Mais on n’avait pas besoin d’une chanson aussi lourdingue pour voir à travers leur haut moulant qu’elles avaient, même si pas toutes, une poitrine généreuse. Et l’action dans tout ça ? Eh bien, si vous calculez bien, 10min d’introduction, 1h d’entrainement ou pseudo entrainement, pour un film de 1h26, si on enlève le générique de fin, oui, voilà, ça fait 10 minutes pour le final. Sincèrement, il faut avoir envie de se fader 1h10 de vide presque intersidéral pour un film de 10 minutes qui, en plus, ne casse pas trois pattes à un canard laqué. Les chorégraphies sont moyennes, c’est filmé n’importe comment, et il y a à nouveau des gags qui viennent péter le rythme d’un gunfight final déjà pas bien rythmé. Oui, tout ça pour ça.

Titre : Ladies in Operations / Deadly China Dolls 2 / 波霸總動員
Année : 1993
Durée : 1h26
Origine : Taïwan
Genre : Clone lowcost et surtout raté
Réalisateur : Chao Chen-Kuo
Scénario : Chao Chen-Kuo

Acteurs : Liu Chun, Yang Shuhua, Jiang Shan, Wong Lai-Hing, Cheng Yan-Sam, Si Siu-Nga, Emily Liang, Tian Tien, Peng Chun, Tseng Chao, Chung Jan-Wang, Ah Mi