
À Oakland en 1987, une tempête surnaturelle se prépare au-dessus de la ville, attirant de nombreux étrangers. Les punks adolescents défendent leur territoire contre les skinheads néonazis. Au même moment, un duo de rap se bat pour l’immortalité du hip-hop. Un homme de main fatigué voit une chance de se racheter, tandis qu’un All-Star de la NBA règle un vieux compte.
Avis de Cherycok :
Les grosses écuries du genre Disney vont parfois chercher des réalisateurs méconnus pour les mettre à la tête de leurs grosses machines hollywoodiennes afin de pouvoir bien les encadrer et qu’ils fassent un film bien dans les clous de ce qu’ils attendent, sans qu’ils puissent imposer leur vision des choses puisque, hey, soyez déjà content qu’on vous sorte de l’anonymat dans lequel vous étiez. Par exemple, vous aviez entendu parler vous de Anna Boden et Ryan Fleck avant qu’ils réalisent Captain Marvel (2019) ? Il y a peu de chance. Pourtant, c’est dommage, ils ont fait des films des plus intéressants tels que Sugar (2008), Une Drôle d’Histoire (2010) et Under Pressure (2015). Et puis les voilà propulsé au milieu du strass et des paillettes le temps d’un film avant de retomber dans le quasi anonymat, disparaissant des radars pendants quelques années avant de revenir et faire ce qu’ils savent faire de mieux : des films bien plus modestes et intéressants, en l’occurrence ici Freaky Tales. Freaky Tales a des défauts, oui, mais il est aussi frais, fun et divertissant. Et rien que ça, c’est déjà pas mal !
Réalisé mais aussi écrit par Anna Boden et Ryan Fleck, Freaky Tales s’inspire des souvenirs d’enfance de ce dernier qui a grandi à Oakland en Californie dans les années 80. Le film se compose de quatre histoires farfelues se déroulant à Oakland, bien distinctes mais liées entre elles, avec des personnages qui vont se croiser et qui vont parfois avoir un impact sur les autres histoires. Freaky Tales est très ancré 80’s, va jusqu’à jouer avec le format d’image 4/3 dans le premier chapitre, ou en s’amusant à mettre le même style de parasites d’images qu’on pouvait trouver sur les betamax ou les VHS qui commençaient à avoir roulé leur bosse. Il y a également un certain souci du détail dans beaucoup de scènes avec des posters de films des années 80 par exemple, sans parler des nombreuses VHS lors de la longue scène dans le vidéoclub dans laquelle les plus cinéphiles s’amuseront à retrouver les films à partir des jaquettes qu’on voit. Mais ce n’est pas tout puisque certaines scènes ou simplement plans semblent faire écho à certains films des années 80 comme cette explosion de corps de la scène finale renvoyant directement à celle mythique du Scanners (1981) de David Cronenberg, ou ces yeux verts qui semblent sortir de La Mort en Prime (1984). Il se dégage une certaine nostalgie de cette époque qui parlera forcément aux nostalgiques de cette époque. Alors oui, depuis l’avènement de la série Stranger Things, on pourrait reprocher à Freaky Tales de jouer la facilité, d’autant plus que certains commencent à faire une overdose de cette nostalgie des 80’s et c’est sans doute ce qui fera que le film risque de diviser. Mais si vous êtes en demande, vous serez servis et même bien servis.
Le casting prestigieux offre des performances magnétiques, en particulier Pedro Pascal et Ben Mendelsohn, et on sent un réel investissement dans un film qui pourtant, et c’était couru d’avance, n’allait pas avoir une énorme exposition (sortie très limitée en salles). C’est dommage car Freaky Tales est très bien mis en scène, visuellement et auditivement attrayant, avec de l’énergie et du style à revendre. Il sait se faire audacieux, volontairement caricatural, souvent drôle (il n’est clairement pas à prendre au sérieux), avec un côté pulp rétro non sans rappeler Quentin Tarantino ou Robert Rodriguez qui lui donne une certaine fraicheur. A vrai dire, le film n’a qu’un seul réel problème, assez embêtant il faut l’avouer, c’est qu’il manque cruellement de substance narrative. Déjà, les deux réalisateurs peinent à lier toutes ces histoires en un tout complètement satisfaisant avec au milieu de tout ça un deuxième segment clairement en dessous. Ensuite, la plupart des quatre récits ressemblent plus à des esquisses qu’à des histoires réellement abouties. Il est difficile d’approfondir quatre histoires liées entre elles en 1h45 et vingt bonnes minutes supplémentaires auraient peut-être permis de faire un tout un peu plus homogène. Néanmoins, les effets visuels, les costumes, le maquillage, la bande originale ou encore l’ambiance générale de Freaky Tales qui nous plonge avec enthousiasme dans la culture hip hop et/ou punk de cette époque en font un divertissement de plus sympathiques.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Bien mis en scène ♥ La bande originale ♥ Un bon casting ♥ Ne se prend pas au sérieux |
⊗ Manque de développement ⊗ Des CGI très moyens |
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Freaky Tales est un film excentrique et loufoque, parfois audacieux, souvent décalé et drôle, certes pas parfait mais avec une fraicheur et une énergie qui compensent son manque de substance. Un divertissement léger des plus sympathiques. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Jay Ellis a dû apprendre sept styles différents d’arts martiaux et six types d’armes différents. Il s’est entraîné trois fois par jour, six jours par semaine, pendant cinq semaines.
• Le cinéma du film diffuse Creepshow 2, un autre film à sketches sorti en 1987, l’année où se déroule l’action de ce film.
Titre : Freaky Tales
Année : 2024
Durée : 1h47
Origine : U.S.A / Canada
Genre : 1987, une bien belle année
Réalisateur : Anna Boden, Ryan Fleck
Scénario : Anna Boden, Ryan Fleck
Acteurs : Pedro Pascal, Ben Mendelsohn, Jay Ellis, Too $hort, Yoo Ji-Young, Jack Champion, Marteen, Zack Roberts, LeQuan Antonio Bennett, Michelle Farrah Huang