[Film] Evil Cat, de Dennis Yu (1987)


Un démon chat rôde dans le monde, et c’est à un jeune chauffeur et à un vieux magicien mourant d’un cancer de le combattre.


Avis de Cherycok :
Le cinéma de Hong Kong semble bien aimer les chats maléfiques. On pourrait par exemple citer Devil Cat (1985), les deux autres Devil Cat de 1991 et de 1992, le célèbre The Cat (1992) ou encore le plutôt obscur Evil Cat mis en scène par Dennis Yu pour la Cinema City, réalisateur HK à la courte carrière (7 films seulement) qui a par exemple réalisé The Beasts (1980) ou encore The Imp (1981) et qui a mis fin à sa carrière cinématographique justement après le Evil Cat qui nous intéresse aujourd’hui. Avec le trublion Wong Jing au scénario, il fallait s’attendre et tout à n’importe quoi, et c’est ce qu’on a quand on se lance dans les 1h27 de visionnage de ce Evil Cat, un film sur la possession démoniaque qui n’atteint jamais les sommets vertigineux des meilleures productions du genre, mais qui est tellement enjoué et sympathique que le visionnage ne sera à aucun moment une perte de temps.

Evil Cat est un film dont la caractérisation des personnages et la cohérence du scénario passent souvent au second plan et l’histoire n’est, au final, qu’un prétexte pour enchainer des scènes tantôt comiques, tantôt horrifiques, tantôt d’action, s’inspirant clairement de ce qui a déjà été fait. On pense par exemple à Mr Vampire bien entendu, sorti deux ans avant, et ayant popularisé la ghost kung fu comedy à Hong Kong, mais aussi à Terminator, Shining ou encore SOS Fantômes. Même si le film part dans tous les sens, certaines thématiques sont malgré tout abordées, comme la différence de point de vue entre l’ancienne et la nouvelle génération sur tout ce qui concerne les traditions. Cette ancienne génération, elle est parfaitement représentée par l’excellent Liu Chia-Liang qui interprète à la perfection ce maitre taoïste inflexible qui va se voir « confronté » à la nouvelle génération, incarnée par Mark Cheng dans un rôle léger qui, au fur et à mesure que le film avance, deviendra de plus en plus sérieux car c’est à lui que reviendra la tâche de faire perdurer certaines traditions. Dennis Yu a parfaitement compris l’absurdité inhérente du concept qu’il avait entre les mains, prend soins de rendre ses personnages un minimum crédibles et sympathiques, et ce qui aurait pu être un énième film HK fourre-tout s’avère au final être un divertissement des plus sympathiques qui arrive à avoir une atmosphère légère et même parfois ironique, tout en arrivant à garder de vraies scènes horrifiques. Le réalisateur arriver à créer de réelles scènes horrifiques, parfois un peu gores, avec une ambiance inquiétante, des filtres de lumière (surtout bleus) qui ont de la gueule, et des effets visuels et de styles certes basiques mais efficaces, lorsque le démon chat erre pour tuer. Le montage est habile, les cadrages souvent inventifs et couplé à la photographie d’Arthur Wong (Histoires de Fantômes Chinois 2, Il Etait une Fois en Chine 2), l’ensemble est sincèrement agréable à l’œil.

L’ensemble va alterner avec des scènes plus légères, plus comiques, avec le trio Liu Chia-Liang / Mark Cheng / Wong Jing car avec ce dernier également au scénario, il était fort probable que le film vire parfois à la grosse pantalonnade. Etonnamment, l’humour est très digeste, le film ne tombant pas dans la grosse déconne bien grasse car, même si on sent que le film n’est pas à prendre au sérieux, il ne cherche pas non plus à désacraliser ses scènes horrifiques. Le mélange est du coup relativement homogène. Pour le final, on a droit à un nouveau genre qui vient s’inviter à la fête avec de l’action pour une scène finale comme seul Hong Kong en a le secret. Certaines cascades sont impressionnantes, et ce final est de plus sympathiques avec même quelques bastons bien fichues, plutôt bien chorégraphiées, même s’il verse quand même bien plus dans la magie noire pur jus. Les SFX sont d’ailleurs sincèrement très honnêtes pour cette époque, d’autant plus que le film ne semble pas avoir bénéficié d’un énorme budget. Ils ne sont jamais extravagants, avec un démon chat qui n’apparait que peu sous sa vraie forme, ce dernier préférant aller de corps en corps et donc utiliser les corps humains qu’il possède, en les faisant se mouvoir et se battre comme un chat, plutôt que d’adopter sa vraie forme féline. Et ce n’est pas plus mal tant le maquillage de sa forme originelle est certes correct mais malgré tout un peu cheap. Evil Cat propose de vrais bons moments bien barrés, de l’action, des gags qui fonctionnent, pour un résultat qui porte clairement la marque de Wong Jing et qui possède ce charme des séries B HK des années 80.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des scènes horrifiques réussies
♥ 20 très bonnes dernières minutes
♥ Un casting intéressant
♥ Des gags qui font sourire
♥ Des SFX qui tiennent la route
⊗ Parfois un peu bordélique
⊗ Manque évident de profondeur
⊗ Un 2ème tier en deçà.

Le méconnu Evil Cat est un pur produit HK des années 80, généreux, fourre-tout, mélangeant habilement les genres, pour un résultat comico-horrifique mâtiné d’action sincèrement des plus sympathiques. Indispensable, non, divertissant, complètement.



Titre : Evil Cat / 凶貓
Année : 1987
Durée : 1h27
Origine : Hong Kong
Genre : Chat démoniaque
Réalisateur : Dennis Yu
Scénario : Wong Jing

Acteurs : Liu Chia-Liang, Joann Tang, Mark Cheng, Wong Jing, Hsu Shu-Yuen, Stuart Ong, Tom Poon, Teresa Ha Ping, Yiu Fung-Si, So Hon-Sang, Thomas Sin


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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