
Un représentant d’une société informatique chinoise tente de déjouer une conspiration visant à déclencher une guerre civile dans un pays africain, orchestrée par un homme d’affaires européen aidé par un guerrier africain coriace.
Avis de Cherycok :
Mon marathon Steven Seagal arrive à son terme, il ne me reste plus que quatre films, mais avant de me lancer dans le film du jour, j’avoue que j’avais un peu peur. J’avais peur pour trois raisons. La première, c’est que China Salesman est le film le plus mal noté de toute la filmographie de Steven Seagal. Et vu comment j’ai souffert sur certains films précédents, eh bien ça peur de se dire que c’est encore pire. Ensuite, et c’est assez rare pour le signaler, ce n’est pas Steven Seagal qui est en gros sur l’affiche. Déjà que dans ses derniers films où il était mis en avant, on le voyait peu dans le film, donc ça risque ici de tenir plus du cameo de luxe. Enfin, l’avantage des mauvais films de Seagal, c’est qu’ils dépassaient rarement 1h30/1h35. Sauf que le bousin qui nous intéresse aujourd’hui, il dure 1h50, une putain d’heure cinquante ! Alors oui, j’avais peur de me lancer dans China Salesman, et j’avais raison d’avoir peur car ce film est un calvaire absolu. Et malgré ma passion pour le cinéma asiatique, le fait qu’il soit réalisé, écrit, produit et chorégraphié par des chinois n’y changera rien, c’est de la bonne grosse raclure de chiotte.
Four complet au box-office chinois, tout le marketing du film était apparemment basé sur l’opposition entre Mike Tyson et Steven Seagal. Mais au final, il n’est qu’une petite intrigue secondaire qui consiste en un court combat au début du film (et pendant la majeure partie de celui-ci, Seagal est clairement remplacé par son cascadeur), et c’est la seule scène qu’ils partagent tous les deux. Et même Mike Tyson, en gros sur l’affiche, n’a au final qu’un rôle secondaire, China Salesman étant plus un film pour mettre en avant l’étoile montante Li Dongxue (1911, Brotherhood of Blades) dans le rôle d’un héros un peu naïf mais débrouillard, Seagal et Tyson ne servant que d’argument promotionnel. Sauf que ce n’est pas pour ça qu’on a signé nous quand on se lance dans une affiche avec le mangeur d’oreille et le trop gros mangeur. Tyson sert à deux ou trois choses dans le film, alors que Seagal est juste là, et c’est déjà bien. Les combats sont filmés un peu n’importe comment, avec une caméra qui part parfois dans tous les sens, et un montage bien trop rapide. Régulièrement, on sent qu’ils veulent montrer la puissance des coups de Mike Tyson, mais les procédés utilisés sont tellement putassiers et ratés (parfois avec des CGI dégueulasses comme que ses poings dérapent sur des murs en pierre ou des colonnes que ça détruit) que ça en devient ridicule. L’action pure est peut-être ce qu’il y a de moins pire. Tout est fait pour rendre l’ensemble un minimum impressionnant. Ce n’est clairement pas de la grande réussite, mais ça pète de partout, ça tire dans tous les sens, et si c’était mieux filmé / photographié / monté, ça aurait pu sauver le film du naufrage absolu. Mais ce n’est pas le cas. Le réalisateur novice Tan Bing, a qui on a donné un budget estimé entre 15 et 20M de dollars, ne semble clairement pas posséder tous les codes de mise en scène de film d’action. Mais ça encore, ce n’est pas le pire et ce qui se cache derrière ce film est quand même assez douteux.
En 2016, Steven Seagal obtient la nationalité russe et est même nommé par la suite, par son ami Vladimir Poutine, ambassadeur spécial de la Russie. Seagal a « l’honneur » de développer les contacts culturels et sociaux avec les Etats-Unis et semble prendre à cœur ce rôle ambigu de « médiateur » entre les cultures, même si, au final, c’est quand même bien du flan. Du coup, sa participation à ce film de propagande, cofinancé par pas moins de 7 boites de production chinoises, dans lequel il incarne un agent du « bien » aux côtés d’un héros qui veut faire croire au monde occidental que la Chine se préoccupe exclusivement des relations commerciales équitables et de la paix dans le monde, pose des questions. La narration et la construction de China Salesman sont complètement à côté de la plaque. Le film ne présente pas ses personnages ni la situation de base, laissant le loisir au spectateur de s’imaginer ce que bon lui semble. Si on prend le film dans son ensemble, on a souvent l’impression de voir des saynètes qui ont été tournées presque indépendamment et que le monteur a fait ce qu’il a pu pour rendre l’ensemble un minimum linéaire, un minimum plausible. Il y a trop d’intrigues secondaires qui au final ne servent pas à grand-chose et qui essoufflent le rythme à de nombreuses reprises. Quand ce n’est pas ça, tout s’enchaine trop vite, on passe d’un décor à l’autre sans réelle construction, et le résultat est un bien trop gros foutoir pour qu’on prenne du plaisir à suivre quoi que ce soit. Au final, les seules choses qui ressortent de ce naufrage, c’est une propagande bien grasse, avec une Chine qui bien entendu n’est là que pour apporter le bien au monde, avec ce gentil héros qui brandit à plusieurs reprises le drapeau de la Chine, lui seul capable d’empêcher ce pays africain de retomber dans la guerre civile. Mais il y a aussi ce racisme même pas déguisé, pas un racisme anti-blanc, avec des blancs qui incarnent les méchants (l’inverse est très souvent le cas dans le cinéma hollywoodien), mais un racisme anti-noirs très agaçant dans la manière dont les chinois sont présentés comme supérieurs aux africains. Oui, ce film est vraiment de la grosse raclure de chiottes.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ De beaux paysages | ⊗ Le discours ⊗ La narration ⊗ La mise en scène ⊗ Le nationalisme exacerbé ⊗ Le racisme primaire |
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Avec son histoire déformant grossièrement la réalité pour justifier la politique actuelle de la Chine envers l’Afrique, China Salesman est une purge immonde qui n’arrive ni à cacher son nationalisme putassier, ni son affreux racisme. Une chiasse immonde. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• C’est le premier et, techniquement, le seul film dans lequel Steven Seagal est vaincu dans une scène de combat. Bien qu’il ait également été battu lors du combat décisif de Machete (2010), celui-ci a été scénarisé de manière à ce qu’il apparaisse comme ayant choisi de perdre.
• Les deux stars de ce film, Steven Seagal et Mike Tyson, ont été accusés d’agression sexuelle. Tyson a été condamné.
Titre : China Salesman / Deadly Contract / 中國推銷員
Année : 2017
Durée : 1h50
Origine : Chine
Genre : Nul en plus d’être puant
Réalisateur : Tan Bing
Scénario : Tan Bing
Acteurs : Li Dongxue, Mike Tyson, Janicke Askevold, Li ai, Clovis Fouin, Eriq Ebouaney, Steven Seagal, Wang Zijian, Xuan Miao, Joaquim Tivoukou, Henri Bruno