[Film] Blood Ritual, de Lee Yuen-Ching (1989)


Un culte satanique opère dans l’ombre à Hong Kong et enlève des femmes pour les sacrifier lors de rituels particulièrement violents. La police peine à comprendre qui se cache derrière ces crimes jusqu’à ce qu’un ancien détenu, décidé à se racheter, se retrouve malgré lui mêlé à l’affaire. Avec l’aide d’une chanteuse qu’il protège et d’un ami, il découvre peu à peu l’ampleur de la secte et sa corruption. Ensemble, ils se retrouvent à affronter les membres du culte pour tenter de stopper la série de sacrifices avant qu’elle ne fasse de nouvelles victimes.


Avis de Cherycok :
Voilà, ça y est, à force de fouiller dans les tréfonds obscurs du cinéma de Hong Kong des années 80/90, à force de se fader de sombres bobines complètement inconnues, de perdre du temps dessus tant elles auraient dû rester dans l’oubli dans lequel elles étaient tombées, on finit parfois par tomber sur une bonne pioche ! Alors soyons clair, pas le chef d’œuvre du siècle ni même un très bon film, mais une bonne petite bobine d’exploitation qui délivre vraiment ce qu’elle cherche à donner. Alors laissez moi vous parler aujourd’hui de Blood Ritual (1989), seule réalisation d’un certain Lee Yuen-Ching, qui a également été assistant réalisateur sur The Revenge of Angel (1990) et Bury Me High (1991), discrètement sorti sous la houlette de la D & B du trio Sammo Hung / John Sham / Dickson Poon. Une production fauchée qui dès les premières minutes affiche clairement ses intentions de catégorie III (interdit aux moins de 18 ans à Hong Kong) et qui durant 1h32 va joyeusement mélanger les genres avec une étonnante efficacité jusqu’à un final qui nous rappelle pourquoi on aime tant le cinéma de Hong Kong des années 80.

Le mélange des genres était monnaie courante à Hong Kong et cet obscur Blood Ritual y fonce la tête la première mixant allègrement érotisme, violence, action, comédie et même de la romance. Tout ce qui fonctionnait à l’époque a été mixé en un seul film comme si on s’était dit que si tous ces genres plaisent, les mélanger tous plaira forcément encore plus. Bon, les 3.5M$HK rapportés au box-office prouvent que cette théorie n’est clairement pas une science exacte, mais une chose est sûre, c’est que Blood Ritual plaira à n’en pas douter à tous les amateurs de cinéma d’exploitation. Dès la première scène, avec cette demoiselle paniquée qui court nue dans un batiment abandonné, fuyant un groupe d’hommes mal intentionnés qui, quand ils l’attrapent, l’attachent et lui arrachent littéralement le cœur, on comprend la classification Cat III. A partir de là, Blood Ritual va passer de l’action à la comédie, de la comédie à l’horreur, de l’horreur à la romance, de la romance à l’érotisme et vice-et-versa sans jamais se soucier de quoi que ce soit et en exploitant chacun des genres à fond. Il y a des scènes de nu intégral, frôlant parfois le porno, un bébé cadavre, des travestis qui se battent, un sbire qui se fait couper le bras et qui se bat avec, un autre qui se bat tout en essayant de maintenir ses intestins suite à une éventration, des gens découpés ou écrasés voire trainés longuement par une moto ou encore une des scènes les plus improbables du cinéma de Hong Kong impliquant un doigt coupé qui a malheureusement été ingurgité par l’héroïne mais qui doit absolument ressortir car il s’agit d’une preuve. La suite de cela implique des laxatifs, un bocal à poisson, une paire de baguettes, un réalisateur qui fait un gros fuck au bon goût et une scène à la fois scato et hilarante. Entre deux scènes qui justifient clairement la classification Cat III, des scènes de comédies complètement idiotes menées par un excellent Ng Man-Tat qui fait ce qu’il sait faire de mieux pour nous faire rigoler, ou encore une romance entre un Norman Chu (Duel to the Death, Bastard Swordsman), qui n’hésite pas à faire le pitre et qui semble prendre plaisir à le faire, et une Gina Lam (Into the Night), dont le prénom « Caca » a une toute résonnance lors de la scène citée précédemment, qui semble parfois se demander ce qu’elle fait dans tout ce bordel tout en s’amusant dans un bon gros cabotinage des familles.

Jusque-là, Blood Ritual réussit tout ce qu’il entreprend pour peu qu’on soit conscient de ce qu’on va voir. Mais il réussit également au niveau des nombreuses scènes d’action, et c’est sans doute parce que c’est Tsui Siu-Ming, réalisateur de Gang Master (1982), Mirage (1987) ou encore Champions (2008) qui est aux manettes des scènes d’action. Clairement un gage de qualité tant le bonhomme a déjà fait ses preuves. Nous avons droit ici à de la bonne baston, nerveuse, aux chorégraphies simples mais efficaces, avec même des cascades qui font mal assez impressionnantes comme lors de la scène où l’acteur / chorégraphe Dion Lam se fait attaquer par trois hommes à moto armés de machettes, mais également quelques gunfight qui, sans jamais arriver à la cheville de ce que faisaient John Woo ou Taylor Wong à l’époque, restent très divertissants. On regrettera que plusieurs scènes d’action se déroulent dans une très grande obscurité, empêchant parfois d’apprécier correctement le spectacle, et également qu’elles soient trop courtes, mais l’action reste un des atouts du film, en particulier le final très intense et violent à base de crochets de boucher et de scie circulaire. Le scénario est ce qu’il est, parfois un peu décousu à cause des changements de genre incessants, donnant parfois l’impression d’être devant un enchainement de saynètes ayant plus ou moins de rapport entre elles. Mais l’ensemble se tient étonnement bien, en tout cas sans que cela demande un quelconque effort de la part du spectateur pour comprendre cette histoire de sectes sataniques contre lesquelles la Police de Hong Kong semble avoir du mal à lutter. Le casting composé de têtes plus ou moins connues du cinéma de Hong Kong semble conscient de la bisserie ambiante de la chose et semble s’en accommoder sans aucun souci. Mieux encore, ils semblent prendre un certain plaisir et il en résulte un côté parfois bien loufoque dès que le film joue la carte de la comédie, ainsi qu’un côté très débridé lorsque ça vire à l’horrifique. Alors certes, il est difficile de considérer Blood Ritual comme un indispensable du cinéma de Hong Kong, mais en termes de divertissement trash et fun, il a clairement du répondant.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bonnes scènes d’action
♥ Un casting qui s’amuse
♥ Le mélange des genres homogène
♥ Des scènes improbables
⊗ Un côté bis qui ne plaira pas forcément
⊗ Un scénario décousu

Mêlant sans aucune retenue érotisme, violence, action, comédie, horreur et romance, le tout saupoudré de trash et de bonnes bastons, Blood Ritual est une production D&B méconnue mais qui vaut son pesant de cacahuètes. Un très sympathique Cat III.

LE SAVIEZ VOUS ?
• L’ancienne VHS Ocean Shores contenait une version non censurée du film, tandis que les éditions laserdics ultérieures ont atténué la nudité. Il est possible de trouver sur la toile la version laserdisc à laquelle on a rajouté les scènes manquantes issues de la VHS, ces rajouts étant de bien moins bonne qualité.



Titre : Blood Ritual / 血裸祭
Année : 1989
Durée : 1h32
Origine : Hong Kong
Genre : Méli-mélo so 80’s
Réalisateur : Lee Yuen-Ching
Scénario : Ricky Ng

Acteurs : Norman Chu, Gina Lam, Josephine Lam, Dion Lam, Siu Yam-Yam, Ng Man-Tat, Paul Wong Kwan, Kwong Wai-Hung, Chan Chung-Kin, Cho Wing, Ku Huen-Chiu


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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