[Film] Balle Perdue, de Guillaume Pierret (2020)


Petit génie de la mécanique, Lino est réputé pour ses voitures-bélier. Jusqu’au jour où il se fait arrêter pour un braquage qui tourne mal. Repéré par le chef d’une unité de flics de choc, il se voit proposer un marché pour éviter la prison. 9 mois plus tard, Lino a largement fait ses preuves. Mais soudain accusé à tort de meurtre, il n’a d’autre choix que de retrouver l’unique preuve de son innocence : la balle du crime, coincée dans une voiture disparue.


Avis de Cherycok :
Cinéma français et action sont des mots qui, pour beaucoup de monde, ne vont pas très bien ensemble. Pourtant, on oublie un peu trop que dans les années 70 jusqu’au milieu des années 85, un acteur comme Jean-Paul Belmondo rameutait beaucoup de monde dans les salles avec des films aux scènes d’artion parfois impressionnantes où il réalisait la plupart de ses cascades. Puis la mode des films d’action à la française s’est éteinte malgré toujours quelques tentatives ci et là, ne rencontrant pas toujours le succès. Et puis dans les années 2000, on a droit à un revival, avec des films tels que Nid de Guêpes, Le Convoyeur, La Proie, A Bout Portant, Le Pacte des Loups, et bien d’autres, ainsi que les films de chez Europacorp, très ricains dans l’âme mais pourtant bel et bien français. Les années 2000 arrivent, et puis de nouveau le calme plat, avec des producteurs frileux de produire des films d’action en France, avec des réalisateurs parfois obligés d’aller s’exiler aux Etats-Unis. Et puis arrivent les années 2020 et en particulier Balle Perdue, premier film de Guillaume Pierret, qui a tout cassé sur Netflix, devenant en quelques jours le plus gros succès français à travers le monde sur une plateforme de SVOD, et qui va ouvrir la porte à d’autres productions parfois bien énervées.

Pourtant, au départ, ce n’était pas gagné. Lorsque Guillaume Pierret, également scénariste, va toquer à la porte des studios français avec le scénario de Balle Perdue qu’il a en tête depuis bien dix ans, il prend des refus pendant deux longues années. Le cinéma d’action semble appartenir aux ricains et on ne semblait pas prêt à retenter l’expérience en France, surtout avec un réalisateur novice. Guillaume Pierret avait beau essayer de les persuader que son film n’avait pas besoin d’un gros budget, toutes les portes restaient fermées. Jusqu’à 2018 où Netflix lui propose de produire son film. Exit les salles de cinéma, certes, mais bonjour à une distribution mondiale via la plateforme de SVOD, d’autant plus qu’il n’y a qu’en France qu’on semble ne pas aimer le cinéma d’action français. Lancé en début de pandémie COVID, ce film d’action à petit budget sorti de nulle part, a affolé les compteurs de la célèbre plateforme au N rouge, cumulant plus de 37 millions de visionnages à travers le monde en seulement quelques jours. Dans certains pays comme les Etats-Unis ou le Brésil, des fan-clubs du film se forment. Sur Twitter, le film est en top tweet. Le film reçoit des critiques parfois dithyrambiques de la presse un peu partout sur le globe. « Un condensé d’adrénaline avec des bastons bien vénères et des cascades à l’ancienne, qui sentent la sueur et l’huile de vidange », « Ce thriller français de Netflix nous rappelle à quel point l’action peut être profondément satisfaisante lorsqu’on la débarrasse des bourrelets hollywoodiens », ou encore « Balle perdue est un délicieux coup de boule, qui vient secouer la dentition d’un cinéma français en mal d’action spectaculaire et de divertissement populaire ambitieux ». Si je cite ces trois extraits de critiques en particulier, c’est parce que je trouve qu’elles représentent bien ce qu’est Balle Perdue, à savoir un divertissement populaire, aux scènes d’action assez folles et bien énervées, sans aucun CGI, un film assez brut qui va à l’essentiel avec pour optique d’en donner pour son argent au spectateur tout en montrant aux studios que « Alors, on ne sait pas faire de films d’action en France ? ».

Certains ont pu reprocher au film que ce qu’il raconte n’est pas réaliste. Des flics qui vont faire bosser un tolard pour les aider à modifier leurs bagnoles afin de les rendre plus solides pour des go-fast, apparemment, ça ne passe pas. C’est quoi qu’ils veulent ? Voir pendant 1h30 des policiers remplir tout un tas de papiers administratifs car ils ont crashé une de leurs voitures ? Ces mêmes mecs qui par la suite encensent Fast & Furious, une saga reconnue pour être complètement réaliste 10 films et un spin off durant… Bref, là n’est pas la question. Le fait est que Balle Perdue propose un cinéma à l’ancienne, un cinéma brut, sans fioriture, où on crache vraiment des bagnoles, où on fout vraiment le feu à une bagnole alors que l’acteur principal du film est en train de conduire. Un film à la violence sèche, fait par une équipe de passionnés très impliqués et qui voulaient vraiment bien faire et oui, c’est « profondément satisfaisant » de regarder un film revient aux essentiels car il a compris que le rendu à l’écran est bien plus palpable qu’une bagnole en CGI qui se crashe sur une autre bagnole en CGI. Alors c’est certain, Balle Perdue a beau faire parler la poudre, il ne l’a clairement pas inventée et ce n’est pas le film à regarder si vous cherchez ne serait-ce qu’un brin d’originalité. Mais il compense cela par une bien belle efficacité grâce, entre autres, à une mise en scène brute et réussie de Guillaume Pierret. Certes, la photographie du film peut-être un peu fade, syndrome qu’on retrouve dans beaucoup de films de SVOD, mais elle colle au final très bien au côté brut de décoffrage du film. Cette efficacité, on la doit également au casting et en particulier à Alban Lenoir qui s’impose avec la trilogie Balle Perdue, mais aussi un film comme AKA (2023), comme une valeur sure de l’action à la française, tête brûlée assurant lui-même la plupart de ses cascades et de ses combats (il a un passif martial), et surtout crédible dans ce genre de rôle. Nicolas Duvauchelle (Les Envoûtés, Brûle le Sang) s’en sort également avec les honneurs dans le rôle du ripou sans limite et sans pitié. Alors oui, il y a des invraisemblances. Oui, il y a des facilités. Mais c’est carré, efficace, ça tient en haleine, c’est fait avec sérieux et ça se prend au sérieux sans jamais faire de chichi. Du pur divertissement comme on aimerait en voir plus souvent dans le cinéma français.

LES PLUS LES MOINS
♥ Bien mis en scène
♥ Le casting
♥ Les scènes d’action à l’ancienne
♥ Ça sent la tôle froissée
♥ Bien rythmé
⊗ Un scénario linéaire
⊗ Des incohérences

Balle Perdue a beau avoir des facilités et des incohérences, il n’en demeure pas moins un divertissement très efficace, carré, fait avec beaucoup de sérieux, qui propose des scènes d’action vraiment très satisfaisantes. De la bonne série B !

LE SAVIEZ VOUS ?
• Six mois après la sortie du premier film, Netflix annonce qu’une suite est en préparation. Le 3ème volet a été annoncé alors que le tournage du 2ème film n’était pas encore terminé.



Titre : Balle Perdue
Année : 2020
Durée : 1h32
Origine : France
Genre : Actionner vénère
Réalisateur : Guillaume Pierret
Scénario : Guillaume Pierret, Alban Lenoir

Acteurs : Alban Lenoir, Nicolas Duvauchelle, Ramzy Bedia, Stéfi Celma, Rod Paradot, Sébastien Lalanne, Patrick Médioni, Arthur Aspaturian, Alexandre Philip, Pascale Arbillot


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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