Hong-Kong 1997. Les Britanniques vont rendre dans quelques mois à la Chine populaire une ville corrompue par le crime. Alors que les policiers ont baissé les bras, un groupe d’inspecteurs, mené par Yuen, surnommé Tequila, décide de mettre fin à la suprématie des gangs.
Avis de Cherycok :
Si vous demandez à quelqu’un qui a vu A Toute Epreuve de John Woo quel est selon lui le meilleur film d’action jamais tourné, il y a des chances qu’il vous cite justement A Toute Epreuve de John Woo. Il faut dire que le dernier film de Woo avant son départ aux Etats-Unis est un véritable coup de maitre, un tour de force souvent imité, jamais égalé, qui a redéfinit les codes du cinéma d’action, qui a inspiré de nombreux cinéastes, qui a fait venir au cinéma asiatique bon nombre de passionnés d’aujourd’hui. Pourtant, à sa sortie, même si le film a bien marché, il engrange bien moins d’argent que The Killer (1989) et que surtout Le Syndicat du Crime (1986). Mais à travers le monde, c’est un tout autre son de cloche, les critiques spécialisés n’ayant jamais vu pareil actionner. Mais alors, pourquoi A Toute Épreuve est possiblement le meilleur film d’action jamais réalisé au point que, encore aujourd’hui, plus de 30 ans après sa sortie, son influence est encore bien palpable ? C’est à la fois assez difficile à définir et pourtant à la fois assez évident.

Il suffit de regarder le fameux faux-plan séquence de dix minutes de l’hôpital pour comprendre tout ce qui fait la force du film. Alors que la scène est constamment en mouvement, avec des personnages qui vont de couloirs en ascenseurs en passant par des escaliers, à aucun moment la tension ne redescend. Nous sommes immédiatement plongés au cœur du chaos sans pourtant jamais perdre nos repères. Nous sommes tout simplement ici dans une leçon de cinéma dans laquelle Woo remixe en l’espace d’une (longue) scène tout ce qui avait fait la force de ses films précédents. Tout y est millimétré, de la coordination entre les acteurs aux ralentis iconiques en passant par les explosions et autres effets pyrotechniques ou encore la fluidité de la caméra. Difficile à expliquer comment une scène peut être aussi lisible tout en étant aussi complexe à mettre en scène. On a l’impression d’assister à un ballet où les balles pleuvent et où les corps tombent comme des mouches, où chaque coup de feu, chaque explosion, chaque ralenti donne à l’action un côté presque poétique. On se surprend régulièrement à être en apnée depuis plusieurs secondes… ou alors serait-ce des minutes… difficile à définir tant Woo arrive avec une facilité déconcertante à nous amener au milieu de ces gunfights. La violence y est souvent exacerbée mais pourtant jamais gratuite. Elle est stylisée jusqu’à l’extrême mais pourtant ô combien poétique car chargée de mélancolie et de tragédie. John Woo croit sincèrement à ses personnages et aux valeurs qu’ils portent, sans jamais leur insuffler une quelconque ironie comme on le voit trop souvent aujourd’hui. Le personnage de Tequila, interprété par un Chow Yun-Fat absolument impérial, en est l’exemple même et atteint même quelque part un statut quasiment mythologique. Guidé par un sens profond de l’honneur, son humanité le rend vulnérable et cela accentue sans cesse l’intensité des gunfights et l’émotion qui s’en dégage. Sa relation avec le personnage du non moins excellent Tony Leung Chiu-Wai permet à Woo de faire une synthèse de toutes les thématiques qu’il chérit, comme la fraternité ou la loyauté qui sont centrales à bon nombre de ses films car permettant de sans cesse transformer un simple spectacle en bien plus que ça.

Depuis plus de trente ans, le cinéma d’action n’a cessé de progresser techniquement, ne serait-ce que par l’arrivée des CGI ou de nouvelles caméras plus performantes. Mais pourtant, personne n’a jamais vraiment surpassé A Toute Épreuve car personne ne semble être arrivé à reproduire cet équilibre entre forme et émotion typique des scènes d’action de Woo dans ce film, mais aussi dans certains de ses films précédents. Tout ici semble tellement réel car tout était réel, avec des acteurs qui prenaient de vrais risques, qui s’impliquaient à fond, pour que l’intensité soit totale, quitte à se mettre en danger lors d’explosions leur passant à quelques centimètres. Ce danger, ces risques que prennent les acteurs, on les ressent devant notre écran. Beaucoup ont tenté de copier A Toute Épreuve sur la forme, mais en oubliant qu’il fallait y injecter une vraie âme, une vraie envie de créer quelque chose d’unique, une vraie envie de laisser une trace. Il se dégage de A Toute Épreuve quelque chose de vraiment spécial, quelque chose d’unique. On a l’impression d’être devant un chant du cygne d’un réalisateur qui cherchait à donner son plus bel ouvrage à un pays qu’il allait quitter à l’approche de la rétrocession, le cri d’un réalisateur pour un cinéma libre, injectant dans son film tous les excès et toute son énergie avec une réelle sincérité, sans jamais tomber dans l’autoparodie, repoussant les limites techniques tout en marquant émotionnellement à jamais tout un tas de cinéphiles. Oui, l’influence de A Toute Épreuve est immense, de Heat de Michael Mann qui en reprend certains codes, aux Wachowski et leur saga Matrix en passant par des petits DTV méconnus comme Hard Justice de Greg Yaitanes qui en utilise la grammaire visuelle. Aujourd’hui encore, une saga comme John Wick et son spin off Ballerina renvoient directement au cinéma de Woo, en particulier à son A Toute Épreuve (mais pas que) qui est effectivement un classique intemporel du cinéma. Alors pourquoi 9.5/10 et pas la note maximale de 10/10 ? Tout simplement parce que j’ai été plus marqué par The Killer réalisé trois ans auparavant, sans doute parce que je l’ai vu avant et que c’est lui qui, après des années à voir et revoir des Bruce Lee et Jackie Chan, m’a ouvert au milieu des années 90 à tout un pan du cinéma asiatique que je ne connaissais pas, qui m’a fait créer HKMania en 2000 et qui fait que 25 ans après je suis encore et toujours en train de vous parler de films asiatiques. Alors, oui, j’ai une préférence pour The Killer mais A Toute Épreuve est clairement la quintessence du cinéma de John Woo et possiblement le meilleur film d’action jamais accouché sur pellicule.

| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Une mise en scène virtuose ♥ Des scènes d’action d’une intensité rare ♥ Un casting impeccable ♥ Une lisibilité de tous les instants ♥ Une tension parfaitement gérée |
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| A Toute Épreuve traverse les décennies sans prendre une ride, s’imposant encore et toujours comme le meilleur film d’action jamais créé. John Woo a été touché par la grâce et A Toute Épreuve est un classique intemporel du cinéma. | |

LE SAVIEZ VOUS ?
• En 2007 sort le jeu vidéo Stranglehold qui est la suite du film et reprend le personnage de Tequila Yuen.
• Tony Leung reprend des traits similaires à ceux d’Alain Delon dans Le Samouraï. Son personnage est d’ailleurs nommé d’après Alain Delon (Alan).
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A TOUTE EPREUVE est sorti chez Metropolitan en coffret Blu-ray / UHD Collector au prix de 49.99€. Il est disponible à l’achat ici : Fnac.com En plus du film, on y trouve : Livret de 20 pages – Commentaire audio de John Woo et Drew Taylor – HK revisited, épisode 01 avec Christophe Gans, David Martinez, Léonard Haddad et Julien Carbon (53’00) – Bande annonce originale restaurée – Interview du réalisateur John Woo (41’00) – Rencontre avec Anthony Wong (22’00) – La production de « A toute épreuve » avec Terence Chang (12’00) – Entretien avec Gordon Chan (10’00) – Entretien avec le scénariste Chan Hing-Ka (16’00) – La musique d’ »A toute épreuve » avec le compositeur Michael Gibbs (18’00) – Gun-Fu Fever avec l’auteur Leon Hunt (18’00) – Chewing the Fat avec l’universitaire Lin Feng (12’00) – Hong Kong Confidential avec Grady Hendrix (13’00) – Scènes coupées et alternatives (14’00) – Galerie d’images – Documentaire avec John Woo, Terence Chang, David Wu et Philip Kwok (75’00) – Rencontre avec Tony Leung (11’00) – Le montage alternatif de la séquence d’ouverture présentée par Christophe Gans (21’00) – Interview de Nicolas Saada (11’00) |
Titre : A Toute Epreuve / Hard Boiled / 辣手神探
Année : 1992
Durée : 2h08
Origine : Hong Kong
Genre : Putain de bordel de merde !
Réalisateur : John Woo
Scénario : Barry Wong
Acteurs : Chow Yun-Fat, Tony Leung Chiu-Wai, Teresa Mo, Phillip Chan, Phillip Kwok, Anthony Wong, Kwan Hoi-San, Stephen Tung Wai, Bowie Lam, Bobby Au-Yeung


























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