
Yang Liejun, génie du kung-fu, retrouve sa fiancée, Sun Jin, et son cadet, Li Shuwen, et se promet de mettre fin aux pratiques trompeuses qui sévissent dans leur ville. Cependant, un secret choquant est révélé après avoir franchi le piège du Palais Liujia. Les deux héros de Kung Fu se divisent, l’un poursuivant la divinité, l’autre embrassant le mal. La bataille finale les attend !
Avis de Cherycok :
Après vous avoir parlé des récents Blade of Fury, Black Storm, Curbing Violence ou de Fight Against Evil et de sa suite réalisés Qin Pei-Feng, qui ont fait de ce dernier un des réalisateurs les plus intéressants de la jungle des DTV chinois, on va s’intéresser aujourd’hui à un de ses premiers films, sortis en 2020, intitulé As God. On y retrouve déjà un certain Tse Miu, un de ses acteurs fétiches dans ce qui pourrait être une version des plus modestes du Il Etait une Fois en Chine 2 de Tsui Hark et de sa secte religieuse maléfique. As God est écrit par Yang Bing-Jia, réalisateur de Eye for an Eye 2 qui est chorégraphié par … Qin Peng-Fei. La boucle est bouclée. Bien qu’il n’atteigne pas le niveau de ses dernières productions, As God reste malgré tout un film très intéressant puisqu’il préfigure ce qu’on verra du réalisateur quelques années plus tard.
As God raconte l’histoire des premières années de la République de Chine, alors qu’une force maléfique ensorcelle et empoisonne le peuple. Yang Liejun, un expert en kung-fu, s’associe à Sun Jin et Lai Shouwen pour démasquer la supercherie et faire éclater la vérité. L’intrigue n’avance finalement pas beaucoup en 75 minutes et c’est dommage car l’histoire du film est plutôt bonne. Par contre, une fois de plus, alors que le film n’hésite pas à aller dans le fantastique, avec des personnages qui se téléportent littéralement, qui ont des pouvoirs, le scénario est obligé d’expliquer qu’en fait, il n’y a rien de fantastique dans tout ça, que tout n’est en fait que des illusions causées par de la drogue (et la drogue, c’est mal), car la censure chinoise n’aime pas qu’on injecte des éléments fantastiques dans des histoires qui ne le sont pas forcément. Un procédé qu’on a très souvent retrouvé dans les ghost kung fu comedy telles que Taoist Priest (2021) ou des DTV semi-horrifiques comme The Wicked Wife (2022). Mais au final qu’importe, car on sait à quoi on s’attend lorsqu’on bourlingue dans le milieu du DTV chinois et on finit par ne plus réellement en tenir compte même si, il est vrai, on aimerait que la censure soit parfois un peu plus laxiste afin que les réalisateurs et scénaristes puissent pleinement s’exprimer. Qin Peng-Fei fait déjà preuve d’un réel sens de la mise en scène, aussi bien sur les scènes d’exposition, avec des lents travellings souvent très esthétiques, des plans à la photographie très soignée (l’intro sous la pluie est superbe, celui dans la grotte avec les tissus tendus également) et on sent chez lui une réelle envie de bien faire contrairement à beaucoup de DTV chinois pour la SVOD du début des années 2020 qui donnent cette impression de vite fait / bâclé. On sent également déjà son envie de soigner ses scènes martiales. Il est lui-même un artiste martial, il est également chorégraphe, et il a clairement envie que ses scènes d’action soient créatives. Il n’hésite pas à aller sans hésitation dans le wire-fu et semble en connaitre parfaitement les codes. Il faut dire qu’il a été élevé au cinéma de Hong Kong des années 80/90, ce qui aide à s’approprier la chose.
Le casting est plutôt bon. Bien que les personnages ne soient que peu approfondis et qu’ils ne demandent au final que peu d’émotions différentes à interpréter pour les acteurs, ces derniers s’en sortent parfaitement et jouent avec conviction. Et puis Qin Peng-Fei sait en général parfaitement s’entourer. Ce n’est pas un hasard si on retrouve Ashton Chen dans Blade of Fury, Jiang Lu-Xia dans Curbing Violence, ou Tse Miu dans Fight Against Evil 1 et 2. On retrouve d’ailleurs ce dernier ici et il va une fois de plus montrer l’étendue de ses talents. Il est accompagné de Wang Wen-Jie (Wushu, The Great Magicien), 31 ans au moment du tournage, véritable artiste martial qui serait, selon la rumeur, un ancien disciple de Jackie Chan. On retrouve déjà parfois ces combats très horizontaux, avec des combattants qui glissent sur de nombreux mètres sur le sol, technique qu’il réutilisera en bien plus maitrisé dans Blade of Fury, mais également une très bonne utilisation des décors et des éléments qui le composent. Les combats sont punchy, lisibles, violents, avec des mouvements de caméra pensés pour accentuer les impacts. Dommage qu’ils ne soient jamais très longs mais ils auguraient déjà ce qui allait suivre avec les excellents Black Storm, Blade of Fury ou Fight Against Evil 2. Le combat final en un contre un, un contre 50, puis de nouveau un contre un est vraiment réussi, très aérien, souvent très impressionnant malgré des figurants qui attendent un peu trop leur tour pour être frappés. Un climax vraiment intense qui permet de finir sur cette sensation d’être tombé sur un DTV qui valait vraiment le coup d’œil. Mais ce n’est pas étonnant finalement avec ce réalisateur.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les scènes d’action ♥ Bien mis en scène ♥ Un casting intéressant ♥ Une histoire qui n’est pas oubliée |
⊗ Ne développe au final pas grand-chose ⊗ De rares effets spéciaux moyens |
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Bien qu’il soit imparfait, As God inaugurait déjà du bon pour la suite de la carrière de Qin Peng-Fei et il mettait déjà en place au niveau de l’action son style à mi-chemin entre Hong Kong, la Corée du Sud et l’Indonésie. Un sympathique divertissement. |
Titre : As God / 破神录
Année : 2020
Durée : 1h15
Origine : Chine
Genre : Des débuts prometteurs
Réalisateur : Qin Peng-Fei
Scénario : Yang Bing-Jia
Acteurs : Tse Miu, Royi, Wang Wen-Jie, Xue Jian, Gong Hao-Chuan, Wei Jun-Zi, Liu Wen-Pu, Yang Bing-Jia, Jason Zheng, Liu Feng-Chao, Zhang Tai-Hai, Bai Yue