[Film] Chandramukhi, de P. Vasu (2005)


Sendhil et sa femme Ganga décident d’emménager dans la demeure familiale réputée hantée par le fantôme de la danseuse Chandamuki morte il y a plus d’un siècle. Ils seront rejoints par le docteur Saravanan.


Avis de Laurent :
Trois ans après le très contesté « Baba », qui ne semble avoir convaincu que peu de monde, le monstre sacré du cinéma tamoul, j’ai nommé superstar Rajini (souvenez-vous l’inoubliable « Muthu »), nous fait un come-back remarqué puisque Chandramuki sera une des grandes réussites commerciales de 2005. De quoi témoigner de la bonne santé actuelle des productions régionales qui arrivent enfin à rivaliser avec le cinéma de Mumbai.

Chandramuki est une danseuse qui hante depuis plus d’un siècle les murs d’un palais dont personne ne veut se porter acquéreur. Jusqu’au jour où Sendhil (Prabhu) décide avec sa femme Ganga (Jyothika) d’emménager dans la demeure avec sa famille (au sens large) ainsi que le docteur Saravanan (Rajini le Dieu incontesté de Kollywood). Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que des phénomènes paranormaux viennent pimenter le quotidien de nos nouveaux pensionnaires. A peine quinze minutes suffisent pour se rendre compte que le retour de Rajini se veut fracassant avec une scène d’ouverture absolument monstrueuse !!! Rajini (probablement frustré par sa courte traversée du désert) nous sort le grand jeu en nous faisant son Kung Fu Hustle sauce Kollywood ; tellement énorme qu’il s’offre enfin sa place au Panthéon. Rajini c’est tout un style : bedaine apparente (ne cherchez pas les abdos), coupe de cheveux à la Philippe Gildas, moustache disproportionnée, lunettes noires poseuses et souplesse à faire rougir notre Jean-Claude Van Damme vénéré. C’est ainsi, qu’armé de son index et d’un chewing-gum dopé à la kryptonite, il s’en va affronter une horde de voyous venus négocier avec leurs muscles un contrat pour un chantier. C’est avec un second degré assumé et une auto parodie de son propre personnage que Rajini va enchaîner sa démonstration en kung-fu très inspiré par la vague « Matrix » stérile. Une scène de baston absolument anthologique et inoubliable. Les cascades sont délirantes et proprement réalisées avec les moyens du bord. Une baffe de Rajini et vous voilà en train d’exploser un pare-brise de 4×4 après avoir effectué trois sauts périlleux arrière. Sifu Rajini, c’est de l’autodérision assumée qui arrive au bon moment pour relancer sa carrière (imaginez « Muthu » réalisé par Yuen Woo-Ping).

Difficile de reprendre son souffle après une entrée en matière aussi réussie … on se dit alors que l’on tient enfin la pépite de l’année et qu’il va être difficile de relâcher ses zygomatiques. Hélas, Chandramuki va sombrer petit à petit dans la comédie teintée de fantastique sans la petite étincelle nécessaire pour le faire trôner dans les livres d’histoire. Quelques quiproquos sympathiques servent à maintenir le niveau général au-dessus de la moyenne mais rien de transcendant. Il faudra attendre l’intervalle pour voir s’emballer ce Chandramuki qui nous aura légèrement assoupi après son ouverture tonitruante. On suivra l’enquête du docteur Saravanan pour savoir qui est réellement à l’origine de ces événements inattendus. C’est alors que la partie fantastique se met en place avec plus ou moins de réussite, misant principalement sur le comique de situation. La bonne dose d’effets spéciaux n’est pas superflue (excepté le serpent géant ridicule rajouté via la technologie numérique) puisqu’ils servent à l’avancement de la narration et se mêlent parfaitement à la beauté du cadre. Une deuxième grosse scène de baston dévastatrice vient mettre un peu d’ordre dans tout ce bazar, mais en combat un contre un, avec un adversaire redoutable. De nouveaux personnages hauts en couleurs viennent compléter le tableau mais sans voler la vedette à Big Rajini. Maintenant la plus grosse réussite de ce Chandramuki vient de ses passages musicaux absolument sublimes et mémorables qui parviendront à convaincre le plus réfractaire des spectateurs. Commençons directement par les deux meilleurs passages : « Devudaa Devudaa », avec sa figuration imposante et millimétrée toute en couleur, et surtout l’énorme « Kokku Para Para » qui mettra en scène une originale exhibition de cerfs-volants. C’est beau, coloré, ingénieux, merveilleusement chanté par de nombreuses femmes et enfants. Fabuleux ! « Athindhom » est une danse plus intimiste où Rajini nous fait part de ses talents de chanteur et musicien charmeur, sur une douce et belle chanson. « Konja Neram » se démarque de l’ensemble en privilégiant plutôt le magnifique cadre naturel dans lequel se passe la danse. Vient ensuite « Oh ! Oh ! Annanoda » la grosse scène de mariage où Rajini nous fait son traditionnel numéro de torchon dont c’est la spécialité. Figuration également monstrueuse et chorégraphiée avec un sens du détail méticuleux où Rajini met vraiment le paquet. Tout simplement savoureux. Enfin, on termine sur « Raa Raa », danse inquiétante, teintée de fantastique où Jyothika est d’une sensualité à vous faire fondre sur votre canapé.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le second degré
♥ Les scènes d’action nawak
♥ Rajini et sa célèbre moustache
⊗ Un gros ventre mou
⊗ Certains CGI

En définitive, même si Chandramuki n’est pas entièrement convaincant et souffre d’une grosse baisse de régime, sa scène d’ouverture et ses passages musicaux d’une richesse phénoménale en font une œuvre à voir absolument ! Malgré le poids des années, Rajini nous prouve, là encore, qu’il est au top de sa forme pour venir en aide à la veuve et l’orphelin.



Titre : Chandramukhi
Année : 2005
Durée : 2h44
Origine : Inde
Genre : Comédie horrifique
Réalisateur : P. Vasu
Scénario : P. Vasu

Acteurs : Rajinikanth, Prabhu, Jyothika, Nayantara, Vadivelu, Nassar, Vijayakumar, Vineeth, Malavika, Sheela, Vinaya Prasad, K.R. Vijaya, Sonu Sood, Avinash

 Chandramukhi (2005) on IMDb


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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