[Film] The Lakeside Murder Case, de Shinji Aoyama (2004)


Trois familles s’installent dans une villa isolée au bord d’un lac en compagnie d’un tuteur. Ce dernier a été engagé afin d’aider leurs enfants à préparer sérieusement l’examen d’entrée d’une prestigieuse école privée. Mais la maîtresse d’un des époux, Shunsuke Namiki, arrive à la villa. La nuit même, la femme de Namiki lui annonce avoir tué sa maîtresse. Les trois familles s’organisent alors pour faire disparaître le corps dans le lac voisin.


Avis de Yume :
Un nouveau film de Shinji Aoyama est toujours en soi une bonne nouvelle. Surtout que depuis Desert Moon, l’homme s’était fait discret, avec seulement La Foret sans Nom, film inégal. Bien sûr, Shinji Aoyama n’a pas chômé, en bossant pour la télévision ou en faisant des courts métrages. Toujours est-il que 2003 marque son retour avec ce film beaucoup moins auteuriste que ses précédentes réalisations. En effet, Lakeside Murder Case a formellement tout du film noir : lieu isolé, personnages vêtus de noir, peu loquaces et aux points de vue divergents, et bien sur un meurtre en clé de voûte.

Adapté du roman Lake Side de Higashino Keigo, Lakeside Murder Case se déroule selon un schéma inexorable proche d’un livre d’Agatha Christie, avec dans l’ordre présentation des lieux et des personnages, mise en place des problématiques, puis le meurtre. Pour Namiki c’est la stupeur, pourquoi sa femme a-t-elle tuée sa maîtresse ? Et si… C’est cette supposition qui va de là guider le film et le faire sortir de la voie polar vers une mise en avant des problèmes liés au système éducatif japonais. Tout le monde le sait, le système scolaire japonais est despotique, et oblige les élèves à travailler plus que de raison pour espérer rentrer dans des écoles privées prestigieuses, et de là plus tard avoir une bonne position sociale. C’est un véritable parcours du combattant autant physique que moral pour les enfants japonais, de plus poussés par leurs familles respectives à l’excellence totale. Pour cela ces dernières font souvent appel à des répétiteurs privés, dans le genre de celui du film. C’est donc cette course absolue à la réussite, imposée égoïstement par la famille que Shinji Aoyama affiche et dénonce dans le film. Malheureusement, on a l’impression qu’il ne croit pas dans la force dans son histoire, et surtout dans l’intelligence de ses spectateurs. Et c’est bien ce dernier point qui est le plus énervant. Soit Shinji Aoyama n’a pas confiance en lui et dans sa capacité à faire passer un message à travers une mise en scène, soit il s’est dit qu’il serait préférable de rabâcher ce message pour que le spectateur moyen ne passe pas à côté. Toujours est-il que la dernière partie du film est une véritable torture. La morale du film y est rabachée en long et en large, sans que quoique ce soit ne fasse avancer la problématique. La quasi dernière demi-heure plombe donc un film qui jusqu’à lors se laissait agréablement suivre.

Et cette lourdeur moraliste n’est en rien rattrapée par la présence du casting assez extraordinaire que Shinji Aoyama avait réuni. Bien sûr, on ne peut rien reprocher au charisme de Koji Yakusho et de Akira Emoto, tous les deux crédibles, ni même dans le jeu subtil et attachant de Hiroko Yakushimaru. Mais finalement, aucun artifice ne peut sauver la fin de Lakeside Murder Case. Dommage, car on sentait bien que Shinji Aoyama avait encore progressé sur le plan formel. Toujours adepte de mêmes plans longs, il s’évertue ici à poser une ambiance par le biais de jeux de lumières réussis. Bien sur sa mise en scène est incomparable avec ce que des maîtres du genre auraient fait, Lakeside Murder Case demeurant trop sage, trop plat. De plus Shinji Aoyama n’exploite pas toutes les pistes qu’il donne au début du film. L’exemple le plus parlant étant les visions de la femme de Namiki. Son utilisation aurait pu donner une orientation intéressante au film, mais se retrouve sous exploitée et complètement en inadéquation de par son coté surnaturel avec la morale tristement réaliste.

LES PLUS LES MOINS
♥ La critique du système éducatif
♥ Le casting
⊗ La dernière partie du film
⊗ Mise en scène trop sage

Lakeside Murder Case mériterait de se voir amputé d’une bonne demi-heure pour devenir un film intéressant. Dans l’état actuel des choses la lourdeur des répétitions de propos lasse plus qu’elle n’amuse. Vraiment dommage.


Titre : Lakeside Murder Case / レイクサイド マーダーケース
Année : 2004
Durée : 1h59
Origine : Japon
Genre : Réflexion sur l’école
Réalisateur : Shinji Aoyama
Scénario : Shinji Aoyama, Masaki Fukasawa

Acteurs : Kôji Yakusho, Hiroko Yakushimaru, Etsushi Toyokawa, Akira Emoto, Fukumi Kuroda, Shingo Tsurumi, Kaoru Sugita, Yuko Mano

 Reikusaido mâdâ kêsu (2004) on IMDb


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Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
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