[Film] Ran, de Akira Kurosawa (1985)


Les guerres se succèdent au Japon. Cette époque féodale est en effet le triste décor des luttes sanguinaires de la part de différents clans pour la domination du pays. Vieilli et fatigué, le seigneur Ichimonji Hidetora décide de passer la main à ses enfants, de leur confier les trois châteaux, et de déléguer tous ses pouvoirs à l’aîné. Le plus jeune des trois se moque alors de son père, pensant que celui-ci vient de sceller la perte de son clan. Hidetora bannit le jeune coq, et n’aspire plus qu’à une vie calme, loin des destinées guerrières maintenant confiées à ses deux autres fils.


Avis de Oli :
Après Le château de l’Araignée, Kurosawa adapte une nouvelle fois Shakespeare. Cette fois ci il décide de donner sa vision de King Lear.

Au travers des guerres et des batailles rangées gangrenant le Japon du XVIème siècle, Kurosawa nous compte la détresse humaine. Comment en effet, est-ce que ce vieux Seigneur qui fit couler le sang et qui répandit la mort d’innocents des années durant pour s’approprier leurs terres peut-il espérer que sa retraite se déroule dans la tranquillité ? Comme ces araignées qui se font dévorer par leur progéniture, Hidetora va vite se rendre compte qu’un tyran ne donne pas naissance à des anges, et que ses enfants connaissent les mêmes faiblesses que lui, et en particulier l’avidité, cette misère humaine du cœur…

De désillusions en drames et défaites, le vieux Hidetora va être amené à côtoyer la folie, à vivre parmi les morts, entouré par des ruines qu’il a lui-même un jour bâties en arrachant la vie à des corps innocents. Au milieu de ces traîtrises, de ces basses vengeances qui ne sont jamais si bien accomplies que lorsque le visage qui les ordonne à des courbes fines et un teint de jeune fille, Kurosawa intercale des scènes monumentales et spectaculaires, des batailles mêlant des centaines de figurants, des chevaux, des décors naturels et sublimes, dans la région de Tokyo.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène
♥ Des décors et costumes superbes
♥ Le réalisme de l’ensemble
♥ L’immersion visuelle
⊗ …
Kurosawa représente le cinéma de la patience, un peu à l’image du personnage de Shingei dans Kagemusha, il est une montagne, immobile, capable d’attendre des jours durant que la météo s’adapte aux visions du film qu’il souhaite coucher sur pellicule, capable de faire patienter toute son équipe et son armée de figurants dans le froid et la bonne humeur d’une fin d’automne sur les pentes du Mont Fuji, les pieds dans la terre, les mains qui se réchauffent au-dessus d’un brasero de fortune, les corps parfois couchés et enroulés dans des couvertures, en attendant un signe du Maître, qui lui-même attend un petit signe d’en haut, une simple levée du brouillard … un simple coup de main de la météo.



Titre : Ran / 乱
Année : 1985
Durée : 2h42
Origine : Japon
Genre : Aventures / Historique
Réalisateur : Akira Kurosawa
Scénario : Akira Kurosawa, Hideo Oguni, Masato Ise

Acteurs : Tatsuya Nakadai, Akira Terao, Jinpachi Nezu, Daisuke Ryu, Mieko Harada, Yoshiko Miyazaki, Hisashi Igawa, Shinnosuke, Masayuki Yui, Kazuo Kato

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Auteur : Oli

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