[Film] Ninja in the Dragon’s Den, de Corey Yuen (1982)


Un ninja se rend en Chine pour punir celui qu’il croit responsable de la mort de son père. Sur place il va se heurter à l’ami du vieillard, un expert en arts martiaux qui va se révéler aussi rusé et retors que lui…


Avis de Postscriptom :
Le premier film de Corey Yuen, un inédit ou quasiment (il était sorti en VCD), cette ressortie permettant de lui redonner enfin la place qu’il mérite, à savoir celle d’une des meilleurs kung-fu comédie des années 80 ! En effet, on le pressentait en lisant diverses reviews sur le Net, le film se place sans problème au niveau des meilleures productions de l’époque, comme LE HEROS MAGNIFIQUE (MAGNIFICENT BUTCHER), DREADNAUGHT (TIGRE BLANC) pour les arts martiaux, ou ENCOUTERS OF THE SPOOKY KIND (L’EXORCISTE CHINOIS) et MIRACLE FIGHTERS pour la magie. Ajoutez à cela un cocktail détonnant de ruses ninjaesques (tout y passe avec une originalité sans cesse renouvelée) digne des meilleurs moments de DUEL TO DEATH (qui a copié sur qui d’ailleurs ?), et vous aurez une idée du cocktail que vous a préparé Corey Yuen. La mise en scène est en effet quasiment un best-of (tout à fait conscient et cohérent) de ces films réalisés les deux années précédentes, sans oublier bien sûr quelques emprunts à Liu Chia-Liang pour faire bonne mesure (les passages avec les « spirituals boxers » surtout).

Cela dit ce patchwork de styles tient très bien le coup. De plus on se rend vite compte que les combats ne sont pas vraiment filmés « à l’ancienne » (la nouvelle vague est déjà passée par là) et dès qu’il le peut Corey Yuen essaie de sortir des sentiers battus des kung-fu des seventies pour en offrir toujours plus à un public avide de nouveautés : Montage plus rapide (mais scènes toujours lisibles), utilisation extensive des objets et des décors (il a retenu la leçon de Jackie) et surtout déjà cette élégance aérienne qui deviendra sa marque de fabrique. On se doutait que pour redéfinir les règles du filmage des arts martiaux comme Corey l’a fait dans les années 90 il fallait auparavant bien les connaître ces règles, et bien NINJA IN THE DRAGON’S DEN en est la preuve éclatante ! Et puis, cerise sur le gâteau, le film comporte des morceaux de bravoure vraiment inédits, comme ce combat sur des mini-échasses qui ouvre le film (seul yuen Woo-Ping s’en souviendra brièvement dans TAI CHI MASTER, pour la scène de l’auberge avec Michelle Yeoh) ou, encore plus drôle, la baston entre Conan Lee et un pseudo-magicien qui lance des incantations, le tout sur un amoncellement de cinq tables en équilibre instable (et je ne vous ferai pas l’affront de dire où on a vu ça plus récemment, Yuen Woo-Ping est vraisemblablement un grand fan de NINJA IN THE DRAGON’S DEN) ! Il faut noter aussi que le film a été produit après les succès de SNAKE IN THE EAGLE’S SHADOW et DRUNKEN MASTER par la Seasonal, et que Ng See-Yuen a réinvesti une grosse partie des recettes dans la production du film, qui bénéficie donc d’un budget largement supérieur aux films avec Jackie, et ça se voit à l’image.

Pour les acteurs on découvre les débuts de Conan Lee (TIGER ON THE BEAT 1 ET 2), qui par la suite sabordera sa carrière par bêtise et appât du gain (comme nous l’explique Ng See-Yuen qui pourtant voyait apparemment en lui le nouveau Jackie Chan, après que celui-ci ait terminé son contrat de deux films avec la Seasonal), il se bat assez bien mais n’était visiblement pas destiné à devenir un bon acteur… de plus il est écrasé ici à tous les niveaux par Hiroyuki « Henry » Sanada, oui, le Ayato dans SAN KU KAI (vu aussi dans IN THE LINE OF DUTY 1 / LE SENS DU DEVOIR, et… RING, le héros barbu c’est lui), qui prouve avec classe qu’il était un grand combattant (élève de la célèbre école d’arts martiaux de Sonny Chiba) et un acteur dramatique excellent. Il y a aussi Hwang Jang-Lee, fidèle à lui-même, qui apparaît uniquement dans l’excellent combat final. Au niveau des thèmes il s’agit d’une confrontation Chine/Japon, dont les deux meilleurs exemples sont bien sûr HEROES OF THE EAST (SHAOLIN CONTRE NINJA) de Liu Chia-Liang et LEGEND OF A FIGHTER de Yuen Woo-Ping. Ici le film pêche un peu par contre, le scénario n’est pas aussi bien écrit que dans les deux films ci-dessus, et il hésite à trouver sa voie entre la comédie cantonaise et un ton plus sérieux dans les scènes entre Sanada et son épouse par exemple… mais bon on a l’habitude c’est un défaut inhérent à nombre de kung-fu comédies, et ce n’est pas Samo Hung qui me contredira… Par contre le rythme est excellent, on ne s’ennuie pas une seconde.

LES PLUS LES MOINS
♥ D’excellentes trouvailles
♥ Les très bons combats
♥ Bien rythmé
⊗ Le jeu d’acteur de Conan Lee
Donc si vous aimez les films cités ici n’hésitez pas à voir celui-ci, dont on se demande bien pourquoi il n’est pas sorti plus tôt, peut-être une histoire de droits, tiens je vais écouter le commentaire audio de Bey Logan pour en savoir un peu plus…



Titre : Ninja in the Dragon’s Den / 龍之忍者
Année : 1982
Durée : 1h28
Origine : Hong Kong
Genre : Kung Fu Pian / Comédie
Réalisateur : Corey Yuen
Scénario : Ng See-Yuen, Corey Yuen

Acteurs : Conan Lee, Sanada Hiroyuki, Tanaka Hiroshi, Hwang Jang-Lee, Tai Bo, Wu Chia-Hsiang, Kaname Tsushima, Tien Feng, Ma Chin-Ku, Kwan Yung-Moon

 Long zhi ren zhe (1982) on IMDb


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Auteur : Postscriptom

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