[Film] Mard, de Manmohan Desai (1985)


Raju Tangewala a été adopté après l’abandon forcé de ses parents alors persécutés par les troupes britanniques. Il revient après 25 longues années pour défendre la veuve et l’orphelin…


Avis de Laurent :
Quel plaisir de retrouver Manmohan Desai avec hahenshah Bachchan lorsque l’on sait que leur précédente rencontre a donné naissance au fameux Coolie (œuvre aussi décalée qu’excessive). La question que l’on se pose alors est de savoir s’il est possible de réitérer une telle aberration dans le paysage cinématographique mondial. Pas moins de dix minutes suffisent pour se rendre compte que l’imagination créative de Manmohan Desai couplée à la prestance divine d’Amitabh Bachchan n’ont pas pris une ride.

Mard plonge directement le spectateur en pleine euphorie puisque la scène d’ouverture met tout le monde d’accord : Raja Azaad Singh (interprété par Dara Singh que l’on a pu redécouvrir récemment en guest star dans Kal Ho Naa Ho) attaque deux chars d’assauts britanniques à la sulfateuse et à cheval. Dans la foulée il poursuit, toujours à cheval, un avion britannique au décollage et le stoppe au lasso et à mains nues. Blessé lors de cet acte de bravoure, il s’enfuit avec sa femme Durga (Nirupa Roy) et leur nouveau-né Raju ‘Mard’ Tangewala. Soigné par un médecin véreux, Raja Azaad Singh est finalement arrêté par les britanniques (après que son cheval a pris sa défense à l’aide de coups de boule ravageurs) et sa femme (devenue muette sous l’émotion) est placée dans un foyer. Leur fils sera abandonné à la va-vite. 25 longues années passent et c’est alors que Raju Tangewala revient sur le devant de la scène pour punir l’envahisseur britannique et protéger la veuve et l’orphelin. Mard propose une fois de plus son lot de situations aberrantes, de scènes d’actions déviantes, de combats surréalistes, de scènes dramatiques sadiques et une bonne dose d’émotions naïves. Le tout filmé avec le cœur et les tripes par un réalisateur qui n’a décidément peur de rien et qui ose tout pour le plaisir du spectateur. Les scènes s’enchaînent à un rythme soutenu et sans temps mort. Les situations inédites s’affirment de plus en plus jusqu’à cette apothéose : Moti le chien de Raju Tangewala prend les rênes d’un char piloté par un cheval et se lance dans une course poursuite épique … amateurs de sensations fortes, vous ne serez pas déçus

Film décalé et jouissif, Mard n’oublie pas de nous servir un réchauffé de film nationaliste assez grossier où l’envahisseur britannique est caractérisé par une brutalité extrême. L’étranger s’amuse à torturer le bon petit indien, de temps en temps il les exécute à la chaîne ou se distrait à fouetter leurs femmes. Heureusement que Bachchan est là pour sauver l’honneur de la nation. C’est amusant de voir qu’aujourd’hui le discours n’a pas changé, il suffit de remplacer le vilain britannique par le perfide ennemi pakistanais responsable de tous les maux de la planète. Au niveau des passages musicaux, Mard n’arrive pas à sortir de la moyenne des productions de l’époque. Il se contente de remplir le minimum syndical sans génie. Faut dire que Manmohan Desai préfère consacrer son énergie et son imagination pour la monstrueuse scène de gladiateurs où, dans un final explosif, Raju ‘Mard’ Tangewala affronte son père à l’aide de glaives en plastocs.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des scènes d’action folles
♥ Un film qui ose tout
♥ Très rythmé
⊗ Le nationaliste grossier
Sans être aussi définitif que Coolie, Mard est une vraie bouffée d’oxygène pour tous ceux qui s’ennuient devant la monotonie proposée par un cinéma mondialisé et aseptisé. Créatif, outrancier et populaire, Mard mérite bien sa place parmi les classiques des années 80’.



Titre : Mard
Année : 1985
Durée : 2h47
Origine : Inde
Genre : Action
Réalisateur : Manmohan Desai
Scénario : Inder Raj Anand

Acteurs : Amitabh Bachchan, Amrita Singh, Dara Singh, Nirupa Roy, Prem Chopra, Kamal Kapoor, Bob Christo, Satyen Kappu, Manik Irani, Seema Deo

 Mard (1985) on IMDb


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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