[Avis] Tropical Manila, de Lee Sang-Woo

Titre : Tropical Manila
Année : 2008
Durée : 1h29
Origine : Corée du Sud / Philippines
Genre : Drame
Réalisateur : Lee Sang-Woo

Acteurs : Kim Su-Nam, Jerald de Vera, Maries Chanel Rebucas, Woo Ri-Na

Synopsis : Une famille prise dans le cercle de la violence sur le point d’exploser dans une banlieue pauvre de Manille.

Avis de Laurent : Premier film d’un jeune réalisateur coréen qui a fait ses armes aux côtés du très talentueux Kim Ki-Duk, Tropical Manila est une œuvre radicale dont le récit expose une famille en pleine désagrégation qui essaye de survivre dans un bidonville de Manille.

Kim Du-Sik est un Coréen expatrié aux Philippines. Pour échapper à la prison, il a fui son pays après avoir été responsable d’un meurtre. La loi coréenne est formelle, après 15 années sans jugement, il y a prescription. Kim Du-Sik est à quelques jours de cette date tant attendue qui pourra enfin marquer son retour au pays. Date d’autant plus attendue que sa mère est à l’article de la mort et que son unique obsession est de la revoir une dernière fois avant qu’il ne soit trop tard. En attendant, ces 15 années il les a passées misérablement dans un quartier poisseux et pauvre de Manille à vendre du poisson sur le marché, à violenter son fils unique Philip et à maltraiter sexuellement sa femme. Ces quelques lignes plantent déjà un décor déprimant entre violence urbaine et misère sociale. Mais visuellement, Tropical Manila va beaucoup plus loin que le synopsis laisse imaginer. En effet, Lee Sang-Woo distille rageusement une succession de séquences chocs et de plans chirurgicalement stylisés qui font l’effet d’un électrochoc sur le spectateur non-averti. Pour un premier film, Lee Sang-Woo est pour le moins courageux en osant montrer ce que l’acte sexuel a de plus dérangeant, ainsi qu’en prenant une prise de position radicale qui n’épargne ni la Corée du Sud, ni les Philippines.

Formellement, Tropical Manila est une œuvre pour le moins déconcertante. On retrouve tout un tas de thématiques torturées qui rappellent les premiers films de Kim Ki-Duk (personnages à la limite de l’autisme, violence viscérale, maltraitance des femmes, tortures animales) mais on y voit surtout une œuvre de cinéma-vérité. Ce même cinéma-vérité qui est en train de s’imposer actuellement dans le paysage cinématographique des Philippines. Les habitués du génial Brillante Mendoza devraient apprécier le traitement de l’image réaliste de Tropical Manila qui lui apporte une crédibilité nécessaire. En effet, le film est à la limite de la surenchère visuelle. Lee Sang-Woo aime à appuyer et à insister là où ça fait mal. Prostitution, viol, gamins plongés dans les ordures et dans la drogue, exploitation des enfants … Il serait très facile de taxer Lee Sang-Woo d’en faire trop, mais il est important de rappeler que Tropical Manila s’inspire d’un personnage réel que le réalisateur a rencontré sur place et dont le récit l’a fasciné.

Tropical Manila fait mal à rappeler ce que l’espèce humaine a de plus sale et de plus révoltante. Malgré cette overdose de maltraitance, Lee Sang-Woo insiste pour que l’on voie dans son film une ode à l’amour pour les mères de familles. Le film mettra probablement sur la touche un bon nombre de spectateurs, mais il est plutôt sain de réagir violemment sur ce qui touche et révolte l’être humain.

Note : 8/10

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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