[Série] Alien Earth, de Noah Hawley, Dana Gonzales et Ugla Hauksdottir (2025)

En 2120, la Terre est gouvernée par cinq corporations : Prodigy, Weyland-Yutani, Lynch, Dynamic et Threshold. À cette époque, les cyborgs (humains dotés de parties biologiques et artificielles) et les synthétiques (robots humanoïdes dotés d’intelligence artificielle) cohabitent avec les humains. Mais la donne change lorsque le jeune prodige, fondateur et PDG de Prodigy Corporation, dévoile une nouvelle avancée technologique : les hybrides (robots humanoïdes dotés d’une conscience humaine).


Avis de Rick :
Moi qui ne suis pas très branché série, 2025 aura malgré tout fait absolument tout pour me faire plonger. Avec le retour de Dexter, dans Dexter Resurrection déjà, et c’était très bien, étonnement. Puis avec Alien Earth, mais là le constat est différent. Et dans peu de temps avec la nouvelle saison d’Alice in Borderlands. Mais revenons à Alien. Car en réalité, Alien, c’est un peu comme Star Wars ou Indiana Jones à l’époque. C’était donc. Un événement. 7 ans d’attente entre Alien et Aliens le Retour. 8 ans d’attente entre Aliens et Alien 3, et 6 ans entre Alien 3 et Alien Resurrection. Mais voilà, comme maintenant, la 20th Century plus Fox mais Studio appartient à Disney, il faut bien rentabiliser tous ces achats. Et surtout, c’est pour eux l’occasion de continuer d’agrandir leur catalogue Disney +. Et c’est bien là un problème. La production non pas d’œuvres parfaitement définies et conçues, mais la production de contenu pour faire gonfler un catalogue. C’est arrivé à Star Wars, qui n’avait jamais eu autant de contenu en si peu de temps (on ne compte plus le nombre de films et séries en seulement 10 ans, là où à l’époque, en 10 ans, on avait juste trois films). Et à présent, c’est au tour d’Alien. En 2024, Alien Romulus n’a pas mis tout le monde d’accord, et c’est compréhensible, puisque le film, comme Star Wars 7 il y a 10 ans, jouait la sécurité, le fan service. C’était dommage oui, de voir un film juste nous ressortir tout ce que l’on savait déjà. Dommage car Alvarez, s’il a signé un scénario feignant, a soigné sa mise en scène, et son film reste malgré tout potable. Inutile, mais potable. Et maintenant, en 2025, Alien plonge pour la première fois dans l’univers des séries avec Alien Earth, qui nous emmène donc pour la première fois dans cet univers sur Terre, ce que la saga aura tenté de faire à de nombreuses reprises, depuis Alien 3 et ses premiers concepts. Non, Alien VS Predator n’existe pas. Noah Hawley est le créateur, et certaines personnes étaient en confiance de par ce choix.

Mais parlons peu, parlons bien donc. Alien Earth se déroule seulement deux ans avant les événements du premier film Alien, et se déroule sur Terre. Et avec cette base, il y a énormément de potentiel. Surtout que la base de la série ouvre sur un potentiel encore plus grand, en nous décrivant les trois types de technologies existantes, avec les cyborgs (des humains évolués), les synthétiques (que l’on connait bien depuis le temps) et les hybrides, des corps de robots où l’on transfère des consciences humaines. Voir ce concept sur Terre, une planète où les gouvernements sont tombés et où tout est géré par 5 grosses sociétés, dont la Weyland Yutani évidemment, c’est un potentiel énorme. Avec l’Alien au milieu de tout ça, et même de nouvelles créatures conçues pour l’occasion, comme une espèce de tique se nourrissant de sang jusqu’à doubler de taille, une mouche crachant de l’acide, une plante étrange et un œil poulpe remplaçant un œil de son hôte pour prendre le contrôle de son système nerveux. Et on pourrait même dire que malgré des gros défauts évidents, les deux premiers épisodes laissent entrevoir ce potentiel absolument énorme, donnent envie, et se font plutôt divertissants, même si tirant déjà un peu en longueur. Sydney Chandler (fille de Kyle Chandler) joue Wendy, une enfant dont l’âme a été envoyée dans un corps synthétique, avec d’autres enfants. Le parallèle avec Peter Pan, via le principe d’enfants qui ne vieilliront pas, dans des corps d’adultes, le tout sur une île appelée Neverland et contrôlée par la société Prodigy, c’est intéressant, et l’actrice fait d’ailleurs du bon boulot. Tout comme Timothy Olyphant en synthétique à la coiffure rappelant un certain Rutger Hauer dans Blade Runner, officier scientifique. Et puis, la série a eu du budget, énorme apparemment, bien plus qu’Alien Romulus (qui n’avait coûté que 80 millions), plus que la série Shogun (qui aurait coûtée 250 millions), et ça se remarque à l’écran.

Car ce que je ne pourrais quasiment pas lui reprocher, c’est bien sa direction artistique. Les décors, les costumes, les vaisseaux, les effets spéciaux, c’est du très bon boulot, c’est du rétro futurisme comme on aime, bref, c’est parfait. Et avec le crash du vaisseau dès la fin du premier épisode, on se dit que l’on va être aux anges, on pardonne les défauts, incohérences et facilités (oui, envoyer des synthétiques expérimentaux avec des âmes d’enfants sur le site du crash ayant de possibles créatures meurtrières en liberté, bonne idée, et oui, un énorme vaisseau se crashe, et personne ne remarque rien avant l’impact, bravo la sécurité). On pardonne, car tout semble s’aligner. Le casting, la direction artistique, le budget, l’alien qui a de la gueule, les thèmes derrière tout ça… Plus dure sera la chute comme disent certains. Et Alien Earth chute, grandement. Dès l’épisode 3 en fait, qui en quelque sorte vient nous dire que non, ce que l’on avait vu, c’était pour nous appâter, et que maintenant, on quitte la Terre, on quitte la ville, et on va sur une île où les créatures sont en laboratoire. Un laboratoire wish, sans sécurité, sans protocole… Et en réalité, c’est tout le scénario qui fiche le camp. Les incohérences deviennent plus nombreuses, les facilités deviennent monstrueuses, le rythme devient ronflant (pour rester gentil). Et la série au final ne creuse aucune des passionnantes questions qu’il pose, comme persuadée de son génie et de la future validation d’une seconde saison (pitié non). A la place de développement, on a droit à du sur-place, et surtout à une répétition abusive des mêmes éléments. Au bout de 4 épisodes qui nous fatiguent à coup de Peter Pan, de symboliques, et qu’on a encore droit lors de l’épisode 6 à Kavalier, le jeune riche à la tête de Prodigy, lire Peter Pan, on a envie de balancer la TV par la fenêtre, on avait compris, inutile de nous rappeler le lien toutes les 30 minutes depuis l’épisode 1. Les personnages deviennent énervants, en particulier Kavalier d’ailleurs, les personnages prennent des décisions stupides faisant passer les équipages de Prometheus et Covenant pour des génie (oui, c’est dur à imaginer je sais), l’intrigue avance mollement à coups de décisions stupides d’ailleurs, et cette fausse bonne idée d’enfants dans des corps d’adultes devient au final ridicule quand il s’agît de les développer (Slightly et Smee sont atroces).

Le pire du pire ? Pour une série s’appelant Alien Earth, la série se sent obligé de revenir à la formule habituelle, dans l’espace, pour un épisode 5 étant en réalité intégralement… un flashback. Soit il fallait le mettre en guise de premier épisode, soit ne pas le mettre au final tant il n’apporte rien de plus qu’on ne savait déjà vraiment. Un épisode qui vient donc casser le rythme, empêchant l’intrigue d’avancer, et montrant encore des personnages stupides en action (ce fameux docteur qui boit un coup avant une opération). Quand arrive l’épisode 6, on se dit au moins que les choses vont enfin avancer, que la série va nous réserver deux épisodes de carnage pour la fin. C’était mal penser. L’épisode 7 est finalement tout aussi léthargique que les autres, avec en prime un Alien domestique et des attaques en plein jour, ce qui retire toute ambiance, tout danger, tout sens de l’épique même… Quand l’alien est filmé si frontalement, en grand angle, sous une lumière normale, et en milieu dit naturel, ça en prend un coup, surtout quand Wendy vient le caresser et lui parler. Et puis après une poignée de scènes, voilà que l’Alien retourne en arrière-plan, la série préférant clairement ses hybrides et autres androïdes au xénomorphe, ressemblant de toute façon beaucoup trop à un homme en costume, comme l’équipe derrière ses épisodes n’essayait même pas.

Et puis oui, il y a cet épisode finale, où normalement, tous les pions ont été placés, qui doit donc se bouger méchamment, boucler ses arcs narratifs, et… et en fait, ça fait pschit. Au lieu de ça, ça parle beaucoup, ça nous ressort une centième fois le lien avec Peter Pan, ça nous donne des attaques de quelques secondes avant de refaire parler ses personnages alors que le danger rôde encore, et ça prouve encore une fois que les promesses ne sont pas tenues. Sans oublier la musique rock venant conclure chaque épisode et qui semble hors de propos. Ou cette promesse d’Alien sur Terre qui passé les deux premiers épisodes se déroule en fait sur une petite île façon Jurassic Park, et surtout, en laboratoire la majeure partie du temps. Et ses éléments là uniquement pour amener une seconde saison (je ne me ferais pas avoir) Quant à la Weyland Yutani, ils passent la plupart du temps pour des incapables (il faut voir ce moment de négociation entre Weyland et Prodigy dans l’épisode 6, lunaire). Et Kirsh (Timothy Olyphant, très bon), qui semblait intéressant et jouer sur plusieurs tableaux, qui en réalité, réagit comme il le fait juste pour permettre à l’intrigue d’avancer… C’est triste, encore une fois, car le budget est là, la direction artistique est en soit bonne, ça ne commence pas si mal, quelques pistes sont intéressantes sur le papier, et quelques acteurs s’en sortent bien (Sydney Chandler et Babou Ceesay en tête). Mais tout ça pour 8h qui font du sur-place, c’est laborieux, et décevant.

LE MEILLEUR LE PIRE
♥ Au début c’est prometteur
♥ La base est intéressante
♥ Le budget (apparemment énorme)
♥ Certains acteurs vraiment investis
⊗ Un rythme bancal
⊗ Les bonnes idées jamais exploitées
⊗ Certains personnages (Kavalier) catastrophiques
⊗ La Terre, souvent limitée à une île et un labo
⊗ Des éléments qu’on nous rappelle toutes les 20 minutes
⊗ Des incohérences et facilités à la pelle
⊗ La musique rock en fin d’épisodes
note7
Alien Earth en soit avait du potentiel, et ne commence pas trop mal, avec sa direction artistique, son budget rendant le tout crédible, ses promesses initiales intéressantes, avant que tout ne s’effondre et ne s’étire sur 8 épisodes plutôt pénibles à suivre, où chaque décision stupide vient faire soupirer le spectateur. Au final, Alien Romulus lui ne prenait aucun risque, mais au moins, il se regardait.


Titre : Alien Earth
Année : 2025
Durée :
8 épisodes d’une heure
Origine :
Etats Unis
Genre :
Science-Fiction
Réalisation :
Noah Hawley, Dana Gonzales et Ugla Hauksdottir
Scénario :
Noah Hawley, Robert De Laurentiis, Bobak Esfarjani, Lisa Long, Maria Melnik et Migizi Pensoneau
Avec :
Sydney Chandler, Timothy Olyphant, Alex Lawther, Lily Newmark, Samuel Blenkin, Babou Ceesay, Adarsh Gourav, Erana James, Jonathan Ajayi, David Rysdahl et Diem Camille


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Lucio Fulci, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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