[JV] Silent Hill f (2025 – Playstation 5)

Shimizu Hinaki est une jeune lycéenne vivant dans la ville d’Ebisugaoka au Japon durant les années 60, un petit village rural. En opposition avec ses parents et ce que la société actuelle attend d’elle, elle ne peut compter que sur son trio d’amis, Shu, Rinko et Sakuko. Mais un jour, après une dispute familiale, alors qu’elle est avec ses amis, une brume étrange envahit le village et des monstres apparaissent.


Avis de Rick :
Ah, Konami ! Autant quasi tout le monde sera d’accord pour dire que Capcom, même s’ils aiment l’argent, notamment via leurs centaines de DLC inutiles par titre, ne se foutent pas des joueurs, avec des jeux bons, sortant finalisés, non buggés. Autant Konami met aussi tout le monde d’accord, pour les raisons opposés. Que ce soit avec Castlevania qu’ils ont doucement tué avec les deux Lord of Shadows, Metal Gear Solid qui a eu une fin compliquée avec l’éviction de son créateur, et Silent Hill qui n’avait pas eu d’opus original depuis 2013, oui, les joueurs ont du mal avec Konami. Et c’est normal. Regardons le palmares de Konami depuis 10 ans. Un nouveau Contra absolument détesté par tout le monde, un jeu de survie avec des zombies dans l’univers de Metal Gear Solid que tout le monde a détesté et limite oublié depuis, et pour Silent Hill, il n’y avait rien depuis le spin off Book of Shadows sur PS Vita. Jusqu’à cette transmission de la part de Konami qui annonçait alors le retour de la licence, avec des projets à la pelle. Un jeu gratuit balancé le jour même sur Playstation 5 (The Short Message, pas mauvais, mais frustrant et bancal), un jeu « social » qui a fait polémique depuis (Silent Hill Ascension), un nouveau film qui doit débarquer en 2026 et qui voit le retour de Christophe Gans derrière la caméra, sans oublier évidemment le remake de Silent Hill 2, qui a effrayé la communauté entière avant de mettre quasi tout le monde d’accord lors de sa sortie… Et Silent Hill f, qui semblait vouloir faire avancer la formule, et faire des choix osés, en plaçant son intrigue hors de la ville Américaine, pour revenir au Japon, dans les années 60. Certains fans se sont offusqués de ce choix. Alors qu’en réalité, c’est loin d’être le plus gros souci du jeu. En réalité non, ce n’est même pas un de ses soucis. Car la saga Silent Hill, en réalité, c’est quelque chose de compliqué, car chaque fan en a sa propre vision.

Si on sera tous d’accord pour dire que oui, la qualité est descendue depuis que ce n’était plus la Team Silent qui développait, donc passé le quatrième opus, personne n’arrive à se mettre d’accord. Pour certains, Silent Hill doit juste punir des personnages, ce qui donne des Silent Hill 2, ou Silent Hill Downpour. Pour d’autres, Silent Hill, c’est l’histoire du culte, comme dans le premier jeu, dans le troisième faisant office de suite directe, ou dans l’un des moins bon jeu de la licence avec Silent Hill Homecoming. Pour certains, un jeu Silent Hill doit impérativement se dérouler dans la ville du titre, oubliant au passage que Silent Hill 4 The Room ne s’y déroulait pas, ni Silent Hill Homecoming d’ailleurs. Au final, même si la qualité est variable au fur et à mesure des épisodes, on peut dire qu’au moins, la saga est variée, bien que bancale. Car si Silent Hill 2 est un chef d’œuvre, rejouer à chaque fois un personnage devant être punis, ce serait un brin répétitif. Bref, Silent Hill f. Comme pour le remake de Silent Hill 2 d’ailleurs, peu importe ce que vous pensez du résultat final, Konami n’a quasiment rien à voir avec ça. Oui, le jeu est développé par le studio Taïwanais NeoBards, le tout est écrit par le génial Ryukishi07 (Higurashi no Naku Koro Ni), et oui, Yamaoka Akira revient pour faire une partie de la bande son, comme pour Silent Hill 2 Remake et The Short Message, mais cela fait bien longtemps qu’il ne travaille plus vraiment pour Konami, mais qu’on l’embauche. Konami édite le jeu, le produit, et voilà. Silent Hill f donc nous plonge au Japon, première dans la saga. Dans les années 60 en plus, et nous fait jouer une jeune femme, seconde fois dans la saga après Silent Hill 3. Et qui dit Japon et années 60, et lycéenne, dit forcément pas d’armes à feu. Nous ne sommes pas dans une grande ville, mais dans un petit village rural nommé Ebisugaoka. Un village fictif, mais inspiré par un vrai petit coin de Japon nommé Kanayama. Oui, avec tout ça, si le connaisseur ne voit pas la ressemblance assez frappante avec Higurashi, je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus. Bref, une petite ville, de la brume, des monstres dérangeants, un monde alternatif, des dilemmes moraux pour le personnage principal, des combats bien lourds, pas de doute, dans le fond, nous sommes dans un jeu Silent Hill.

Pour le meilleur, et pour le pire. Pour le meilleur car Silent Hill f est un bon jeu, et même par moment un très bon jeu. Pour le pire car plus le jeu avance, plus il semble vouloir mettre en avant un élément qui n’a jamais été le point fort de la saga, à savoir les combats. Mais revenons au commencement. Dès que l’on se retrouve manette en mains (ou clavier en main, ou steam deck en main), et que l’on prend le contrôle de la jeune Hinako pour descendre la montagne, allant de chez ses parents jusqu’au centre du village où l’attendent ses amis, nous sommes happés. Silent Hill f, sans pour autant nous décrocher la machoire, est beau, notamment car sa direction artistique est magnifique. Alors oui, il faut le signaler, autant sur PS5 normale, je n’ai eu aucun ralentissement, autant sur PS5 Pro, apparemment, le jeu a de nombreux soucis d’optimisations, et ayant pu toucher pendant une heure ou deux à la version PC, j’aurais eu quelques ralentissements, et serait vite parti dans les menus pour baisser la qualité graphique pour faire tourner la bête sans trop de souci. Moralité, la version Playstation 5, de base, est la meilleure version, du moins au moment de l’écriture de ses lignes, un peu plus d’une semaine après la sortie du jeu. Graphiquement donc, si ça tourne bien pour vous, vous pourrez profiter d’une belle direction artistique, d’une brume bien faite, d’un dépaysement total avec ce petit village Japonais, et en prendre pleine la gueule face au nombreux moments sanglants et gore du jeu. Avant même que l’horreur ne débarque, le joueur peut se rendre compte en tout cas de certains bons points. Ses visuels oui, mais aussi sa musique, souvent atmosphérique, et très réussie, composée par Yamaoka, mais aussi Inage Kensuke. Mais on se rend aussi compte que oui, en terme de gameplay, du moins au début, on est dans du pur Silent Hill, Hinako étant loin d’être super agile.

Quand l’horreur débarque enfin, et ce très rapidement, on se rend alors compte que là aussi, nous sommes en terrain connu, entre la fuite de certains monstres comme lorsque l’on fuyait certains éléments dans Silent Hill Downpour, les combats à l’arme blanche, notamment avec un tuyau en métal, les armes qui se détruisent, comme dans Silent Hill Origins (et Downpour, encore). Silent Hill f semble prendre un peu de tout ce qui a été fait par le passé pour constituer son gameplay. Et la majeure partie du temps, ça fonctionne. Hinako est assez fragile, s’épuise vite (on y reviendra) et donc parfois, la fuite sera la meilleure option. On explore les rues et quelques environnements intérieurs, comme l’école, en suivant un chemin totalement linéaire, mais assez bien fichu pour que ce ne soit pas vraiment grave (surtout que bon, faire plus ouvert avec un si petit village, quel intérêt ?), et surtout, les énigmes sont de retour. Là où par le passé, les énigmes étaient moins présentes, ici, nous aurons plusieurs énigmes, assez grosses, certaines bien fichues et logiques, d’autres bien plus cryptiques (oui, j’aurais été chercher de l’aide pour une des énigmes, chut). D’ailleurs, au lancement du jeu, nous pouvons choisir, comme à la grande époque, la difficulté à la fois des combats et des énigmes. A noter que les combats sont paramétrés de base en facile, et les énigmes en difficile. D’autres niveaux de difficultés se débloquent une fois le jeu terminé, pour les plus grands masochistes d’entre vous. Bref, que du tout bon ? Pour le moment, oui, surtout que l’intrigue du jeu se fait prenante, prenant à la fois des éléments clés qui font (pour une partie des fans) le cœur de Silent Hill, et en mixant tout ça avec les thèmes habituels de son auteur. Evidemment du coup, Silent Hill f est donc extrêmement différent des précédents opus, et pas seulement pour son changement de lieux.

L’histoire en tout cas, ses thèmes, la façon dont tout cela nous est raconté, ça fonctionne très bien, même si on pourra regretter que la formule narrative reste la même à chaque lieu, et donc manque de surprise dans son déroulement (mais pas dans ce qu’il s’y passe, juste dans l’ordre des événements). Nouveau lieux, exploration, énigmes, combats, Hinako s’évanouit, autre monde, exploration, énigmes, boss, retour dans le monde réel. Alors du coup, je me range du côté de la presse, qui a adoré ce Silent Hill f ? Alors oui, j’ai beaucoup aimé, dans le fond… mais Silent Hill f a malgré tout des éléments beaucoup moins réussis, et je ne parle pas seulement de son optimisation sur certains supports. Certains choix, faits par l’équipe de développement, interrogent par exemple, notamment en ce qui concerne les combats. Que les armes se cassent, d’accord, qu’Hinako soit assez faible, logique et pas nouveau, que l’on puisse esquiver, bon pourquoi pas, il faut bien se défendre un minimum face aux horreurs qui envahissent la ville, surtout que le bestiaire est coriace et très réussi (mais vite limité, malheureusement). Seulement le système de combat du jeu n’évolue pas du tout, ou quasiment pas en tout cas, du début à la fin du jeu, si bien qu’une certaine lassitude s’installe. Lassitude qui augmente face à cette barre d’endurance qui se vide bien trop rapidement vu la résistance de certains monstres., et devient de la frustration lorsque l’on affronte de gros monstres, que notre arme casse, et que l’on n’a plus d’endurance pour esquiver un gros combo qui arrive directement vers nous. Alors encore une fois, les combats n’ont jamais été la grande qualité de la saga, mais le jeu fait alors un choix étrange dans sa dernière ligne droite, comme s’il avait été chercher son inspiration du côté du (très bon) Resident Evil 7.

A savoir des déambulations, et surtout des vagues d’ennemis qu’il faudra absolument terrasser pour pouvoir avancer et déblayer la route menant à notre objectif. Dans un jeu avec si peu d’endurance et surtout des armes qui se cassent, et doit surtout faire peur (même si thématiquement, Hinako voulant prendre son destin en main, on peut le comprendre), c’est là un choix ultra étrange. Autre défaut, l’autre monde. Les créateurs ont voulu innover, et donc pas seulement faire notre monde en version métal rouillé comme dans les précédents, ou un lieu rouillé où il faut fuir comme dans Downpour. L’inspiration est bien plus Japonaise (et visuellement très réussie). Mais, car il y a comme toujours un mais… Les premières phases dans cet autre monde, avec ce monstre à fuir, peine à vraiment captiver. Les fois suivantes, le jeu captive alors enfin, avec une vraie arme pour nous défendre, une énigme, un boss même (et les boss du jeu sont plutôt bons, bien que certains trop longs), se permettant même un passage assez hardcore et gore qui ose aller vers les membres tranchés et autres joyeusetés du genre. Avant que le soufflé ne retombe par la suite en partant dans des choix de design et de gameplay qui changeraient presque l’aventure en beat’em up. Ça semble difficile à croire, mais c’est le cas. Ce qui est dommage avec tout ça, cette abondance de combats sur la fin et cet autre monde bancal, c’est que l’histoire, comme souvent avec l’auteur, nécessite plusieurs runs pour se dévoiler, que l’on comprenne tous les petits détails. Mais après avoir terminé mon premier run en 10 heures environ, je n’ai pas spécialement envie d’y retourner dans l’immédiat pour découvrir tous les secrets qu’Ebisugaoka a de côté pour moi. Pas un mauvais jeu donc, et même parfois un très bon survival horror, mais aussi un jeu parfois bancal, où le gameplay lourd et trop axé action est à l’opposé de l’intrigue viscérale et dérangeante. Un mauvais Silent Hill ? Là encore, la raison est épineuse pour les raisons abordées. Et je n’irais pas jusque-là. Mais au final, le gameplay me faisait peur après quelques vidéos vues, et c’est bien là que réside ma déception.


GRAPHISMES
Le jeu bénéficie d’une très belle direction artistique, et en soit, le jeu n’est d’ailleurs pas moche, malgré quelques couacs. Sur PC et PS5 Pro par contre, on a quelques soucis de performances. Et pas sur PS5 normale…
JOUABILITÉ
La grosse déception. Exploration, combats et énigmes. Si l’exploration est assez dirigiste mais sympathique, et que les énigmes sont pour la plupart sympas (une bien hard pour moi), les combats par contre sont trop nombreux et envahissants, surtout à la fin.
DURÉE DE VIE
Mon premier run m’aura demandé 10h. Un second débloque de nouvelles fins et éléments d’intrigue, mais il faut vouloir se relancer immédiatement dedans.
BANDE SON
Discrète, ambiancée, réussie, bien que finalement peu marquante dans ses thèmes.
CONCLUSION
Silent Hill f est un nouvel opus qui ose faire des choix et s’éloigner de tout ce que l’on connaissait. Sur certains aspects, c’est réussi, entre sa direction artistique, son ambiance, ses designs, son intrigue intéressante et cryptique. Mais sur la fin, les combats sont trop présents (et ce n’est pas le meilleur de la saga), et la nouvelle vision de l’autre monde est parfois étrange avec des choix de gameplay pas toujours réussi. Une bonne expérience, bien que bancale donc.

note8



Titre : Silent Hill f
Sortie : 25 Septembre 2025
Studio :
NeoBards Entertainment
Éditeur :
Konami Digital Entertainment
Joué et testé sur :
Playstation 5 et Steam Deck
Existe sur :
Playstation 5, PC, Xbox Series
Support :
un disque


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Lucio Fulci, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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